Le système clérocratique défend la désignation des postes politiques par le tirage au sort. Il reprend en cela l’élément essentiel de la démocratie athénienne tout en l’adaptant à notre monde moderne. Durant de nombreux siècles, ce mode de désignation a fait la preuve de sa pertinence, montrant qu‘il était le meilleur moyen d’assurer une véritable indépendance de la mission des politiques, tout en permettant une réelle souveraineté populaire.

Mais, si la désignation des postes politiques par le biais du système clérocratique permet de supprimer la quasi totalité des aberrations qui minent le système actuel, il ne faudrait cependant pas croire que la désignation par le sort est capable de régler tous les problèmes. Ce n’est ni une panacée, ni une baguette magique. Comme tout système de désignation, le tirage au sort répond à des impératifs et a ses limites.

La désignation par le sort doit être pondérée.
Afin d’assurer une véritable parité, qu’elle soit hommes-femmes aussi bien que socioprofessionnelle ou même par âge, ce qui est indispensable à une juste et réelle représentation populaire, il convient d’établir des règles. Car, si le sort est capable de désigner, il est, d’évidence, incapable de répartir avec équité les postes en fonction d’une population donnée. Les règles fixent le nombre de postes à pourvoir ainsi que les qualités à remplir pour y postuler et le sort désigne ceux qui y accèdent.

La désignation par le sort doit être volontaire.
Choisir au hasard une telle ou un tel pour emplir une mission politique n’a de sens que si on a affaire à des volontaires. Car en plus d’une atteinte à la liberté individuelle et une autre à la liberté du choix de ses engagements, imposer à quelqu’un une mission politique est un non-sens. On ne fait jamais bien ce que l’on est forcé de faire. Le sort doit désigner mais pas imposer.

La désignation par le sort doit être filtrée.
Le rôle du hasard n’est pas de désigner la personne la plus juste ou la plus capable, car le hasard n’est qu’un moyen de désignation, pas un critère de qualité. Il convient donc de ne s’en servir que pour le choix de personnes aptes à remplir une fonction. La désignation par le sort n’a de sens que si elle a pour but de choisir une ou plusieurs personnes parmi un groupe sélectionné. Le sort n’est qu’un moyen, non une fin en soi. C’est un outil et ce n’est pas à l’outil de décider du travail à réaliser.

La désignation par le sort doit être compétente.
Remplir une mission, quelle qu’elle soit, nécessite des connaissances, un savoir faire, tout un ensemble de qualités. Il n’y a aucune raison que la politique échappe à cette obligation. Bien au contraire ! Donner un pouvoir à une personne non formée c’est la mettre entre les mains de « conseillers », de « spécialistes », ce qui revient à lui enlever le pouvoir. Plus les politiques sont compétents, plus ils sont indépendants, mieux ils peuvent remplir leur mission. Être citoyen ne suffit pas, être le peuple non plus. Ce n’est pas parce que la poule pond l’œuf qu’elle est capable de juger de la qualité d’une omelette.
La désignation par le sort n’a de sens que si elle est faite parmi un groupe de personnes capables, qui remplissent des critères de compétences indispensables à la mission qui va leur être confiée.

Ce n’est qu’à ces conditions et à toutes ces conditions réunies que le hasard peut être employé de manière utile en politique. Enlevez-en une seule et vous ôtez toute la cohérence du système.