NOUS REFUSONS D’ETUDIER A L’OMBRE DES MATRAQUES !

Lundi 12 et mardi 13 novembre des dizaines de fourgons de CRS et de gardes mobiles ont envahi le campus de Nanterre. La police a violemment chargé les étudiants grévistes, mobilisés contre la loi sur l’autonomie, pendant que le service de sécurité désignait des étudiants à la police (vidéos sur le blog de l’AGEN, rue 89. com ou dailymotion).

Il y a eu plusieurs blessés, ce qui a donné lieu à des hospitalisations, comme celle de Sinan, un étudiant aveugle, tabassé et aspergé de gaz lacrymogène, ou encore celle de Mylène sauvagement molestée et finalement blessée au dos avec plusieurs contusions.

Cette intervention a eu lieu à la demande expresse de la présidence de la fac (Olivier Audéoud), en accord avec le préfet et donc sous les ordres du gouvernement. Pouvons-nous accepter que pour résoudre un conflit, on tranche la question avec la brutalité policière ? Est-il légitime que la présidence se dote d’un pouvoir absolu (ce qui présage du pire au regard de la nouvelle loi) et décide d’envoyer les forces de l’ordre violenter les étudiants ? Peut-on rester sans réaction face aux interventions policières et au tabassage des étudiants qui ont le malheur d’être en désaccord avec les autorités ?

Nous devons refuser ce coup de force. C’est là que se situe en priorité la défense des libertés démocratiques.

Nous appelons tous les étudiants, les enseignants et le personnel à l’arrêt immédiat des cours ou de leur travail, à se mettre en grève sur l’ensemble de l’université pour refuser le recours à la brutalité contre les mouvements étudiants.

Police hors des facs ! Audéoud démission !

LES ENJEUX DE LA LUTTE

Pourquoi existe-t-il un tel déchaînement de haine contre le mouvement étudiant ?

D’une part, il s’agit bien sûr de faire passer coûte que coûte la loi sur l’autonomie (qui, rappelons-le, renforce le pouvoir de décision des entreprises sur les formations, érige le président d’université en potentat local, met les universités en concurrence en supprimant les diplômes nationaux et précarisent tous ceux qui y travaillent). Il s’agit en l’occurrence du pendant universitaire d’une politique générale : la destruction des droits sociaux et la soumission totale aux besoins des marchés. L’argument massue de l’emploi des jeunes est une vaste escroquerie. Les entreprises n’étant pas des associations philanthropiques, elles ne puiseront dans les universités que ce qui est utile au taux de profit et délaisseront les filières jugées non-rentables.

D’autre part, pour la classe dirigeante, le mouvement doit être diabolisé pour détruire des foyers de contestation comme les facs en général et comme Nanterre en particulier et opérer ainsi une reconquête idéologique sous le slogan « liquider mai 68 ».

Il vaut le coup de préciser comment se déroule concrètement l’offensive réactionnaire. Sur la fac, une 5ème colonne du gouvernement, ceux qui scandaient il y a peu, le surréaliste « les jeunes avec Sarko », se cache derrière des anonymes de ‘l’anti-blocage’ en multipliant les provocations (chant de la Marseillaise avec les bras tendus, menaces, jets d’objets, etc). Ils bénéficient de la bienveillance et du soutien des autorités universitaires.

Audéoud se charge même d’appliquer le programme de ces étudiants réactionnaires : les ‘anti-bloqueurs’ les plus bruyants, en réalité, les sbires de l’UNI et de l’UMP, applaudissent les violences des CRS, contestent la légitimité des AG et demandent des votes à bulletins secrets sur le ‘blocage’ pour éviter le débat sur la loi.

Audéoud joue avec zèle son nouveau rôle, il est en mission commandée pour l’UMP et le pouvoir. Le président de Paris X, un transfuge du PS pressenti un moment pour être candidat UMP à la mairie de Nanterre (Cf. Le Parisien du 11 oct 2007), a choisi son camp. Il ne cherche pas à « protéger les étudiants » mais à briser une grève. En bon petit soldat, il donne des gages de ralliement au « sarkozysme » ambiant en utilisant le même style : l’injure publique et la brutalité. Fanatiquement favorable à la loi, le matraqueur en chef a perdu toute retenue.

Pour preuve : tous les communiqués de la présidence sont outrancièrement mensongers. Ces mensonges ont d’ailleurs été dénoncés par l’intersyndicale des enseignants réunie le 13 nov. Selon les déclarations d’Audéoud : le mouvement est noyauté par des forces obscures (Le Monde, 9 novembre), qui « ont choisi le blocage, c’est-à-dire une agression, ce n’est pas un mouvement, c’est de la délinquance » (Cf. France 2, 2Oh, le 13 nov). Selon lui « ceux qui dirigent le mouvement sont les extrémistes de l’AGEN, les membres du CNT et même ceux de SUD, habituellement plus responsables » (C dans l’air, France 5, le 14 nov). Sur France Culture, il évoque des groupes extrémistes qui s’organisent en « milices nazies ». Jusqu’où ira Audéoud la-matraque pour vomir sa haine et montrer son ralliement à la droite décomplexée ?

Aujourd’hui, après leur défaite dans les AG, les relais du gouvernement sur notre fac sortent de leur chapeau la carte du referendum. Derrière l’intitulé anodin du CA extraordinaire, programmé ce lundi 19 nov. à 11H, sur la « continuité de l’enseignement » et « la démocratie étudiante » se profile évidemment l’objectif insidieux de retirer au mouvement ses moyens de lutte et de redonner une virginité aux partisans de la matraque policière. Nous dénonçons cette opération. La manipulation ne passera pas. Nous rappelons que les AG sont souveraines. C’est au président de rendre des comptes et non à ceux qui luttent.

L’avenir appartient A ceux qui luttent !

Oser s’organiser, oser lutter, oser vaincre ! http://agen-nanterre.over-blog.com/