« Cellule invisible »

connerie visible

Libérez les prisonniers d’opinion de la prétendue “Cellule invisible“! De l’incendie du Reichstag à l’épicerie de Tarnac, en passant par les Irlandais de Vincennes…

2008 n’est pas 1938, Sarkozy n’est pas Hitler, les gendarmes français ne sont pas les SA, ni les SS, l’UMP ne défile pas au pas de l’oie, Copé ne met pas de chemise brune…etc.

Mais les manipulations du pouvoir sont aussi tordues que celles de l’époque.

Et il n’y a même pas besoin d’interdire les partis (ils se ridiculisent tout seuls, de Hollande à Besancenot), les syndicats (ils font le minimum…syndical: trois journées de grève, bien séparées cette semaine), de fermer les journaux, au contraire, la propagande est gratuite (ils colportent la parole du Chef), ni d’ouvrir, sauf pour les étrangers, (pour les Français, ça viendra) de camps.

Depuis le début de cette ridicule affaire de caténaires, nous avons dit que c’était cousu de fil blanc.

On assiste à une vaste manipulation de l’opinion publique, avec la complaisante contribution volontaire de la plupart des grands médias.

Le plus fort, c’est que les articles qui paraissent, sans signature, émanant des agences de presse qui formatent l’opinion de tous et toutes, (totalitarisme “démocratique”) et qui relatent “les faits”, contiennent presque chaque fois quelques discrets éléments d’auto-destruction des affirmations véhiculées.

Il en va de même pour les déclarations des autorités policières et/ ou judiciaires, preuve, s’il en est besoin, du mépris dans lequel ILS tiennent les “citoyens”.

Il faut croire que la camarilla qui nous “gouverne” (2 à 300 personnes à Paris, selon le président de la région Alsace, Adrien Zeller lui-même, qui l’a dit, entre quatre oreilles, à la salle blanche de la librairie Kléber à Strasbourg) compte sur le recul effarant du jugement critique, supposé formé par l’école, puis soumis au bombardement idéologique à la grosse Bertha bolloro-bouyguo-lagardérienne.

Cependant, quelques esprits, les résistants, n’ayant pas renoncé à exercer leur jugement (merci, Descartes, Kant, Hannah Arendt…) et disposant encore de la possibilité de le diffuser sur le ouèbe, (mais bientôt, on y mettra fin), en attendant, les gardiens du capital se contentent d’une sur”veille de l’opinion”: salut “camarade” DGRI ex RG, syndiqué ou pas…), quelques esprits, donc ayant quasi miraculeusement échappé au formatage, pensent encore.

Quel romancier gouvernemental, quel Ponson du Sérail a inventé la “Cellule invisible” -appellation d’origine policière contrôlée- (avec un C majuscule, s’il vous plaît!?

Chaque jour, ou presque, de nouveaux épisodes s’offrent à notre émerveillement candide. Encore!

Chaque semaine, des détails plus pittoresques s’inventent.

La possession d’un horaire de chemin de fer (bientôt dénationalisé) est une preuve de complot terroriste mondialisé.

Porter une lampe frontale (gaffe, les spéléos ou les cyclistes) vaut carte d’adhésion à Al Qaida international. Même être bi-national franco-belge est aussi louche qu’être bi ou trans! Signe d’appartenance à une Internationale souterraine.

Creuse vielle taupe! La DGRI surveille tes tunnels, avec l’aide du Mossad, et du F Bi aie! et, au besoin, elle les fabrique.

La “Cellule invisible” (sauf avec des lunettes médiatico-policières) a même son Feltrinelli.

Il s’appelle Eric Hazan, excellent éditeur – La fabrique – entre autres, de “L’insurrection qui vient” (en vente libre dans toutes les bonnes librairies). Robert Grossman l’avit même invité l’an dernier sous le chapiteau de la Bibliothèque idéale. (A surveiller, ce Grossmann…).

