Au bord du précipice vers lequel nous reculons, se tient cette arme, nucléaire il paraîtrait. Je crois, moi, que c’est une chance, comme dans le registre politique, serait un bienfait l’éclatement de cette grande baudruche toute mitée qu’on appelle PS.

Oui, il serait sans doute bon pour que nos responsables syndicaux et nos permanents se redécouvrent ensemble, dos au mur et reconsidèrent l’Etat et le patronat non comme un négociateur mais un adversaire. Leur mésentente actuelle est totale, leur immobilité patente, leur efficacité nulle, voire négative concernant les derniers « points chauds ». Dépouillés, ils n’auront plus rien à perdre.

Aujourd’hui, quand on réclame la grêve générale, des manifs spontanées, des actions surprises, ils répondent, aujourd’hui, qu’il faut demander l’autorisation de défiler à la Mairie. C’est un progrés : en 2003 les directions répondaient pas. En 68, j’ai pas souvenir – j’étais trop jeune – que quiconque ait demandé la permission au bobo libéral-socialo Delanoe la permission d’investir les usines et les facs. Par contre, y a eu des syndicats pour siffler la fin de la récré…

La situation actuelle est bien pire qu’en 68, pour l’ensemble des français, pas besoin de rappeler les chiffres, ni l’indignité de devoir supporter des grands patrons qui se goinfrent au-delà de toute raison et un gouvernement qui nous salit tous par sa politique ou les sans-papiers sont criminalisés et traités comme des sous-hommes.

Mais le syndicaliste responsable rétorque qu’à Paris, faut réserver le carré de bitume quatre à six mois à l’avance…Pour manifester une demi-journée avec les sonos à Donf, et sans La Rumeur, les affiches bien propres et le punch à un euro au bord du camion.

Et pendant ce temps-là, les droits sont taillés en pièces, les salariés muselés, harcelés, jetés dehors. Public, privé, même combat, ou plutôt même désastre.

Mailly, Thibault – je parle même pas du jaune à vélo dans le 14ème, et des chevaux de Troie, CGC et autres – il faut que vous arrêtiez la sieste ou que vous partiez. Ca suffit. Basta, y en a marre de vos guignolades.

Les cheminots : perdus. Les enseignants : perdus. Les personnels de santé : perdus. L’ensemble des droits des salariés incarnés dans le Code du Travail : démolis.

Vous avez participé à toutes les réunions, vous avez les cartes en main, vous avez eu la possiblité de dire NON, de vous unir pour contrecarrer, contre-attaquer. Je ne vous ai même pas vus proposer l’ordre du jour aux réunions avec le Médef. Pourquoi laissez-vous ce groupuscule anti-social TOUJOURS dicter l’ordre du jour de la démolition ? !…

Bref, à la rentrée, faut que ça bouge, tous ensemble et FORT.

Sinon, vous le savez et nous aussi : l’éducation nationale, mais aussi la santé, les transports et autres sont FOU-TUS, ainsi que le privé, vu que la tendance de fond est à la désindustrialisation, délocalisation et goinfrage d’actionnaires.

Je ne veux pas voir ça, je ne veux en supporter plus les conséquences, j’en ai marre de serrer le garrot autour de ma propre gorge. J’ai passé l’âge, notamment.

En parlant d’âge, n’importe quel âne qui sait compter peut calculer par exemple, le système de décote que nous à imposé, grâce au recul devant la grève générale de vous-mêmes, dirigeants syndicaux, Balladur, et qu’aujourd’hui le chatelain Fillon accentue.

La retraite qu’il touchera dans quelques temps sera MINABLE. Et avec les médocs qui seront plus remboursées, les ops pareils, sans parler des implants dentaires à deux mille euros pas remboursés itou, des lunettes idem, des notes de 4 à 500€/mois de chauffage/éclairage (on y sera si on fait la projection de l’augmentation en pourcentage du prix de l’énergie aujourd’hui, notamment pour le gaz), il aura plus qu’à bosser jusqu’à ce que mort s’en suive, s’il a la chance d’avoir une « spécialité », ou un corps en bon état pour faire de bon petits boulots de merde, genre distribuer des prospectus dix heures par jour, pour palper deux cents euros par mois.

Alors, c’est pas des conneries genre « il faut rassembler », qu’on nous serine du haut en bas de l’échelle des chefs syndicaux qui vont changer la donne.

Les gens SONT rassemblés, déterminés, DEJA par une même exaspération. Exaspération, évidemment devant les vautours qui ont réussit le putsch médiatique, mais autant sans doute devant des syndicats qui font les morts.

Le premier organisme qui dit « stop, y en a marre de voir nos emplois, nos acquis, nos salaires, nos vies détruits par des salopards ! », celui-là emmenera des millions de gens dans la rue.

Pas besoin d’en sondage, suffit da voir la gueule des gens dans les rues, dans le métro, le nombre de mecs qui font la manche, la colère enkystée contre le mépris, l’autisme gouvernemental, contre ces entreprises qui harcèlent et refusent la moindre augmentation, balancent à trente, quarante, cinquante n’importe qui dehors. Qu’ils soient en maladies, femmes enceintes, ou en formation.

Les règles minimales de respect, comme les règles obligatoires du Code du Travail, la simple décence même, n’ont plus cours parmi la grande majorité des entreprises, qui traitent leurs employés comme des CHIENS.

Exemple : une connaissance bosse pour un opérateur de téléphonie mobile qui a tendance à bouffer tout ses petits vautours de copains. La personne est en vacances, trois semaines pas possible plus, Manque de fric. Etonnant, non ?..

Elle va décompresser qd même un peu. Séparée, avec sa fille, c’est bien le moins, d’autant que toutes ses collègues de travail viennent de rejoindre le trottoir, ejectées rapidement et avec douleur, suite aux instructions du nouveau groupe qui a bouffé le perdant.

Eh bien, non. Le boulot peut l’appeler soir, matin, à n’importe quel moment, pour avoir des infos, car elle occupe un poste de gestion. Dans le meilleur cas. Habituellement, elle est obligée de se brancher, en télé-travail, pour passer quelques minutes, quelques dizaines de minutes parfois, à gérer le problème.

C’est juste une fois tous les deux jours, elle m’explique…C’est payé ?…Nan.

Et elle pas sûre que dans trois semaines la charette n’aura pas une place pour elle.

PS : les syndicats ne semblent pas s’intéresser, à ce problème. Corollaire du flux tendu, de la concurrence, de la pression, de l’époque, inévitable, incontournable…Enfin, elle se trompe sûrement, mais j’ai pas commenté.

Alors, à la rentrée, si jamais j’entends mon dirigeant syndical me parle de « méthode pas bonne » ou de « discussions programmées », je lui renvoie ma carte illico. C’est clair ?