Par Michel MENGNEAU

Pour beaucoup la directive Bolkestein était enterrée. Le NON français et néerlandais qu’elle avait en partie suscité laissait à supposer que cette direction ultralibérale de la construction européenne n’était qu’un épisode malheureux. Eh bien non, le feu n’était pas éteint et couvait sous la cendre…

Vers la mi-décembre la cour européenne de justice a rendu un jugement qui a réveillé le spectre du plombier polonais. Jugement qui à n’en pas douter risque de faire jurisprudence tant il est avantageux pour les intérêts des capitalistes.

En effet, en 2004 l’entreprise lettone Laval avait été mandatée pour construire une école en Suède. En y amenant ses employés payés au tarif de leur pays d’origine, cela avait soulevé le tollé du syndicat des travailleurs du bâtiment suédois qui avait bloqué le chantier en raison du fait que les ouvriers lettons étaient rémunérés moins cher que le minimum garanti instauré par la convention collective suédoise.

Résultats, recours de la société lettone auprès de la cour européenne qui, sans barguignée, a estimé que le syndicat avait entravé la libre prestation des services au sein du marché unique. Nous y voilà, d’une manière différente est réintroduit le principe du pays d’origine qui avait alerté les populations à l’époque du projet de la directive.

Faisant fi des désidératas, des avis des citoyens, par tous les moyens le principe ultralibéral des dirigeants européens se met en place. Nous avons donc affaire de plus en plus à une hypocrisie monstre pilotée par des capitalistes sans vergogne.

D’ailleurs, déjà, dès le mois de juin, les prémices de la résurgence de cette directive était annoncé puisque le très libéral Toine Manders avait tenté d’ouvrir le marché des soins à toute l’Europe afin de favoriser la concurrence dans ce secteur. Pourtant, « Les services de santé » faisaient partie des exclusions du champ d’application dudit projet modifié.

En concomitance, on comprend mieux les précipitations du président français, Sarko Ier -croisons les doigts pour qu’il n’y ait pas Sarko II-, qui n’ayant rien inventé veut faire avaler par le biais de son troupeau d’inconditionnels (entre parenthèse, si quelqu’un peut me renseigner sur le nom du premier ministre je lui en serais gré) un certain nombre de mesures iniques. A savoir, cela est déjà fait, une refonte complètement aberrante du code du travail ce qui accompagnera la déréglementation européenne, puis à venir, la franchise médicale, dont le principe va mener la protection social de santé vers les assurances privées, tout ceci sans parler de la prise en main des universités par les entreprises, j’en passe et des pires tant la liste s’allonge…
On comprend mieux pourquoi l’insistance des dirigeants libéraux européens à vouloir que le Traité de Lisbonne se concrétise en catimini, dont leur mauvaise foi l’a agencé en un embrouillamini volontairement illisible pour le simple citoyen. Peuple tais-toi ! Cela ne te regarde pas, tu n’est qu’une masse de prolétaires taillables et corvéables à merci – pour ceux qui verraient parfois dans le mot prolétaire une quelconque connotation péjorative, je remémore la définition « Laroussiènne » : Personne qui ne peut attendre de ressources que de la rémunération que lui alloue celui auquel il loue ou vend sa force de travail.

N’empêche que l’on a notre mot à dire ! Certes, il faut signer des deux mains les pétitions exigeant un référendum, voire participer à d’autres formes d’actions. Mais avant tout, il faut faire pression sur nos élus qui vont accepter la modification de la constitution permettant de faire ratifier ledit traité par voie parlementaire.

Les municipales à venir sont l’un des moyens d’actions car en refusant les compromis, les alliances avec ceux qui sont favorables à ce que le peuple ne soit pas consulté, des élus sentant leur élection compromise vont réviser leurs positions. Toutefois, certains vont dire, quel est le rapport entre les municipales et l’Europe ? La raison est simple, n’oublions pas que les citoyens de la communauté qui travaillent et habitent depuis quelques années sur le territoire français sont aussi des électeurs potentiels dans les communes où ils sont résidants.

L’Europe fait partie de notre avenir, même à l’échelon local, il est donc urgent de se mobiliser pour empêcher un déni de démocratie si l’on ne veut pas devenir que des serviteurs ballotés au gré du bon vouloir d’une classe privilégiée.