Après l’AG du campus 1 qui a voté le déblocage (1 525 contre le blocage, 1 122 pour), les étudiants avaient fixé un rendez vous à 14h au phénix. Bien que la mobilisation soit un peu en deçà de celle de la semaine dernière, on pouvait compter près de 2 000 personnes. Les lycéens étaient aussi de la partie et ils arrivaient par petit groupe (le lycée Malherbe regroupant environ 250 personnes). Pendant que les manifestants continuaient d’arriver, un petit groupe s’occupait à redécorer les vitres des tram qui passaient avec des affiches du style « Sarko t’impressiones personne! », « Police partout, justice nulle part » et « la répression ne nous fera pas plier! ». 14h30, le cortège s’ébranle par le Gaillon, en tête de cortège un manifestant tient un fumigène pour donner un caractère festif à la manifestation; des lampions ont d’ailleurs été distribués plus tôt par le comité de lutte. Les slogans habituels sont repris en coeur par la foule.

Arrivé en place de la mare, le cortège se dirige vers les fossés Saint Julien. Il prend ensuite la direction de l’ancien palais de justice puis de la mairie. Celle-ci est évitée puisque les manifestants se dirigent vers le boulevard Bertrand. Beaucoup pensent alors qu’ils allaient se rendre une énième fois à la préfecture. Peine perdue, le cortège bifurque vers la rue Arcisse de Caumont au dernier moment puis remonte la rue Ecuyère. A l’intersection avec la rue Demolombe, il prend la direction de la FNAC puis de la place de la République. Là encore, la préfecture est proche, on sent les policiers un peu nerveux. Mais au lieu de prendre la rue Auber comme à l’accoutumé, le cortège continue tout droit puis tourne à gauche vers le théâtre.

Une fois la place du théâtre dépassée, les manifestants continuent par la rue de Bernières et marquent un arrête au carrefour avec la rue Saint Jean. Direction à droite pour descendre la rue Saint Jean. On pense alors à la gare comme objectif. Mais rue du Havre, nouveau changement de direction, le cortège se dirige vers l’avenue du 6 juin qui est remontée. Une fois arrivés à la tour Leroy, les manifestants prennent la direction du boulevard maréchal Leclerc et organisent un sitting au carrefour juste devant l’église Saint Pierre. Le matériel accumulé le long du parcours est déposé à l’extrémité de la rue Saint Jean. il est alors 15h30.

10 minutes après, des manifestants commencent à brûler une palette et des cagettes en bois au milieu de la foule. Au fur et à mesure, d’autres matériaux viennent s’accumuler sur ce feu improvisé. Un pneu est même jeté. Une épaisse fumée noire s’élève dans le ciel caennais. 10 minutes plus tard, un camion de pompier fait son apparition. Des manifestants vont les voir et leur indiquent d’attendre avant d’éteindre le feu. Il n’y aucune agressivité envers les pompiers.

15h55, les motards de la police nationale qui étaient restés boulevard maréchal Leclerc démarrent en trombe, la voiture de la BAC stationnée sur la voie de tram non loin du château fait de même; une intervention est à craindre. L’escadron de gendarmes mobiles qui devaient être stationné non loin de la préfecture fait route vers les manifestants. Il emprunte la rue de Bernières sirène hurlante. Il prend ensuite la rue Saint Jean et s’arrête au niveau du Printemps. Cette arrivée des forces de l’ordre créé un vent de paniques chez les manifestants. Certains commencent déjà à partir. Les autres décident de renforcer la barricade avec des poubelles et autres matériaux. une foule d’environ 1 500 personnes fait face aux forces de l’ordre.

A 16h, les gendarmes avancent à pas cadencé sur la barricade, les premières grenades lacrymogènes sont lancées. Contrairement aux autres actions, un certain calme règne parmi les manifestants. Après le premier jet, il y a peu de mouvement de panique, plusieurs militants aguerris appellent à ne pas courir. Les premières lignes restent sur la barricade et invectivent les gendarmes, des canettes partent en leur direction. Les premières lacrymo ont fait reculer les manifestants d’une trentaine de mètres, ils sont désormais regroupés au niveau de la rue Saint Pierre. Cela permet aux pompiers d’éteindre le feu. Les gendarmes mobiles forment une ligne sur la longueur de la place Saint Pierre. Les manifestants continuent de les insulter et de leur lancer diverses projectiles.

