L’ANTIFASCISME RADICAL EN RUSSIE

Après plus de 70 ans de communisme soviétique, la Russie a retrouvé son goût puant pour le nationalisme.
Avec un Poutine qui ira « buter les terroristes (Tchétchènes) jusque dans les chiottes »(la Pravda), le mythe de la Grande Russie Blanche empeste le territoire.

Dans une Fédération de Russie comptant plus de 100 nationalités (du Caucase à la Tchoukotka en passant par le Tatarstan et la Bouriatie) les théories nationalistes les plus fascisantes ont envahi les institutions, les stades de football et la jeunesse.

Un appauvrissement généralisé de la population, la disparition des droits sociaux, la privatisation sauvage de lieux de travail ont cristallisé les peuples les uns contre les autres.

FOOTBALL, MUSIQUE ET POLITIQUE.

Dans ces quelques lignes, il ne s’agira pas de décrypter la montée du fascisme en ex-URSS, mais simplement de donner un petit aperçu de ce qu’est l’antifascisme radical russe.
Pour mieux comprendre la culture antifasciste et son activité en Russie, il faut l’articuler autour de 3 axes plus ou moins liés les uns aux autres.

Tout d’abord le football. Les stades sont les premiers lieux d’actions des antifascistes. Se retrouvant autour du RASH (Red and Anarchist SkinHead), le SHARP (SkinHead Against Racial Prejudice) ou le simple hooligan antifa, ils et elles ont fait du stade un lieux de lutte. Nombreuses sont les descentes (Russie, Ukraine, Biélorussie…) des groupes antifas pour le contrôle idéologique et physique des stades.
A l’heure actuelle, la grande majorité des clubs de foot sont tenus par les hooligans fascistes et néo-nazis. Regagner cet espace public qu’est le stade (tout comme la rue d’ailleurs) est pour tous les hooligans antifas, un leitmotiv.

Le deuxième lieu où s’exprime l’antifascisme est la musique. Allant du grind au hip-hop en passant par le punk et le crust, elle est l’élément fédératrice et constituant de la culture antifasciste. Celle-ci permettant aux individuEs et groupes de se rencontrer (constitution de réseau), les concerts sont également les premiers lieux de propagande politique (tracts, brochures, infos des actions à venir…)

Le troisième et dernier axe se constitue autour de groupes plus politisés, entre autres révolutionnaires. On y retrouve le RASH, mais aussi des groupes communistes libertaires (courant de la pensée anarchiste) tel que Action Autonome, mais encore et surtout des individuEs auto-organiséEs.
Ce sont-elles et eux qui assurent la propagande sur l’ensemble du territoire, organisent des actions sur l’espace public et tentent de coordonner les luttes entre elles (que ce soit au niveau local, national ou international).
La plupart de ces groupes sont nés au milieu des années 90. L’antifascisme radical quand à lui a pris son essor après les années 2000.
Face à une recrudescence des ratonnades et autres crimes racistes menés par les néo-nazis et l’inefficacité voir la collaboration (1) de l’Etat, une jeunesse choquée et révoltée a décidé de s’organiser et de lutter radicalement contre cette « terreur blanche ».

Attacks fascists, FIGHT BACK!

Les populations visées par les attaques fascistes sont les musulmans (principalement issus des ex-républiques d’Asie centrale, du Caucase…), les étudiantEs etrangerEs, et depuis quelques années les russes apparentés au mouvement antifasciste (patchs, piercings coiffure, activité politique…).
Pour ces derniers, ce sont principalement les forums nazis sur internet qui mettent en ligne photos, adresses, vie privée des activistes antifas et ainsi planifient leur mort.
On peut compter plus de 450 assassinats racistes menés par les groupes nazis et fascistes ces deux dernières années. Allant de l’enlèvement à l’exécution filmée, en passant par les bastons de rues, les guet-apens, les attaques dans le métro ou aux alentours des concerts antifas, leurs activités meurtrières sont des plus diversifiées et efficaces.

