Il nous est demandé de travailler toujours plus pour toujours moins de droits, et l’on présente les précaires et certains salariés comme des privilégiés tandis qu’entreprises, actionnaires, hommes et femmes d’Etat engrangent des bénéfices et s’augmentent dans des proportions jamais atteintes depuis deux siècles.

La misère s’étend de façon exponentielle : des maladies comme le scorbut menacent de faire leur réapparition.
D’autres sont carrément reparties à la hausse, comme la tuberculose ou le saturnisme. Chacun sait que ces maladies sont directement liées aux conditions de vie.

Nos caddies sont de plus en plus en vides face à l’augmentation des produits de base, et notre alimentation de plus en plus empoisonnée.

Pendant ce temps, les nouveaux rois du monde s’offrent de somptueux voyages et dégustent de pantagruéliques et coûteux repas au Fouquet’s, devant l’œil complaisant des médias.

Actuellement, tous les partis politiques et presque toutes les directions de ceux qui prétendent nous représenter, travaillent de concert à une destruction de tous les dispositifs de solidarité et de droit du travail que nous avons au cours de l’histoire, arraché au pouvoir.

Le RSA, soutenu par presque tous les partis et syndicats, est probablement le fer de lance de cette destruction des droits que nos aînéEs avaient réussi à imposer. Sur les 39 départements sélectionnés pour « l’expérimentation », 21 sont PS, 11 UMP, 4 UDF, 2 PC et 1 PRG. Dans le RSA, se trouve la possibilité de déroger à de multiples articles du code du travail. Il permet de créer des contrats de travail sur mesure pour chaque département au profit et à la demande du patronat, en s’inspirant des tristement célèbres contrats aidés. Ce dispositif abolit toutes les dispositions encore vaguement solidaires dans la législation existante, et conditionne la satisfaction des besoins fondamentaux à l’insertion professionnelle.

Bosse ou crève !

On considérait qu’il fallait un logement et une bonne santé pour commencer à bosser. Dorénavant, on considèrera qu’il faut un boulot pour commencer à se loger et se soigner. Même si, pour les RMIstes et les APIstes, de nombreux conseils généraux tentaient dans les faits, de faire abstraction du volet social, il n’en était pas moins existant, et on pouvait l’ imposer par la lutte collective.

La carotte des quelques euros en plus que rapporterait le RSA à ses « bénéficiaires » ne compensera même pas l’augmentation des aliments et les franchises sur les soins médicaux.

C’est pourtant ces quelques euros supplémentaires qui sont mis en avant pour présenter le RSA. Mais cela ne pourra masquer longtemps que leurs propositions ne seront que des emplois de merde n’offrant aucune garantie et aucune protection sociale.

Leur moralité : une condition de vie minable et un travail d’esclave, ça se mérite !

Le principe du mérite, mis en avant pour nier celui d’égalité des droits atteint son apogée avec le RSA qui permet d’attribuer des aides (transports, alimentaires etc.) selon le jugement du conseil général, concernant vos efforts en matière d’insertion et au sein même de votre emploi. En effet même en bossant, vous continuez d’être suiviE et évaluéE ; parmi les nouveaux engagements que nous impose le RSA, celui de s’engager « à mettre en œuvre les efforts nécessaires à son maintien dans l’emploi et, le cas échéant, à l’accroissement de son temps de travail » . Des sanctions concernant les prestations pourront donc être envisagées si votre patron vient à se plaindre de votre travail, ou s’il vous vient à l’idée de faire grève.

La fusion de l’ANPE et de L’Assedic, c’est-à-dire la future privatisation de l’ANPE, voire même son anéantissement total au profit des boites de reclassement privées, n’est pas sans inquiéter les salariéEs de ce service encore public, qui ne savent pas ce que le futur leur réserve (mais qui l’imaginent très bien). Présentée comme plus pratique pour les allocataires, cette fusion permet principalement d’évaluer immédiatement la « proximité à l’emploi » les nouveaux chômeurs. A partir de là, tout est mis en œuvre pour les convaincre de changer de secteur par « principe de réalité » et participer à des prestations complètement inutiles sous peine de radiations.

