Plus efficace que toutes les campagnes anti carcérale en terme de retard de chantier.

vendredi 19 septembre 2008

Future prison : un vaste domaine à déminer

Les munitions découvertes, sur le terrain du Bêle à Nantes, datent en partie de la Seconde Guerre mondiale. Le site aurait pu être utilisé comme cachette d’armes à cette époque. Mais d’autres munitions ont sans doute été enfouies avant et après cette période. : Photo Bertrand BéchardLes munitions découvertes, sur le terrain du Bêle à Nantes, datent en partie de la Seconde Guerre mondiale. Le site aurait pu être utilisé comme cachette d’armes à cette époque. Mais d’autres munitions ont sans doute été enfouies avant et après cette période. : Photo Bertrand Béchard
Plus de 50 engins de guerre ont été mis à jour sur le site de construction de la future maison d’arrêt, à l’est de Nantes. Le chantier est stoppé sur ordre du préfet, en attendant les travaux de dépollution.
La première munition a surgi le 14 août. Un projectile de mortier de 81 mm de fabrication française mis à jour après débroussaillage du site (10 ha) devant accueillir la future maison d’arrêt de Nantes (510 places prévues à l’origine à l’horizon 2010). Les hommes du centre interdépartemental de déminage de Nantes ont aussitôt rappliqué et fait sauter l’engin. Sans inquiétude particulière. « À ce moment, il n’y avait pas de quoi s’alarmer, indique Éric Schnell, chef des démineurs nantais. On était dans le cadre de la découverte fortuite de munitions. Rien que de très banal dans le paysage français : 500 tonnes de munitions sont découvertes chaque année. S’il fallait stopper toute activité à chaque découverte de grenade, on bloquerait des pans entiers du BTP ! »

« Pas de la guimauve »

L’affaire s’est corsée le 9 septembre. Cette fois, les travaux de terrassement ont fait apparaître du gros calibre : un obus de 88 mm de fabrication allemande et un obus de 155 mm de fabrication française. « Un obus de 155 mm, ce n’est pas de la guimauve. Ça pèse 45 kg, dont 5 kg d’explosifs, détaille Éric Schnell. C’est un engin qui était conçu pour tuer, même s’il ne présente pas une sensibilité extrême. »

De nouvelles munitions ont fleuri les jours suivants. Les démineurs ont alerté les autorités sur les risques du chantier le 15 septembre au matin. Bien leur en a pris : ce jour-là, 21 projectiles de mortier ont été dégotés « au ras du sol ». Rebelote le lendemain avec 19 prises.

Coup d’arrêt

« Au final, 54 engins ont été découverts, résume Éric Schnell. Six ont nécessité une destruction immédiate du fait de leur sensibilité. » Depuis mercredi, le préfet a suspendu les travaux. Le périmètre est gelé. « Il n’y a aucun risque pour les riverains, tient-on à préciser. Les munitions ne peuvent pas exploser spontanément. »

Il y avait urgence car en revanche, le danger existait bel et bien pour les ouvriers du chantier. « En cas de choc avec un engin de terrassement, certaines munitions auraient pu exploser, confie t-on en coulisses, même si les spécialistes certifient que « la probabilité d’un tel risque s’avère assez faible ».

La dépollution du site était obligatoire

Officiellement, le terrain, ancienne propriété du ministère de la Défense, aurait dû être dépollué avant cession. « C’était obligatoire. » Outre quelques explications à fournir, le ministère va devoir déterminer les solutions techniques permettant d’assurer la dépollution du site. Une expertise va être diligentée pour élaborer une cartographie des anomalies du sol. « Ensuite, il faudra creuser, vérifier ce qu’il y a, et traiter le cas échéant. »

Quel retard pour le chantier de la prison ? « Trop tôt pour le savoir, répondent les spécialistes. On n’a aucune visibilité. Si la pollution est localisée sur un secteur précis, cela prendra quelques semaines. Si la dispersion est importante, on ne maîtrise plus les délais. »

En coulisses, un représentant du personnel de la pénitentiaire de Nantes affirme que cette embûche risque de coûter « 3 à 6 mois de retard minimum ».

Yan Gauchard