22 décembre 1997

Cela faisait déjà plusieurs jours, que les paramilitaires menaçaient la communauté d’Actéal. Celle-ci avait déjà été détruite (maison brûlée, pillage de toutes les ressources, etc.) par les paramilitaires, mais il restait encore ce que l’on appelle l’ermitage, avec quelques habitations et structures institutionnelles entourant la petite église.
De nombreuses personnes de la communauté avaient déjà quitté les environs après la première attaque des paramilitaires. D’autres n’étaient pas décidés à partir, à quitter leur terre et leur maison, faute de moyen ou de volonté. Le 21 décembre, les Zapatistes annoncent que les paramilitaires des villages environnants vont attaquer le village. Les zapatistes fuient, Las Abejas, dont la seule arme est la parole de Dieu, décident d’assister à une cérémonie religieuse dans la petite église en bois de la communauté. Cette cérémonie était célébrée pour demander le retour de la paix avec justice et dignité.

Le matin du 22 décembre, vers onze heures, ce sont plus de 70 paramilitaires armés et habillés d’uniformes de police qui encerclent Actéal. Ils foncent vers l’église et tirent des rafales dans tous les sens. A Actéal, c’est la panique, les indigènes courent partout, en cherchant un moyen de fuir. Les paramilitaires n’attendaient pas mieux pour tirer à vue, sur femmes, enfants, et autres hommes de la communauté. Ils se lancent alors dans une véritable chasse à l’homme.

Le massacre dura jusqu’à 17 heures. Le bilan est terrible. On dénombre 45 morts, dont 21 femmes, 15 enfants – 4 femmes enceintes ont été retrouvées étripées – et une trentaine de blessés.

Depuis un certain temps déjà, “Las Abejas” demandaient le retrait du campement militaire et de police situés à proximité de leur communauté. La pression que ceux-ci exerçaient sur les indigènes devenait insupportable. Alors que la police était à 200 mètres, et l’armée à 15 minutes d’Actéal, aucune des deux factions n’ont réagi aux tirs en rafale d’armes automatique lors de l’assaut.

Peu de temps après, la police encercla toute la communauté, et organisa un cordon sanitaire pour empêcher toute personne de s’approcher. Ainsi, les curieux, les familles des victimes, les journalistes, les membres d’ONG, ne pouvaient s’approcher du lieu du drame. La police effaça toutes les preuves du massacre, ordonnant l’acheminement des corps vers Tuxtla, afin de les brûler.

Lorsque les corps furent rendus aux familles des victimes, trois jours après, rien n’avait été fait. Aucun nom n’était inscrit. Il fallait donc que chaque famille ouvre les cercueils pour reconnaître le cadavre de leur proche malgré l’état de décomposition avancé des coprs. Au Mexique, la tradition veut qu’on enterre un mort le jour suivant. Ce fut, par conséquent impossible pour les 45 victimes.

Les villageois d’Actéal ont identifié les meurtriers et livré les noms aux autorités. Seuls 4 ou 5 sont actuellement en prison. Ils ont été arrêtés par les membres de la communauté et livrés aux autorités. Aujourd’hui encore, et plus que jamais, Las Abejas réclament l’arrestation et l’incarcération des responsables, “Nous exigeons la justice. Non seulement pour les paramilitaires, les auteurs matériels mais surtout pour les vrais responsables, les membres du pouvoir exécutif de l’époque, les commanditaires” .

Rendez vous sur le site www.espoirchiapas.com
• Pour laisser un message de soutien à la société civile et aux membres indigènes des communautés
• Pour signer la pétition publiées par le CCIODH

Manifestation prévue le 22 décembre,
PARIS : à la fontaine des innocents, Châtelet, Paris, à 14h
MARSEILLES : Place de l’opéra, 17h