Aujourd’hui quel est l’objectif de cette unité syndicale ? Retrait de l’attaque contre les régimes de retraite ? Pas du tout ! (Le prétexte étant que cela entraînerait automatiquement la rupture avec les organisations comme la CFDT qui après avoir signé hier la fin des 37,5 annuités pour l’ensemble des salariés de la Fonction Publique a le même but pour les salariés jouissant des régimes spéciaux).
Leur objectif c’est la négociation des modalités de la réforme, non son retrait total ! Thibault l’a redit hier encore sur France Inter (le problème n’est pas « le principe » de la réforme, mais l’absence de négociation sur ses modalités !) après avoir demandé sans succès des négociations avec Xavier Darcos. Il a aussi dit que la lutte aurait pu être commencée dès septembre, mais que la CGT a fait preuve de « responsabilité » pour laisser la possibilité au gouvernement de négocier : en fait cela a laissé 2 mois au gouvernement pour se préparer à affronter la grève.
Les direction syndicales appellent donc les travailleurs à lutter pour négocier la sauce à laquelle ils seront mangés ! ! !

Les directions syndicales préparent la défaite

Devant cette attitude défaitiste le gouvernement a beau jeu de jouer les matamores en affichant sa détermination à ne rien céder sur l’essentiel. Sarkozy claironne vendredi qu’il ne reculera pas comme d’autres l’ont fait (lire : Chirac-Juppé en 95), tout en agitant le spectre de la « violence » et des « manipulations » (comme si la première violence n’était pas constituée par l’aggravation de l’exploitation capitaliste qu’il entend mener, et comme si les premiers manipulateurs n’étaient pas tous les médias aux ordres des capitalistes !) ; Fillon affirme au JDD d’hier qu’il « n’a pas peur » des grèves. De fait le ministre de l’Intérieur Alliot Marie a déclaré le 9/11 : « Novembre est traditionnellement un mois où s’expriment les revendications », fait-elle remarquer. « Nous l’abordons sereinement. Les grandes manifestations sont encadrées par des syndicats qui ont le sens des responsabilités et ne souhaitent pas plus que nous des débordements ».
Le gouvernement compte donc sur les directions syndicales « responsables » (lire : collaborationnistes) pour « encadrer » le mouvement, c’est-à-dire pour le stériliser et l’épuiser comme elles l’ont fait dans le passé.

Mais le gouvernement et le patronat sont en réalité inquiets ; la présidente de la SNCF avertit que la grève reconductible est une « aventure » et qu’ « on ne sait pas où ça peut aller » (qui sait ? les grévistes pourraient gagner !). Sarkozy lui-même est obligé de reconnaître qu’il est « bien conscient de l’histoire sociale et politique française », un syndicaliste lui ayant dit « on les a toujours fait reculer, on va continuer ».

Mais pour que la lutte soit victorieuse, il faut d’abord qu’elle ne soit pas trahie par ses dirigeants. Pour éviter une répétition de l’échec de la lutte sur les retraites en 2003, pour éviter une répétition de l’arrêt du mouvement initié l’an dernier sur le CPE, il faut que la direction de la lutte ne soit pas entre les mains de ceux qui ont saboté hier ces luttes!
– La seule garantie est que les travailleurs prennent eux-même en main leur lutte. Il y a vingt ans les cheminots s’étaient organisés en coordinations qui menaient et organisaient la lutte pour éviter le sabotage des directions syndicales ; au printemps les travailleurs d’Airbus de Nantes et Saint Nazaire s’étaient organisés en comités de grève et coordination pour faire de même : c’est cette voie qu’il faut suivre si l’on veut éviter une nouvelle trahison.
– L’élection de comités de grève par les assemblées générales de travailleurs, la coordination des comités de grève en un comité central de grève dirigeant la lutte et seul habilité à négocier, voilà qui permettrait à la fois d’impliquer le maximum de travailleurs, syndiqués ou non, dans la lutte en évitant les divisions entretenues par les rivalités de boutiques syndicales.

L’attaque contre les régimes spéciaux n’est que le prélude aux attaques plus vastes et généralisées contre tous les travailleurs qui sont ouvertement annoncées. La lutte de ces salariés intéresse donc tous les travailleurs . A la propagande des médias pour monter les « usagers » contre les grévistes, il faut opposer l’organisation de la solidarité de classe de tous les prolétaires contre les capitalistes et leur Etat.
Au delà même de la lutte actuelle, ce sont tous les travailleurs de ce pays qui, comme ceux des pays voisins sujets aux mêmes attaques, doivent se préparer à des luttes prochaines pour se défendre contre les capitalistes, en revenant aux méthodes et aux moyens de la lutte de classe !

On ne négocie pas les attaques capitalistes, on les combat !

Union dans la lutte de tous les travailleurs, français ou immigrés, du public ou du privé !

Parti Communiste International
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