Des poubelles sont trouvées dans les rues adjacentes et sont à leur tour brûler par les manifestants. Les gendarmes lancent de nouvelles lacrymo pour faire reculer tout ce beau monde. Ils en profitent pour progresser. Ils arrivent finalement à former une ligne dans le prolongement de l’entrée de l’église Saint Pierre. La BAC est aussi présente et se préparent à procéder à des arrestations ciblées. Les manifestants se divisent en deux groupes pour échapper aux lacrymo: une partie se réfugie dans le château (où les portes sont rapidement fermées), la plupart remonte la rue de Geôle au niveau de l’arrêt de tram Quatrans. Ce dernier groupe rassemble environ 300 personnes. Il essaye une première fois de revenir au contact mais finalement y renonce.

Au bout d’un quart d’heure, les gendarmes mobiles commencent à se replier. Les manifestants s’en aperçoivent et certains veulent y retourner. Ils sont vite raisonnés et l’ensemble des manifestants remontent vers le campus. Ceux qui s’étaient échappés par la rue Saint Pierre et d’autres petites rues les suivent et un non millier de manifestants arrivent sur le campus 1. Tout le monde pensait que la journée allait se terminer à ce moment. Mais, dans un premier temps, on apprend que le bâtiment Sciences a été vidé par le personnel IATOSS sur ordre de la présidence. Un appel est lancé au mégaphone pour aller occuper l’administration. Une partie des manifestants s’y rend, l’autre reste sur les marches.
Avec le froid ambiant, certaines personnes vont chercher des poubelles sur le campus pour se réchauffer. Elles sont disposées sur la chaussée en haut du Gaillon. Puis, d’autres matériaux sont amenés afin d’élever une nouvelle barricade. Des palettes de bois sont insérées dans les poubelles afin que ces dernières s’enflamment plus facilement. A 17h, les pompiers arrivent pour éteindre les feux de poubelles, et le même scénario qu’à la place Saint Pierre se reproduit: attendez avant d’intervenir.

Les manifestants font un peu plus attention car bientôt un des feux se développent de manière inquiétante, les caténaires du tram commencent à devenir incandescents. Un appel au mégaphone est lancé pour que les manifestants ne restent pas dessous, des militants cherchent les agents de Twisto pour s’assurer que le courant a été coupé.

Plusieurs militants restés en ville préviennent par téléphone portable que les forces de l’ordre font route vers le campus 1: les gendarmes mobiles passent par le Vaugueux, la police nationale par la place de la mare. Les deux sorties principales du campus sont désormais barrées par les forces de l’ordre. Un appel est lancé à rejoindre les pelouses du campus du fait de la franchise universitaire (les forces de l’ordre n’ont pas le droit d’intervenir sur le domaine universitaire). Les gendarmes mobiles arrivent par la rue Lecornu et se postent à l’extrémité de l’esplanade de la paix en tenue de maintien de l’ordre. Le reste de manifestants leur fait face. Des slogans sont lancés à leur encontre. Un petit Sarko noël est même chanté. Les occupants du bâtiment de l’administration sont prévenus de l’arrivée des gardes mobiles, ils préviennent la présidente. Celle-ci, visiblement, appelle le préfet pour lui demander que les forces de l’ordre n’interviennent pas sur le campus. De ce fait, les gendarmes sont allés, au plus loin, au niveau de la voie de tram. Après 10 minutes, les gendarmes opèrent un premier recul, ils quittent la voie de tram pour se placer sur la chaussée. Quelques manifestants en profitent pour lancer des projectiles; ils sont vite insulter par des militants plus expérimentés. Les Renseignements Généraux tentent à plusieurs reprises d’entrer en contact avec des militants influents afin de faire baisser la tension. Les militants leur rétorquent systématiquement que le mieux à faire est de retirer les gendarmes mobiles, les manifestants partiront ensuite d’eux même. Il faut plusieurs minutes avant que la tension, bien palpable, retombe. Des manifestants appellent à se regrouper au niveau de la cour d’honneur, un appel à un comité de lutte à 19h est aussi lancé. Ces efforts payent et petit à petit, les manifestants sont de moins en moins nombreux. Les gendarmes effectuent une nouvelle manoeuvre qui permet le retour de la circulation en provenance de l’avenue d’Edimbourg. Vers 17h50, il ne reste que des petits groupes qui discutent sur la pelouse derrière le phénix. A 18h, les gendarmes retournent vers leurs véhicules garés rue Lecornu. Le premier tram repasse à la station Université en provenance du CROUS. La journée se termine finalement sans trop de dégât côté manifestants (on compte 2 blessés légers)

voir les photos :

http://unicaen.free.fr/index.php?p=photos&a=affichage&id=93

Infos sur Caen :

http://www.anartoka.com/pas-dupes/viewtopic.php?t=1256&…rt=60