« Le peuple ne connaît pas son histoire. A l’école primaire, neuf fois sur dix, on n’apprend aux enfants que l’histoire des rois, des diplomates et des guerriers. Il faut les renseigner exactement sur les conditions d’existence des paysans, des ouvriers d’autrefois, leur raconter leurs plaisirs, leurs peines, leurs souffrances, leurs espoirs et leurs luttes contre les rois, les nobles et les bourgeois » (dans Le Midi Syndicaliste, 15 mars 1919, « réflexions sur l’avenir syndical »).

Il y a 90 ans, des évènements d’une ampleur jamais vue allait bouleverser le monde et orienter durablement le destin de la classe ouvrière internationale. En 1917, le prolétariat russe et l’immense masse paysanne renversaient le « tsar de toutes les Russies » et établissait un système fondé sur les conseils d’ouvriers, de paysans, de soldats.

Il existe de nombreuses histoires de la révolution russe, des révolutions devrions-nous même peut-être dire.
Il existe une historiographie véhiculée par les dominants actuels, adeptes du capitalisme libéral, qui se gaussent sans cesse de la chute du « communisme » et qui prêchent la soumission à l’ordre actuel sous peine de désordre, « d’anarchie » comme ils aiment à répéter lors de chaque crise.
Il existe un autre courant historiographique traitant de la révolution russe, il s’agit bien entendu des vainqueurs de la révolution et de leurs « descendantEs ». Comme dans tous régimes, toutes guerres, il est convenu que ce sont les gagnantEs qui modèlent l’histoire à leur convenance, hier comme aujourd’hui. L’histoire revue et corrigée par les successeurs de Lénine occultent complètement les autres forces politiques, le rôle du prolétariat et de la paysannerie dans leurs actions spontanées contre le pouvoir, tous les pouvoirs qu’ils soient politiques ou économiques.

Pour nous autres libertaires, anarchistes, comme pour d’autres forces révolutionnaires, l’espoir d’une autre société reste toujours d’actualité et il convient de toujours réaffirmer les valeurs d’émancipation, de solidarité, d’égalité économique et sociale ; face à celles et ceux qui n’ont pour seule liberté que la liberté d’exploiter ou qui n’ont pour finalité que d’instaurer de nouvelles classes dirigeantes.

Pour les membres de la commission histoire du groupe Reflex Angers les révolutions, quelles soient russes, espagnoles, mexicaines, ou les tentatives insurrectionnelles comme il y en a eut de part le monde (et y aura nécessairement ) doivent être des sujets de réflexion pour la révolution de demain, où au moins, les futures insurrections.

En tout cas, ces réflexions ne doivent pas uniquement porter sur les évènements ayant une portée my(s)thique également chez les militantEs révolutionnaires anti-autoritaires : l’insurrection de Cronstadt et le mouvement makhnoviste. Il convient néanmoins de les connaître, car même ces évènements tendent à disparaître de la mémoire collective et militante, mais ils ne doivent pas faire oublier les importants mouvements anarchistes dans les centres industriels d’Ukraine même, mais aussi, dans la Russie toute entière.
La répression de l’insurrection de Cronstadt et l’élimination du mouvement makhnoviste ont eut également tendance à occulter de la part des anarchistes, la répression d’une multitude d’autres révoltes ouvrières comme celle d’Astrakhan à l’embouchure de la Volga, où les ouvriers mourraient de faim et n’avaient même pas le droit de pêcher pour leur besoin individuel. En mars 1919, plusieurs milliers d’ouvriers se mirent en grève, un meeting de 10.000 personnes fut dispersé à la grenade et à la mitrailleuse par le pouvoir communiste, obéissant en cela aux ordres net du « camarade » Trotski qui était « réprimez sans pitié ».
Les compagnons qui interviendront, présenteront cette révolution russe porteuse d’espoir et de désespoir. Ils présenteront l’idéologie des différentes forces socialistes –bolcheviks compris- qui pariaient sur une application stricte du matérialisme historique de Marx selon laquelle on ne peut passer d’une société féodale au socialisme sans réaliser au préalable une révolution bourgeoise. Ils montreront, que malgré toutes les variantes de communismes qu’elles soient staliniennes, trotskistes, maoïstes évoquant avec ferveur « la glorieuse révolution russe », ils montreront avec quelle exceptionnelle rapidité les soviets se sont bureaucratisé une fois le pouvoir pris par les bolcheviks.

