– “(Russian air space) is still open, but if the Nato countries continue their hostile policies with regard to Russia, definitely this issue will happen,” déclare Zamir Kabulov à un journaliste de la BBC, dans une interview*.

Ces déclarations sur les ondes afghanes interviennent au moment où la communauté européenne reçoit à Paris l’ensemble des pays d’Asie centrale afin de discuter des approvisionnements de gaz et en pétrole.

Le but politique de cette réunion, sous l’égide à peine masquée de l’Otan, est d’en finir avec l’association économique de coopération de Shanghaï au sommet de laquelle la Russie et la Chine se partagent le leadership.

Cependant en Afghanistan, une part non négligeable de la logistique des troupes d’occupation arrive par cargo au travers le ciel russe et celui des ex-républiques soviétiques.
Selon certains commentaires, ce trafic aérien pourrait concerner 60 pour cent du ravitaillement total de l’Isaf…

Alors que l’Otan a besoin des Russes, pour ses expéditions coloniales en Asie centrale, les 26 nations membres de l’alliance agacent prodigieusement Moscou lorsqu’elles proclament que l’armée russe a réagi de manière disproportionnée à l’agression de la Georgie en Ossétie du sud au mois d’août dernier.

Pour les russes, ces affirmations ne manquent pas de piment quand on sait la manière à laquelle les troupes de l’Otan et leur aviation maltraitent les peuples insurgés d’Afghanistan et du Pakistan, sur leur propre territoire.

La Russie est, aujourd’hui, résolument contre toute extension de l’Otan à l’Ukraine et à la Georgie, et par voie de conséquence, hostile à toute présence militaire occidentale en Afghanistan et au Pakistan.

Selon Kabulov, les États-Unis auraient commis trop d’erreurs en Afghanistan, depuis l’installation des talibans, en 1991…

Leur principal erreur serait d’avoir privilégié l’occupation militaire, dans une perspective d’encerclement de la Chine et de la Russie, plutôt que d’encourager la mise en place d’un gouvernement, indépendant, démocratique, populaire et progressiste.

Leur mépris des populations a été leur plus grand ennemi.

-“The main mistake… is that it did not work with the Afghan government and the Afghan nation,”

“During the past six years, instead of strengthening the Afghan government, the Afghan armed forces and the Afghan economy, they strengthened their military presence and this is a main and fundamental mistake.” déclare le diplomate du Kremlin, en poste, à Kaboul.

Pour le Hezbi-i-Islami, du leader chiite Hekmatiar, ce n’est pas seulement le militarisme américain qui est en cause mais « la continuation du système colonial, source première de toutes les guerres et de tous les problèmes »…

Plus de 71 000 soldats étrangers sous commandement de l’Otan et de l’US Army sont stationnés en Afghanistan où les talibans sont revenus en force, depuis 2005.

Pour mémoire, de 1979 à 1989, une armée rouge forte de 150 000 hommes envahit le pays. L’invasion puis l’occupation qui coutèrent la vie à 50 000 soldats furent un échec.

Cette débâcle militaire a été le grand signe de la chute de l’empire soviétique…

En dépit de cette leçon de l’Histoire, les États-Unis semblent vouloir déstabiliser la région en divisant les pays et les peuples voisins de l’Afghanistan.

Attaquer les Pachtouns, dans leur sanctuaire pakistanais, ne peut que dresser les populations et les militaires pakistanais contre l’entreprise coloniale américaine et pousser le Pakistan vers une alliance stratégique avec la Chine, la Russie ou l’Iran.

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* Source: Reuter