Nous ne pouvons pas accepter que des familles soient harcelées presque quotidiennement, expulsées des terrains sur lesquels elles essaient de vivre, que l’on confisque leurs caravanes, qu’on les oblige à retourner dans leur pays tout cela dans le rejet, l’indifférence ou la bonne conscience et le plus souvent au mépris du droit.

Nous sommes conscients que leur présence provoque beaucoup d’incompréhensions :

Oui, les terrains où les familles s’installent ne sont pas beaux à voir, avec les caravanes déglinguées, les ordures, la boue… mais qui souffre de n’avoir ni eau, ni sanitaire, ni électricité et de ne pouvoir vivre que de récupération ?

Non, ils ne vivent pas en caravane parce qu’ils en ont l’habitude mais car c’est le seul moyen qu’ils ont trouvé, en arrivant ici, de se loger. Ils ne vivent pas du voyage mais le voyage leur permet de survivre : sédentarisés en Europe de l‘est, ils n’hésitent pas à prendre la route pour aller voir ailleurs si la vie est plus facile.

Oui, ils sont nombreux à venir se faire soigner dans notre pays car ils n’ont pas accès aux soins dans leur pays dès qu’il s’agit de pathologies lourdes.

Oui, les Roms sont toujours l’objet de discrimination, et, il faut bien le dire, de racisme dans leur pays, la Roumanie en premier lieu, marqués par l’histoire de l’esclavage, de l’enfermement, des politiques d’extermination…

Non, ils ne nous envahissent pas : ils ne sont que quelques milliers en France et quelques centaines dans notre région mais ils ne vivent pas dans des caves, on les voit sur l’espace public et nous renvoient en permanence l’image de notre confort et de notre richesse, même si nous sommes loin d’avoir des camps de réfugiés comme ceux qui nous émeuvent tellement quand nous les voyons à la télévision.

Oui, ils mendient et cela peut être assez désagréable d’avoir cette image du tiers monde dans nos rues mais, pour les ressortissants Roumains et Bulgares, il est presque impossible de travailler en France (il faudra attendre la fin de la période de transition, soit 2010 pour qu’ils aient les mêmes droits que les autres citoyens européens) et ils ne peuvent plus, depuis peu, bénéficier d’aucune aide sociale (allocations familiales, minimas sociaux) s’ils ne travaillent pas.

Non, il n’est pas acceptable de la part du gouvernement de pratiquer une politique du chiffre de reconduites à la frontière sur le dos des Roms, comme sur ceux des autres migrants, en sachant qu’ils sont si facilement repérables…

Oui, les collectivités locales ont, sur l’agglomération nantaise, mis en œuvre des moyens pour faciliter l’accueil et l’insertion de familles (création de terrain conventionnés, aménagement d’un troisième) mais, d’un autre côté elles appuient les procédures d’expulsion en se voilant la face sur les conséquences humaines de ces déménagements forcés : déscolarisation, peur, souffrance psychologique, dégradation encore plus forte des conditions sanitaires.

Il est absolument nécessaire de mettre en place, parallèlement à une politique d’aide au développement dont les effets se font attendre, une politique d’accueil digne des valeurs humanistes que défendent nos élus.

Il est inacceptable que les représentants de l’Etat fassent la sourde oreille au travail enclenché sur l’agglomération nantaise, qu’ils abusent de la pratique de la chaise vide. Dans un monde tourmenté, dans une Europe élargie, nous nous devons de lutter contre les tendances à une romanophobie qui a déjà causé tant de ravages.