Mais les anarchistes passées ou présent, ne doivent pas être épargnés par la critique, le problème de l’organisation, de l’extraordinaire explosion du mouvement anar et anarcho-syndicaliste dans la classe ouvrière et paysanne russe (mieux organisé en Ukraine justement), dans les syndicats et les comités d’usines, le manque de réflexion sur la nature de classe du léninisme, etc. sont autant de question à connaître, sans s’enfermer, répétons-le, dans de vieux discours surtout face aux brûlantes questions d’actualités.

Samedi 08 décembre 2007 à 20 h 00*
*
René Berthier, militant libertaire, membre de la CGT du Livre, viendra présenter son livre paru aux éditions de La C.N.T. : Octobre 1917, le Thermidor de la révolution russe.
René nous présentera la situation en 1917 : la révolution de février, le premier gouvernement provisoire et la prise de pouvoir par les bolcheviks.
Il abordera également le traité de Brest-Litovsk signé avec les allemands en mars 1918 ; le communisme de guerre ; la militarisation de la société ; la terreur, etc.

Par ailleurs nous pourrons également aborder avec lui des questions plus précises comme :
le parti bolchevik et son contenu de classe, son adaptation permanente aux différents mots d’ordres et son retard politique et idéologique sur les masses prolétarienne et paysanne.
la question paysanne constamment sous-estimée par les communistes autoritaires,
Lénine et la guerre de succession que se livrèrent les Trotski, Zinoviev, Kamenev, Staline, Boukharine, etc.
la question du centralisme démocratique…

Mardi 11 décembre 2007 à 20 h 00*
*
Deux camarades de Front libertaire de Saint-Nazaire, viendront nous relater l’expérience dite de la Makhnovtchina en Ukraine.

En 1917, comme sans doute partout ailleurs chez les oppriméEs, la révolution de février 1917 a soulevé d’immenses espoirs. La région de l’Ukraine, considérée comme la plus riche de l’empire tsariste décide son autonomie puis son indépendance. Mais elle est occupée par les allemands qui installent un pouvoir réactionnaire à leur disposition.

Des milliers de paysans se soulèvent alors et mènent une guerre de partisans contre les allemands et leurs complices ukrainiens qui quitteront cette zone après l’armistice de 1918.

Finalement rien n’est réglé à la fin de la Première Guerre Mondiale. L’Ukraine est en proie aux combats entre nationalistes ukrainiens dirigés par Petlouria, les armées blanches contre-révolutionnaires de Denikine et Wrangel, la présence de cosaques, de soldats français, roumains, polonais et les différents mouvements populaires insurrectionnels dont bien sûr la célèbre Makhnovitchina d’inspiration anarchiste. Cette armée comprendra jusqu’à 40.000 personnes et Michel nous relatera son histoire, son organisation, ses relations avec les paysans, ses échecs, les trahisons des bolcheviks, etc.
Michel abordera peut-être, si le temps le permet, d’autres expériences révolutionnaires ayant eu lieu en russie.

Mardi 18 décembre 2007 à 20 h 30

Nestor Makhno, un Paysan d’Ukraine, documentaire d’Hélène Châtelain (1997) – 50 min – prix libre

Entre 1917 et 1921, la bourgade de Goulaï Polie, à l’Est de l’Ukraine, fut le centre d’un mouvement révolutionnaire paysan qui lutta d’abord contre les occupants austro-hongrois (après la signature du Brest-Litovsk), contre les Blancs puis contre l’armée Rouge commandée par Trotsky, avec laquelle il s’était précédemment allié. La figure emblématique de ce mouvement était Nestor Makhno, né à Goulaï Polie, mort en exil en France.

Mercredi 19 décembre 2007 à 20 h 30*
*
L’Homme à la caméra, film réalisé par Dziga Vertov en 1928 – 93 min – prix libre
Film muet, il montre une réalité du communisme naissant. Tourné à Odessa, le synopsis du film repose sur le quotidien de ses habitants, du matin au soir, explorant toutes les facettes du travail, des loisirs, de la ville.
Le film est célèbre surtout par son approche très éclatée, la musicalité de son montage (pour un film muet) les nombreuses techniques cinématographiques utilisées (surimpression, superposition, accéléré, ralenti, etc). Il est aussi célèbre pour sa mise en abîme (le film dans le film) : on suit le caméraman tournant le film, on montre le montage d’une séquence de ce film et une autre scène présente un public regardant l’Homme à la caméra sur grand écran… Il illustre la théorie du cinéma de Vertov : le Ciné-oeil.
Présence de la librairie Les Nuits Bleues avec de nombreux ouvrages sur la question russe.

Toutes les soirées auront lieu à
L’Etincelle, 26 rue Maillé, 49100 Angers, 02 41 24 94 45

Organisées par Reflex Angers, groupe adhérent au réseau No Pasaran.
Reflexangers@no-log.org
http://nopasaran.samizdat.net/