De Le Pen à Besancenot en passant par Sarkozy et Royal, tous ceux qui font partie des institutions françaises saluent la mémoire de « Papa Césaire ».

Mais qui était-il vraiment….?

Aimé Césaire est mort. Tous les représentants de l’Etat français saluent le… « combattant anticolonialiste », qui a droit aux « obsèques nationales ».

Une chose tout à fait logique: Aimé Césaire a été l’un des grands théoriciens ethno-différentialistes, expliquant que les « hommes de couleur » étaient différents et devaient se chercher eux-mêmes, et non le communisme.

Et il a par conséquent été l’un des principaux artisans de la mise en place d’une bourgeoisie bureaucratique en Martinique et de la soumission de celle-ci à la France.

Il a été un des fondateurs du « Parti progressiste martiniquais », un mouvement anticommuniste dont au congrès constitutif en 1958 Césaire explique: « Le Parti Progressiste Martiniquais pourrait proposer la transformation des départements d’outre-mer en régions fédérales. Si nous faisons cela nous aurons réussi à allier notre double souci de rester liés à la France et d’être de bons martiniquais ».

Voilà tout Aimé Césaire: être un « bon martiniquais » tout en restant dans le giron de l’impérialisme français, être le chantre de la « négritude » en faisant des poèmes dans la langue coloniale.

Aimé Césaire est un cadre de l’Etat français: il a fait l’École normale supérieure, il a été maire de Fort-de-France durant 56 ans, Député de la Martinique de 1945 à 1993, Président du Conseil Régional de la Martinique de 1983 à 1986, conseiller général de Fort-de-France et 1945 à 1949 et 1955 à 1970.

Il est donc fort logique que Jean-Marie Le Pen salue la mémoire d’Aimé Césaire, affirmant: « On peut être en désaccord avec les idées politiques défendues par Aimé Césaire, ou du moins certaines d’entre elles, et admirer l’écrivain et le poète, figure emblématique d’un homme de la plus grande France au service de sa cité pendant plus d’un demi-siècle. » (communiqué du jeudi 17 avril 2008).

Aimé Césaire, c’est l’expression même de la capitulation, c’est l’idée comme quoi toute lutte pour la Martinique est perdue d’avance de par la force de la France et à cause de l’émigration en France (organisée d’ailleurs à grande échelle par l’Etat français, notamment dans le secteur hospitalier).

C’est l’idée comme quoi la bataille est simplement « culturelle » et pas du tout politique, c’est la mise en avant de l’idéologie bourgeoise des Lumières cachée sous un discours « anti-colonial » de pacotille comme le prouve la réalité d’aujourd’hui.

Son « Discours sur le colonialisme » de 1950, loin d’être un appel à un mouvement de libération nationale telle que la Chine en a connu et que les communistes organisaient de par le monde, est une critique typiquement social-démocrate, au point de pouvoir être mis comme texte au programme du baccalauréat français en 1998.

Césaire a été l’un des artisans de l’anticommunisme, se lançant dans une grande diatribe contre-révolutionnaire dans les années 1950 contre le « communisme international », notamment avec sa « Lettre à Maurice Thorez » qui reprend toute les calomnies et toute l’idéologie de la bourgeoisie.

Césaire, qui a naturellement soutenu Ségolène Royal à la présidentielle, y rejette la révolution mondiale pour prôner l’ethnisme, après avoir été brièvement dans les rangs communistes à la suite de la seconde guerre mondiale impérialiste.

Il dit ainsi dans cette lettre: « Il m’intéresserait aussi et plus encore, de voir éclore et s’épanouir la variété africaine du communisme. Il nous proposerait sans doute des variantes utiles, précieuses, originales et nos vieilles sagesses nuanceraient, j’en suis sûr, ou compléteraient bien des points de la doctrine. »

La révolution n’est ainsi plus une affaire de classes, mais de « races »: Césaire met en avant la « singularité », le relativisme culturel.

Pour Césaire, le protagoniste n’est plus le prolétariat mondial, mais « l’homme de couleur »: « Un fait à mes yeux capital est celui-ci : que nous, hommes de couleur, en ce moment précis de l’évolution historique, avons, dans notre conscience, pris possession de tout le champ de notre singularité et que nous sommes prêts à assumer sur tous les plans et dans tous les domaines les responsabilités qui découlent de cette prise de conscience. »

Si Césaire a développé une critique du chauvinisme du Parti « Communiste » Français de Thorez, sa critique est de droite; elle est l’inverse même de la critique des communistes de Chine.

Voilà pourquoi Césaire développe dans la lettre l’anti-communisme bourgeois le plus vil:
« La moisson a été particulièrement riche ces derniers temps et les révélations de Khrouchtchev sur Staline sont telles qu’elles ont plongé, ou du moins, je l’espère, tous ceux qui ont, à quelque degré que ce soit, participé à l’action communiste dans un abîme de stupeur, de douleur et de honte.
Oui, ces morts, ces torturés, ces suppliciés, ni les réhabilitations posthumes, ni les funérailles nationales, ni les discours officiels ne prévaudront contre eux. »

Aimé Césaire n’est pas sans rappeler une figure de la soumission comme Léopold Sédar Senghor, premier président du Sénégal de 1960 à 1980, que Césaire a connu au lycée Louis le grand à Paris (le meilleur lycée de France historiquement).

Tous deux ont joué un grand rôle dans la naissance de bourgeoisies compradores – bureaucratiques au service de l’impérialisme français, de la transformation des anciennes colonies en pays semi-coloniaux semi-féodaux, ou en « département » comme la Martinique.

La bourgeoisie compradore, c’est une bourgeoisie locale, dont l’existence est celle d’une administration pour les capitalistes de l’impérialisme, un intermédiaire au service de la domination de la nation opprimée.

Césaire a été en 1946 le rapporteur de la loi faisant des colonies de Guadeloupe, Guyane Française, Martinique et la Réunion, des Départements Français.

C’est à la lumière de ce fait que le prolétariat mondial le juge, quels que soient ses contributions artistiques à la francophonie et au délire petit-bourgeois qu’a été le « surréalisme ».

Césaire, c’est l’acceptation de De Gaulle arrivant à Fort-de-France en 1946 et s’écriant « Mon dieu… Mon dieu… que vous êtes français ! »

Césaire c’est la négation du mouvement de libération national martiniquais, et l’une des causes de la lenteur de l’affirmation du créole, langue méprisée, et également de son intégration parcimonieuse et institutionenlle dans le colonialisme français (1973 : inscription du créole dans le programme officiel des études de premier cycle à l’Université des Antilles et de la Guyane, 1975 : création du Comité International des Etudes Créoles, 1976 : création du Groupe d’Études et de Recherches en Espace Créolophone, 2001 : création du CAPES Créole).

Et ce n’est pas étonnant qu’en connaissance de tout cela, le « Mouvement des Indigènes de la République » saluent la mémoire de Césaire: il s’agit du même délire « différentialiste ».

A l’opposé, nous communistes, saluons les peuples du monde, qui vivent leurs cultures dans l’échange et l’unité, ne formant qu’une seule humanité, guidée par le prolétariat mondial!

« Lutte de classes — certaines classes sont victorieuses, d’autres sont éliminées. Cela, c’est l’histoire, l’histoire des civilisations depuis des millénaires.

Interpréter l’histoire d’après ce point de vue, c’est ce qui s’appelle matérialisme historique ; se placer à l’opposé de ce point de vue, c’est de l’idéalisme historique. » (Mao Zedong, Rejetez vos illusions et préparez-vous à la lutte).

Pour le PCMLM, avril 2008.