Pour un financement public des universités performant,
refusons le financement sur « critères de performance »!

Un rapport sénatorial paru hier (mercredi 11 juin) envisage une réforme du financement des universités. Ce rapport propose notamment de financer les universités en fonction des taux d’insertion professionnelle des ancien-ne-s étudiant-e-s (six mois puis trois ans après l’obtention du diplôme), et évoque aussi la possibilité de financements en fonction des niveaux de salaires des ex-étudiant-e-s.

Il faut rappeler que l’université a pour vocation de dispenser des formations fondamentales qui doivent servir aux étudiant-e-s tout au long de leur vie, dans leur milieu professionnel mais aussi en dehors de ce milieu. Bien qu’il soit donc absurde de vouloir mesurer l’efficacité des universités en fonction du taux d’insertion, il semble plus abhérrant encore de vouloir mesurer cette insertion au bout de trois années d’activité professionnelle: il serait en effet tout aussi intéressant de savoir si, vingt ans après l’obtention d’un diplôme, un-e étudiant-e a pu occuper différents emplois en composant avec la formation initiale qu’il/elle avait acquise à l’université…

La proposition de revoir les financements en fonction des salaires semble tout aussi inutile et hors d’usage: cela laisserait à supposer que les universités les plus méritantes seraient celles qui formeraient le mieux les futures élites économiques, c’est à dire ceux et celles qui accepteraient de se voir laisser leur avenir dicté par une logique strictement économique.

Qu’en est-il, alors, de l’utilité sociale de l’université et de la condition même de son existence: la formation d’esprits critiques? Doit-on accepter que les universités formant les futures « élites » bénéficient de financements plus soutenus que les autres? Quelle est donc la cohérence universitaire de ces propositions, qui ne sont manifestement prononcées ni dans l’intérêt de la recherche publique, ni dans l’intérêt des personnels et des étudiant-e-s!

Ce rapport véhicule de manière ostentatoire un projet de société ultra-libéral, dans lequel ceux et celles qui ferraient le choix de ne pas s’orienter vers des métiers économiquement valorisés, se verraient immédiatement traités comme des « quantités négligeables », ou tout du moins de manière extrêmement inégalitaire. Ce rapport, en affichant son admiration pour les profiteurs/euses de l’ordre économique actuel, est dans le même temps une insulte à l’égard de l’ensemble des travailleurs/euses (et donc des étudiant-e-s). Pour l’ensemble des raisons énoncées, ce rapport doit être vigoureusement être combattu, et l’ensemble des mesures qui pourraient s’inspirer de ce rapport seront tout aussi durement combattues.