Une fois n’est pas coutume, Total fait profiter notre région de son beau pétrole. Cette fois, la rupture d’une canalisatin a provoqué la fuite de 400 tonnes de pétrole dans l’Estuaire (selon la police ). A 100 dollars le baril, ce sont pas moins de 300000 dollars qui se sont déversés sur les berges de la Loire, une goutte d’eau (sic) vis-à-vis des bénéfices record de notre multinationale préférée. Samedi , La Baule a du fermer sa plage à causee de la présence de boulettes de fioul.

La marée noire, provoquée par la rupture d’une canalisation à la raffinerie Total de Donges le 16 mars dernier, frappe de plein fouet l’estuaire de la Loire. Ce n’est malheureusement pas la première fois que le groupe pétrolier est impliqué dans une pollution de l’Estuaire : en 1999, la marée noire de l’Erika avait causé d’énormes dégâts ; en 2003, une canalisation s’était rompue dans un étier de la raffinerie ; en janvier 2006, une collision entre deux butaniers avait provoqué la dispersion de 30 tonnes de fioul lourd (contre 400 tonnes aujourd’hui). Depuis trois jours, le pétrole a déjà touché plus de 40 km de berges et atteint, par endroit, 40 centimètres d’épaisseur. A cause notamment des conditions météorologiques difficiles et des forts vents d’ouest, la marée noire a souillé de nombreuses zones emblématiques des milieux estuariens (vasières, roselières, bancs et rives), et s’étend maintenant sur une large zone au sud, au nord et en amont de l’embouchure.

Si cette marée noire a des effets immédiats moins visibles sur l’écosystème que celle de l’Erika, qui avait vu s’engluer des milliers d’oiseaux, elle aura des conséquences indirectes. Le fioul cette fois est beaucoup plus liquide et volatile que celui de l’Erika, et s’infiltrera plus facilement dans les zones humides, et intoxiquera les oiseaux. La marée noire pourrait également frapper de nombreux poissons migrateurs (alose, lamproie, saumon, civelle…). Cette marée noire touche notamment un espace naturel sensible, classé Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Floristique et Faunistique (ZNIEFF), Natura 2000 (au titre des directives européenne Habitats et Oiseaux) et Réserve de faune sauvage. Il faudra des années pour que les milieux naturels affectés, particulièrement exposés et fragiles, retrouvent leurs caractéristiques naturelles.

Total et les autorités ont fait preuve d’une discrétion étonnante: les habitants et les élus des communes concernées, les associations de protection de la nature n’ont été prévenus, par voie de presse, que tard dans la journée du 17 mars, alors que la fuite avait été détectée la veille, et ce malgré l’existence du dispositif Polmar. Pour le moment, le groupe pétrolier se contente de s’excuser et d’annoncer la prise en charge des coûts de nettoyage, sans s’interroger sur l’impact du produit sur la santé de celles et ceux qui le ramassent, et sur les milieux naturels. Lorsque nous nous sommes rendus sur place, les propos des services « sécurité et environnement » de Total ne cadraient pas avec ceux des ouvriers sur le chantier, estimant que la pollution était sous contrôle . Alors que la Préfecture de Loire-Atlantique et Total annonçaient que les sites les plus pollués, notamment celui de Paimboeuf, seraient nettoyés le week-end dernier, nous avons pu constater samedi, que le compte était loin d’y être. Les opérations de nettoyage continuent à ce jour, à peine 250 tonnes de fioul ont officiellement été récupérés.

La manifestation à Saint Nazaire, à l’appel du collectif anti Marée Noire, a réuni 300 personnes dans les rues de Saint Nazaire. Malgré la présence de quelques élus, venus à titre personnel, on note l’absence de représentants des collectivités locales. Il est dommage qu’à la suite de l’Erika, et alors que le projet d’agrandissement de la zone de Donge et les vélléités d’urbanisation sur l’axe Nantes-Saint Nazaire, ceux qui sont directement concernés ne se mobilisent pas plus. Le maire de Paimboeuf, comme les commerçants de La Baule, s’inquiètent avant tout de l’impact de la pollution sur le tourisme, et préféreraient sans doute qu’on ne médiatise pas trop la catastrophe.

On peut s’étonner, après les scandales environnementaux et les déclarations des gouvernements successifs, les assurances de Total, qu’une telle défaillance technique et humaine puisse encore survenir à la raffinerie et qu’aucun système d’alarme automatique ne soit mis en place. Les riverains sont en droit d’exiger une réelle protection de l’environnement, ainsi qu’un contrôle accru et une totale transparence d’installations qui présentent un danger réel pour les environs. Les associations exigent que ces milieux fragiles soient définitivement protégés et demandent que les exploitants mettent en place des plans de prévention efficaces, validés avec tous les acteurs locaux et connus du public. Il est nécessaire, tant que de véritables assurance quant à la sécurité de la raffinierie n’auront pas été apportées, que le projet portuaire de Donges Est soit suspendu. Il semble que Jean-Louis Borloo ait laissé entendre que ce projet serait suspendu. Wet and sea.