En quelques années, le rapport de force antifa/fa a une tendance à se renverser. Il n’est pas rare que des nazis (Boneheads) changent de trottoirs à la vue d’antifascistes, chose totalement inconcevable il y a de ça 7 ou 8 ans.
Pour cela les antifascistes radicaux ont décidé de s’organiser et de s’équiper afin de maintenir et développer leur force. Ils et elles ont décidé de regagner la rue et pour cela de s’armer pour la tenir et la protéger (gaz lacrymo, armes blanches, pistolet a plomb, entraînement au combat de rue…)

Mais s’engager en Russie dans l’antifascisme et/ou l’anticapitalisme radical augmente sérieusement le risque d’être derrière les barreaux (lourde répression étatique) ou entre 4 planches.
La police russe étant d’ailleurs l’une des principale force active du fascisme en Russie. Nombre de flics revenant de la guerre en Tchétchénie ont fait de la purification ethnique un « way of life ».
Agissant en uniforme (contrôle systématique et passage à tabac des populations non-blanches), ou en civil comme en a fait les frais un antifa de Saint-Pétersbourg, qui après avoir été agressé par deux nazis et ayant fait l’objet d’une légitime défense à l’aide d’un couteau, s’est retrouvé incarcéré puisque l’un des deux nazis était officier de police.
Pour ce qui est des néo-nazis non-flics, Féodor a connu le prix de son engagement au sein du mouvement SHARP de Moscou. A la mi-octobre alors qu’il s’en allait de chez lui au petit matin, 4 néo-nazis l’attendaient sur le pas de sa porte pour lui ôter la vie à l’aide de canifs plutôt bien aiguisés.
Une exception? Quelques jours après, ce fut au tour d’Olga, une jeune sibérienne de 16 ans qui fut battue à mort dans une rue à Irkutsk.

Pour les militants les plus actifs, le plus gros problème du mouvement (si ce n’est le nombre) est sa politisation. La plupart des antifas évoluant dans le hooliganisme, leur approche du problème du racisme et de la montée du nationalisme ne va pas vraiment plus loin que la baston… le mouvement se retrouve donc très souvent en contradiction. La gay pride de Moscou et la répression qu’en a subit la communauté homosexuelle par les groupes nazis, ont posé les premières contradictions de ce tout jeune mouvement. Car en effet, bon nombre d’hooligans antifas sont bien connu pour leur homophobie latente et leur sexisme primaire, et de ce fait ne souhaite pas intervenir lors de ratonnades nazis contre la communauté homo, transexuelle et queer…

La Prison comme école.

Une chose importante à savoir pour comprendre ce tel déchaînement de violence dans la société russe, est la prison.
En Russie, environ un homme sur trois passe par cette case. La prison et sa violence (par le fait même de son existence) a donné à toute une partie de la société et notamment à la jeunesse une approche différente de la vie.
L’Etat donne a beaucoup de jeunes une immense chance de goûter aux joies de l’enfermement, conditionnant de ce fait tout une partie de la population à la violence.
La vodka n’étant qu’un paramètre supplémentaire à sa propagation.

« Plutôt mourir debout que rester à genoux »… une phrase qui en Russie est taguée, chantée, crue et surtout vécue.

SOLIDARITE AVEC TOUS LES ANTIFASCISTES RUSSES!

LIBERTE POUR TOUS LES PRISONNIERS!

A Timour, Féodor, Olga, Alex…et tous les autres!

NO PASARAN!

L’ U.E.A.A (L’Union des EtudiantEs Anarcho-Autonomes)

(1) La plupart des crimes racistes étant traités par la justice comme simple bagarre ou fait divers,
rares sont les poursuites judiciaires des meurtriers néo-nazis.

Tournée des antifascistes russe en France: Tout le programme sur http://solidarite.samizdat.net/
Infos russe/anglais: www.avtonom.org
www.ru.indymedia.org

Musique: Brigadir (groupe RASH st Petersbourg)
http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.vi…05385
Bystreet (groupe OI Moscou)http://www.myspace.com/bystreet
Politzek (Anarcho chanson Moscou)
http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.vi…17659