Sur l’invitation de l’association TAYAD, une délégation italienne officielle composée de conseillers régionaux et provincaux florentins s’est rendue à Istanbul la semaine dernière à l’occasion du 3e anniversaire des grèves de la faim observées par les prisonniers politiques qui protestent contre le régime d’isolement en vigueur dans les prisons de haute sécurité « de type F ».

Sur place, ils entendaient rencontrer les protagonistes du jeûne, leurs familles et leurs avocats afin de « rapporter leur témoignage à l’opinion publique italienne » en vue de « briser le silence meurtrier » qui pèse sur le sort des prisonniers politiques de Turquie.

Parmi les membres de la délégation, il y avait Giovanni Barbagli qui est conseiller régional de Toscane pour le parti de la refondation communiste (PRC), Sandro Targetti, conseiller provincial PRC et en même temps vice-président de la commission pour la paix au parlement provincial ainsi que de Renato Romei, du parti des Démocrates de gauche (DS).

A la délégation officielle se sont joints deux médecins, Mme Paola Cecchi mandatée par la Women International League for Peace and Freedom ainsi que Mme Antonella Sapio, professeur à l’université de Florence.

Dimanche 19 octobre, la délégation a pu rencontrer Me Behiç Asçi du Bureau du droit du peuple (HHB), connu en tant qu’avocat d’un grand nombre de grévistes de la faim. Me Asçi a fait part de la situation dramatique des prisonniers soumis au supplice de l’isolement ainsi que des harcèlements et des campagnes de calomnies menées par les médias et la police à l’encontre des avocats qui défendent les détenus politiques.

La délégation a ensuite été reçue par l’association pour les droits et les libertés fondamentaux (THODER). La rencontre a été pour le peu « impressionnante » étant donné que la plupart de leurs hôtes étaient « recouverts de blessures » parce qu’ils venaient d’être « agressés par la police à coups de pieds, de matraques et de sprays au poivre » alors qu’ils manifestaient « contre l’occupation de l’Irak ».

La délégation italienne a ensuite visité les locaux de l’hebdomadaire de gauche « Ekmek ve Adalet » (pain et justice) maintes fois mis à sac par la police et régulièrement frappé par la censure. Nombre de ces rédacteurs ont été torturés et incarcérés dans les prisons de type F. Le site internet de ce journal a récemment été coupé sur décision d’une cour pénale à Ankara, pour avoir « insulté l’armée » et ce, en vertu de l’article 155 du code de procédure pénale (alors que cet article n’a aucune compétence préventive sur l’usage et les publications par internet.)

En début de soirée, la délégation italienne a rencontré les familles de l’association TAYAD qui s’apprétaient à partir pour Ankara où d’autres familles de TAYAD en grève de la faim depuis plus d’un mois les attendaient en vue de manifester aux portes du ministère de la justice. Au cours de cette visite à TAYAD, la délégation a eu entretien avec le président de l’association, M. Tekin Tangün, lui-même ex-prisonnier politique.

Le lendemain, la délégation a rencontré Mme ?mit Efe, présidente de la commission des prisons au sein de l’association turque des droits de l’homme (IHD). Là encore, les membres de la délégation ont pu recueillir une information exhaustive à propos des conditions de détention dans les prisons de type F. Mme Efe a dénoncé la pratique illégale de l’alimentation forcée qui provoque chez le gréviste de la faim le syndrome de Wernicke-Korsakoff et a révélé que « dans les cellules des prisons de type F, un nombre incalculable de prisonniers médicalisés de force souffrent d’amnésie et ne se souviennent même plus des raisons de leur incarcération ».

La délégation a quitté Istanbul la nuit dernière.

Celle-ci tiendra plusieurs conférence de presse dans les prochains jours et participera à la promotion du symposium contre l’isolement carcéral qui se tiendra à Florence les 19, 20 et 21 décembre prochains.

Tayad Komite, 190, rue Stevin, 1000 Bruxelles, Tel: 02 230 08 66