ANTI TERRORISME ENCORE

Le 23 janvier 2008, Isa et Farid* sont arrêtés lors d’un contrôle douanier au péage de Vierzon. Dans leur voiture, les gendarmes trouvent un sac à dos contenant un peu moins de 2 kg de chlorate de soude, des originaux de plans de prisons pour mmineurs (EPM) et de la documentation expliquant diverses techniques de sabotage en italien et en anglais.

Immédiatement , l’affaire est confiée à la brigade anti-terroriste. La sous direction anti-terroriste mène la garde à vue durant laquelle elle ne cessera de mettre la pression à Isa et Farid, en multipliant notamment perquisitions et interrogatoires de plusieurs heures. Isa déclare que les affaires trouvées dans son sac proviennent de son appartement qui est un lieu de passage pour de nombreuses personnes. Elle a trouvé la documentation sur les techniques de sabotage chez elle et voulait les débarasser de son appartement. S’appuyant sur les plans de prison et sur le tract « Pas de prisons pour mineurs, ni à Porcheville ni ailleurs » trouvé dans un des appartements perquisitionné, les flics insinueront qu’Isa et Farid préparaient un « attentat terroriste ». La police appuiera cette hypothèse en utilisant les informations des renseignements généraux sur l’engagement anti-carcéral de Farid et plus largement sur leur participation à tous les deux à différentes luttes (avec le sans-papiers, les mal-logés…)

Pendant la garde à vue, et après de nombreux refus de leur part, les flics finissent par prendre leurs ADN. L’ADN d’Isa correspondrait à un ADN retrouvé sur engin incendiaire ( fait de bouteilles d’essence et d’un dispositifs de mise à feu) placé sous une voiture de flics (devant le commisariat du 18ème ardt. de Paris). Cette tentative ratée d’incendie a eu lieu au début du mois de mai 2007, à l’époque des manifestations concernant l’élection présidentielle. Isa nie toute implication avec cette action. Suite à leur garde à vue de 96 heures, Isa et Farid sont mis en examens et placé en détention provisoire pour : « détention et transport d’un produit incendiaire ou explosif destiné à entrer dans la composition d’un engin explosif » et « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », ainsi que pour Isa : « tentative de destruction de biens ou de personnes en vue de commettre des atteintes aux bien ou aux personnes, en relation avec une entreprise terroriste ».

Après quatre mois de détention provisoire, Farid est placé sous contrôle judiciaire. La police n’ayant pas réussi à apporter les éléments confirmant ou étayant la thèse du projet terroriste. La détention d’Isa continue. Cela fait six mois maintenant qu’elle goûte à la machinerie pénitentiaire : saisie de courriers, multiples transferts (Paris, Lille et Rouen), fouilles fréquentes de sa cellule… Dernièrement, elle a pris dix jours de mitard pour avoir été solidaire, avec une quinzaine d’autres filles de son étage, d’une détenue qui s’était faite tabassée par les matons (voir texte sur Indymedia Paris : Solidarité avec les prisonnières en lutte de Rouen).

Parallèlement, le 20 juin, Juan (le frère d’Isa) est arrêté à son tour car son ADN correspondrait aussi à un ADN retrouvé sur le dispositif incendiaire placé sous la voiture de police. Il est immédiatement incarcéré à Fresnes, et sous prétexte de « rapprochement familial » tranféré aussitôt à Rouen.

La police et la justice anti-terroriste déploient de nombreux moyens pour traquer les « membres » d’une potentielle organisation terroriste, en l’éspèce la « mouvance anarcho-autonome francilienne » dite « MAAF ». Et pour donner du corps à cette « MAAF », la justice lie entre elles certaines arrestations de personnes fiché « anarcho-autonome ». C’est pourquoi en avril, une jonction se fait entre l’affaire d’Isa et Farid et l’arrestation de trois autres personnes (Damien, Bruno et Ivan) interpellées une semaine avant eux, avec un fumigène artisanal (donc du chlorate) et des clous tordus (donc des crèves pneus) alors qu’ils se rendaient à la manifestation devant le centre de rétention de Vincennes.

Le traitement judiciaire et médiatique de ces affaires, permet la mise en scène de l’ « organisation terroriste ». la récente circulaire Dati par exemple, demande aux magistrats d’informer, dans les brefs délais, le parquet anti-terroriste lorsqu’ils ont entre leurs mains ces supposés « anarcho-autonome » (qui écrivent sur les murs et que l’on trouve devant les centres de rétention et les prisons plus particulièrement, précise la circulaire). Et voilà comment on peaufine un arsenal facilitant la répréssion contre les lutte qui remettent en cause la bonne marche de l’Etat. Comm d’hab’, l’Etat crée des catégories, leurs associe des pratiques et des images (« parasites », « vermine », « sauvages des banlieues », « violents casseurs », « fous dangereux »…), il en déduit une « dangerosité sociale » et justifie du même coup sa répression.

Liberté pour Isa, Juan,Damien et tous les prisonniers
A bas tous les enfermements !

Ps :rappelons aussi que le 3 septembre a lieu le procès de quatre personnes accusées d’avoir participé à un rassemblement devant la prison de Fresnes au cours duquel des fumigènes ont été allumés et une banderole « Comme à Vincennes…Feu aux prisons » posée. (Voir sur indymedia Paris le texte « à Fresnes comme ailleurs Solidarité »)

Ps2 : ce n’est pas mentioné dans le texte mais Damien qui avait été arrêté puis relaché en janvier est incarcé depuis le jeudi 14 aout. cf Lettre de Damien

*surnoms