La lettre de Guy s’en moquait

« Ma petite maman chérie,
mon tout petit frère adoré,
mon petit papa aimé,

Je suis mort !

Mais pas sous les balles du gargamelien commissaire Dufour et de ses sbires de la B.A.C de Nantes

Pas dans la verbe misérable de François-Régis Hutin, rectum officiel de la pensée unique et éditorialiste à Ouest-France

Pas dans le péril cogestionnaire, ni dans la tourmente bureaucratesque ou dans la quête avide d’une vie facile

Je suis mort, encroûté dans nos révoltes arides

Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c’est d’être courageuse. Je le suis et je veux l’être autant que ceux qui sont passés avant moi

et qui nous laissent le fardeau de leurs révolutions perdues, et qui nous jugent quotidiennement à l’aune de leurs échecs. Nous ne serons jugé que par nous mêmes

Certes, j’aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c’est que ma mort serve à quelque chose

A dépasser la critique stérile du vieux mandarinat
Meslins, Lecointe, Chaumette ou Tertrais sont leurs propres bourreaux, la façade insignifiante du pouvoir, de l’oppression qui ronge nos êtres, qui a brillé jusque dans l’oeil de nos copains…

J’ai embrassé mes deux frères Roger et Rino. J’espère que toutes mes affaires te seront renvoyées elles pourront servir à Serge

Ou qu’elles brûlerons comme ce en quoi j’ai cru, comme nos envies, récupérées, empaquetées, vendues

17 ans et demi, ma vie a été courte, je n’ai aucun regret, si ce n’est

d’avoir manqué d’imagination
de n’avoir pas réinventé les règles du jeu
de n’avoir qu’effleuré les désirs interdits

Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c’est d’être courageuse et de surmonter ta peine

De ne pas te perdre en contestation partielle, de lutter jusque dans tes moindres gestes contre cet ordre marchand, cette morale aliénante, cette paisible servitude, ce présent permanent.

Je ne peux pas en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, je vous embrasse de tout mon cœur d’enfant perdu qui n’aura vécu que des aventures incomplètes.
Votre Guy qui vous aime

et qui vomit ce monde »