Simulation d’une attaque terroriste dans le métro
Hier soir, à la station Le Blosne, un scénario digne d’un film catastrophe a servi d’exercice aux services de secours. Prévenir le pire au nom de l’efficacité.
20 h 08, un passager de la station Le Blosne voit, de l’autre côté des voies, plusieurs personnes tomber comme des mouches sur le quai. Il utilise l’interphone du métro. L’alerte est lancée. L’exercice peut commencer.

Dès qu’elle est prévenue, la Préfecture commence à organiser son PC de crise. Sur le terrain, les premiers secours arrivent à 20 h 25. Du camion rouge sortent des sapeurs-pompiers en combinaison blanche et masque dignes de E.T. Ce sont les tenues NRBC pour nucléaire, radiologique, bactériologique, chimique. Ils se précipitent pour remonter à l’aire libre les victimes jouées par des figurants ou symbolisés par des mannequins. Les riverains, intrigués, approchent et peuvent entendre les sapeurs-pompiers parler à travers leur masque : « Vous avez mal aux yeux. »

20 h 30, le périmètre de sécurité est installé et les neuf victimes sont prises en charge sur le parvis de la station. Peu à peu les différents services se mêlent : pompiers, policiers nationaux et municipaux, Samu, bientôt des enquêteurs, la directrice de cabinet du préfet… Et de nombreux observateurs chargés de repérer tout ce qui leur apparaît comme des dysfonctionnements. Même un témoin est interpellé par la police et menotté. Tout semble crédible sauf les « faux » journalistes se jetant comme des imbéciles sur les pompiers en combinaison blanche en criant « Liberté de la presse ».

Les voisins continuent à passer. « Un exercice ? Ça fait peur quand même de voir tout ça. » Ou ce jeune qui demande « Mais pourquoi ils font ça au Blosne ? »

Ce qu’on ne voit pas sur place, c’est le Centre opérationnel de la préfecture qui a rassemblé tous les responsables et déclenche successivement le plan rouge pour les secours, le plan Piratox dès qu’on parle de gaz (du sarin comme au Japon dans le scénario) puis le plan blanc pour les hôpitaux. Sans oublier un numéro vert pour informer la population.

21 h 20, cette fois c’est le matériel de décontamination qui arrive de Bruz. Les victimes vont pouvoir être douchés. Mais à 21 h 30, nouveau problème, les portables ne fonctionnent plus. Eh oui, en cas de catastrophe, les réseaux sont rapidement saturés.

À 22 h 30, les choses commencent à se calmer. Les blessés vont arriver dans le poste de secours installé dans le pôle social du Blosne. Fabien Sudry, préfet délégué à la sécurité et Daniel Delaveau, le maire, préviennent qu’il faudra quelques jours pour tirer toutes les leçons de l’exercice.

Gilles KERDREUX.
Ouest-France

Alors qu’à Tchernobyl, la catastrophe fut niée, les différents pouvoirs orchestrent aujourd’hui sa prise en main. Au cœur d’un monde restructuré par la peur, du réacteur à la cour d’école, du travailleur aux populations, la simulation nous dit que l’accident aura bien lieu. Même lorsque la mise en scène semble ratée, elle atteint ses buts : la soumission des corps, l’habituation des esprits à un monde géré militairement, des individus acteurs de leur propre servitude.

CECI EST UNE SIMULATION
vidéo- 30mn du Groupe LOuise BEcquerel
http://myspacetv.com/index.cfm?fuseaction=vids.individu…14108
(sur le mispèce de nonukatall:www.myspace.com/119708147)

et en pièce jointe pdf la deuxième livraison du Bulletin antinucléaire, édité par La CCSN.

un dossier sur la gestion de crise avant, pendant et après « l’accident majeur », l’habituation des populations à la catastrophe : la pseudo réhabilitation des villages contaminées par Tchernobyl ; la gestion militaire de la Nouvelle Orléans ; les simulations d’accidents autour des centrales nucléaires en France ; la médecine de catastrophe ; la traduction d’un texte de Mike Davis sur la gestion des quartiers pauvres au niveau mondial…
des lectures, des films, des comptes rendus d’activités antinucléaires.