L’historique du développement des événements :

Jeudi 7 août 2008 :
Après un mois et demi des émeutes de juin (voir ici : http://mondialisme.org/spip.php?article1172 ), les habitants de Sidi Ifni ont organisé une nouvelle manifestation, parce que l’Etat n’a pris aucune décision pour mettre un terme à la marginalisation de la ville, malgré ce qui s’est produit en juin. Rien n’est fait concernant les demandes légitimes des habitants (surtout la libération des 10 personnes arrêtées et présentées à la justice suite aux mêmes événements). En même temps, 200 à 300 personnes ont bloqué temporairement (pendant 2 heures) l’entrée du port, en menaçant de mener à nouveau un sit-in ouvert dans une semaine si l’état continue son ignorance vis-à-vis leurs revendications.

Lundi 18 août 2008 :
C’a commencé aux environs de 10 heures. Une vingtaine de jeunes manifestants ont bloqué partiellement la route menant au port en soulevant des slogans revendiquant leurs demandes et réclamant liberté aux prisonniers.

Dans puis ils se sont dirigés vers le port, où se trouvaient quelque 110 camions, pour en bloquer l’accès.

Les éléments des forces auxiliaires, restés en cantonnement dans la caserne militaire de la ville depuis les précédents événements, sont intervenus, à bord de 12 fourgonnettes, quelques heures plus tard- vers 14 heures – pour tenter de lever le blocus du port. S’ensuivront d’assez violents heurts avec les manifestants, dont le nombre s’est élevé à une centaine, sans que cela permette la levée du dit blocus. Et les 12 fourgonnettes se sont fait encercler lorsque des dizaines de jeunes, du quartier Boulaâlam, ont bloqué la route du coté de la ville, et ont commencé d’attaquer les membres des forces auxiliaires assiégées entre le port et la ville.

Des renforts, des éléments des forces auxiliaires et d’intervention rapide, arrivent à Sidi Ifni, via la route de Tiznit, par groupes, comprenant chacun 8 à 10 véhicules, pour prêter main forte aux forces auxiliaires, visiblement dépassés par le nombre des manifestants (entre 300 et 400 personnes). Les affrontements, ayant lieu cette fois ci seulement au niveau du quartier Boulaâlam, ont connu l’utilisation excessive des balles caoutchoucs, des bombes lacrymogènes de la part des flics, et des lances pierres, des Molotovs de la part des manifestants. Ces heurts plus violents ont continué jusqu’à 3h du matin, avant que les forces se retirent et se localisent au centre de l’ancien aéroport de la ville en attente de l’arrivée des renforts supplémentaires.

Mardi 19 août :
Les informations indiquent que 5000 flics ont déjà arrivé à la ville, à partir des casernes de Marrakech, Agadir, Tiznit et de Guelmim.
Vers 5h30, l’assaut sur le quartier a commencé. En même temps un groupe de flics se dirige vers le port pour assurer la sortie des camions encerclés.
Vers 6h30 tout le quartier a été assiégé, et des estafettes sont positionnées au niveau de chaque angle de rue. (Ils ont profité que la plupart des jeunes ont rentré chez eux pour dormir après une dure journée, le reste a résisté un peu avant de prendre la fuite vers la montagne avoisinante poursuivis jusque-là par les forces de l’ordre.)

Le blocus du port ayant été levé, les camions retenus au port ont pu quitter ce dernier aux environ de 6 heures 30 du matin.
11h00, de nouveaux violents heurts sont déclenchés dans le même quartier, et ç’a duré jusqu’à 19h00.
15h00 : le ministre de l’Intérieur, Chakib Benmoussa, arrive à la ville et commence un tour rapide au port (accompagné du directeur de la sûreté nationale Cherki Driss, de l’inspecteur général des forces auxiliaires Hamidou Lâaniguerri, ministre de l’agriculture et de la pêche, du préfet du Tiznit…..), avant de se rendre à la province de Tiznit pour donner une conférence de presse pendant laquelle a annoncé que les tentatives de blocus du port sont qualifiées comme actes de vandalisme inacceptables et a indiqué que les forces de sécurité répondront à de tels actes avec la même détermination. M. Benmoussa a également réfuté l’argument des manifestants selon lequel Sidi Ifni est marginalisé, expliquant que des études sont en cours pour développer les installations et améliorer leur productivité. Il a également indiqué que la réalisation de tout projet dans la région dépendra d’un bon climat de l’investissement, sans manifestants ni autre type de perturbations.
20h30, les habitants commencent à se rassembler pacifiquement dans le quartier Boulaâlam pour organiser un sit in, les flics ne sont pas attardés pour intervenir violement pour disperser les gents. Des affrontements succèdent jusqu’à la retraite des estafettes du quartier vers 23h00.

Mercredi 20 août 2008 :
Des affrontements légers sont enregistrés surtout pendant le soir.
Bilan provisoire :
Blessés et dégâts matériels :
Pas de chiffres officiels. Mais selon des témoignages oculaires, il y’a des blessés dans les deux côtés. Une chose une fois ils arrêtent quelqu’un c’est la torture.
Tu px voir la vidéo sur le lien : c’est important la torture en pleine jour et en plein public.
http://www.youtube.com/watch?v=Hsv2SDftrF8

Une rumeur parle de la mort d’un membre des forces auxiliaires, récemment embauché en 2007, suite à un trauma crânien après à ce qu’ il’a reçu une brique sur la tête.
Arrestations :
Selon les dernières informations dont nous disposons, Hassan Agherbi, un activiste de la section locale d’ATTAC et membre de la section locale de l’Association des diplômés en chômage, aurait été arrêté par les forces de l’ordre à son domicile. Ce n’est pas le seul cas d’arrestation enregistré, récemment Rifi Mohammed, un activiste de la section locale de l’Association des diplômés en chômage, et Tizeguarine Mohammed propriétaire d’un cyber-café arrêté pour avoir oser de photographier les scènes d’heurts et de les diffuser sur internet. D’autres figurant sur la liste noire des services de la DST sont recherchés (cas du membre du secrétariat local : Mohammed Salem Talibi…).
Les enlèvements ça continuent jusqu’à hier Dimanche 30 août, après l’enlèvement d’un jeune au Quartier Colomina par des personnes dans un van noir après une poursuite hollywoodienne.

Que l’Etat est (à nouveau) face à ses responsabilités. Qu’il se doit de réagir (pour rétablir l’ordre), mais surtout d’agir concrètement et efficacement pour remettre Sidi Ifni sur la route du développement économique (la seule activité économique reposant aujourd’hui sur le port).
Qu’en est-il des travaux de la commission parlementaire qui devaient être rendus publiques à la fin du mois de…juillet 2008 ? Comme le dit l’expression, «la violence n’a jamais rien résolue», mais le mépris, non plus.