“Tous les moyens sont bons pour construire l’ennemi intérieur. Construire l’ennemi intérieur, c’est très important pour un pouvoir qui tient en partie la route par l’inflation policière. Il faut justifier l’empilement de lois antiterroristes, qui n’ont plus rien à voir avec le droit. L’ensemble des forces antiterroristes, aujourd’hui, est énorme, avec un outillage technique extrêmement élaboré. Il faut justifier cet appareillage légal et militaire.

L’antiterrorisme n’a rien à voir avec le terrorisme. C’est un mode de gouvernement. On voit les séquelles du plan Vigipirate de Giscard (instauré en 1978, ndlr) qui continue d’être en œuvre aujourd’hui. Quand on voit dans les gares et les aéroports, les soldats en treillis et en armes, ce n’est évidemment pas destiné à dissuader d’éventuels suppôts de Ben Laden. C’est pour que la présence de gens en armes dans les gares et les aéroports nous paraisse, à nous autres, les braves gens, normale. Parce qu’un jour, ça aura son utilité.

Dans l’affaire qui défraie les journaux en ce moment, comme dans celles qui ont valu les arrestations de jeunes gens fin 2007 et début 2008, où on a trouvé des fumigènes et d’autres substances, la police a construit de toutes pièces le mouvement anarcho-autonome. Il n’existe pas. C’est une pure construction des renseignements généraux, reprise par la presse avec une docilité digne d’éloges. Avec si peu de fondement qu’en ce qui concerne les jeunes arrêtés début 2008, ils ont été obligés de les relâcher. Ça ne tenait pas la route mais ça préparait le terrain pour ce que nous vivons en ce moment.”

On notera aussi que ce danger intérieur tout neuf présente bien des similitudes avec le danger extérieur, cet islamisme terroriste dont on nous rabat les oreilles depuis des années et qui fonde la politique extérieure de Nicolas Sarkozy :

L’idée que le danger menace de s’étendre, prosélytisme et propagande aidant. Dans le cas des « anarcho-autonomes », la ferme de Tarnac devient ainsi, dans la bouche du procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, « le lieu de rassemblement, d’endoctrinement, une base arrière pour les actions violentes ».
La conviction que les preuves ne sont pas indispensables et qu’on peut se jouer des règles habituelles de la justice et de la police en raison de l’urgence du danger. Dans le cas des « anarcho-autonomes », on évoque des « éléments de preuve pas encore solidifiés » pour cacher le fait qu’on n’a aucun élément tangible à leur reprocher. Ce que rappelle Le Monde : « Aucune arme n’a été trouvée lors des perquisitions. Aucune trace ADN n’a pu être exploitée, ni aucune écoute. Il n’y a aucun témoin direct des dégradations commises contre les voies ferroviaires. L’enquête repose sur le compte rendu de la filature policière dont ont fait l’objet Julien Coupat et sa compagne, Yldune L. Le couple a été épié, à distance, dans la nuit du 7 au 8 novembre, à Dhuisy (Seine-et-Marne), tout près du lieu où un crochet en fer de forge, arrimé sur un câble, a endommagé une caténaire. » Rien de plus.
Le recours à l’image de l’hydre international, pieuvre du terrorisme comptant des relais un peu partout dans le monde. Des attaches à l’étranger qui deviennent des éléments de très forte suspicion pour le procureur Jean-Claude Marin, baratineur de première : « S’il n’a pas été démontré par l’enquête une organisation internationale autour de ces concepts de cellule invisible, il apparaît à l’évidence des liens avec des cellules équivalentes agissant en Allemagne (…), en Grèce, en Italie. »
La dématérialisation du danger, d’autant plus inquiétant qu’il est clandestin. Qu’il s’agisse des pseudo-cellules dormantes des affidés de Ben Laden ou de la « cellule invisible » de Tarnac, le pouvoir fait son miel de leur caractère fantômatique, sur lequel il peut coller à l’envie ses peurs et ses fantasmes. Ainsi du procureur Jean-Claude Marin (il n’en rate pas une…) évoquant avec gourmandise, en conférence de presse, « cette cellule invisible qui avait pour objet la lutte armée ».