Les pressions faites aux chômeurs sont de plus en plus fortes, si bien que certainEs ne font même plus valoir leurs droits pour ne pas être soumis à un véritable contrôle judiciaire, et à l’intrusion permanente dans les moindres recoins de leur vie. L’agentE ANPE ou du centre d’insertion, de son côté n’a guère de choix : soit il collabore avec une politique de contrôle des chômeurs, soit il y résiste au risque de se voir sanctionnéE voire carrément viréE. Un décret récent exige de l’ensemble de ces agents, d’acter la discrimination et de se faire les auxiliaires de la police des étrangers en transmettant leurs papiers d’identité aux Préfectures.

L’attaque contre les retraites se fait également dans les Assedic : une prestation, volontairement méconnue, l’AER (Allocation Equivalent Retraite) garantissait un revenu en attendant la retraite et s’adressait majoritairement à des personnes ayant commencé à bosser très jeunes. Elle sera très certainement supprimée en 2009. Dans l’attente, la restriction des conditions pour y accéder, revient à en priver ses nombreux bénéficiaires potentiels.

Que nous soyons chômeurs, salariés du public ou du privé, vieux, jeunes, nous sommes tous concernéEs par cette précarisation de nos vies.

Il ne s’agit pas de petites attaques isolées du reste, mais d’une bataille menée avec une stratégie bien établie.

ChacunE de nous le constate chaque jour, dans son entourage, dans son milieu familial, dans son travail, à la CAF, à l’ANPE, chacunE est touchéE par cette précarité croissante.

La division salariés / chômeurs que l’on tente de nous faire avaler, ne doit pas nous faire oublier que ces mêmes salariés sont les chômeurs de demain et réciproquement.
C’est à une seule et même catégorie de population que le pouvoir s’attaque afin d’en extraire le maximum de travail au moindre coût. Le jeu politique auxquels se sont livrés les syndicats en 2003 a permis de diviser les salariés du privé et du public. Depuis longtemps, la gauche a divisé les chômeurs et RMIstes, en en faisant une catégorie à part, comme si c’était la situation au regard de l’emploi qui constituait la division majeure dans cette société et pas le revenu minable de la majorité des gens comparé aux profits immenses de quelques uns.

La peur du lendemain s’est transformée en peur permanente du présent.

Mais malgré tous les discours déprimants que nous infligent les médias, des collectifs de lutte continuent de se créer chaque jour et remportent des victoires. Et si les victoires que ces collectifs remportent ne bénéficient pas de couverture médiatique, elles n’en sont pas moins tangibles.
Sur les contrats aidés, sur les radiations toujours arbitraires de l’ANPE, les trop perçus de l’Assedic ou de la CAF, les centres d’insertion et leurs cortèges d’obligations, ces collectifs parviennent, parfois peu nombreux, à imposer leurs règles à des administrations de plus en plus Kafkaïennes.

C’est la preuve qu’il suffit de vouloir et d’agir pour leur imposer nos envies et nos choix.

De plus en plus de salariéEs de l’ANPE, de l’Assedic et des centres d’insertions décident de ne plus appliquer l’arbitraire et d’aller à l’encontre des directives de leurs directions. Les grèves et les luttes étudiantes sont, contrairement à ce que prétend la campagne médiatique, porteuses d’une colère qui s’amplifie de jour en jour. De nombreuses actions sont menées quotidiennement par des salariés toujours plus nombreux contre la remise en cause des régimes de retraite et contre la LRU : des coupures d’électricité ciblées effectuées par les agentEs EDF aux blocages économiques effectués par les cheminots et des étudiantEs.

Nous savons que même peu nombreux, nous pouvons beaucoup.

La campagne de démoralisation qui fait de nous des minoritaires impopulaires, des nantis nous goinfrant de pâtes ED payéEs par le contribuable, ne saurait nous convaincre face à la réalité quotidienne que nous subissons.

Les luttes sont étouffées médiatiquement, mais nous ne combattons pas pour le droit de participer au grand show télévisé.

Précaires, il est temps de prendre la place qui est la nôtre

dans l’affrontement qui commence.

Nous ne pouvons pas tous faire grève, mais nous pouvons occuper, bloquer, manifester, nous solidariser de l’ensemble des salariés en lutte.

Dans la rue, tous, tout de suite !

Il est temps de leur faire manger la soupe de cailloux qu’ils veulent nous forcer à avaler !

http://www.ac.eu.org/spip.php?article1816

http://www.collectif-rto.org/