Durant deux jours et trois nuits, du 16 au 17 septembre 1982, entre 1500 et 5000 civils palestiniens sont assassinés dans les camps de Sabra et Chatila, au sud de Beyrouth, par les milices chrétiennes libanaises, avec l’aval de l’armée israélienne et d’Ariel Sharon, alors ministre israélien de la Défense et envahisseur du Liban .

En septembre 1982, après dix années sans avoir rien écrit Genet accompagne à Beyrouth Layla Shahid, devenue présidente de l’Union des étudiants Palestiniens. Le 16 septembre ont lieu les massacres de Sabra et Chatila par les milices libanaises, sous l’oeil complice des soldats israéliens qui viennent d’envahir et occupent le Liban .

Le 19 septembre, Genet est le premier Européen à pouvoir pénétrer dans le camp de Chatila. Dans les mois qui suivent, il écrit “ Quatre heures à Chatila“, publié en janvier 1983 dans La Revue d’études palestiniennes. Ce texte magnifique, réquisitoire implacable contre les responsables de cet acte de barbarie, ne commence pas par évoquer l’horreur du charnier. Il commence par le souvenir des six mois passés dans les camps palestiniens avec les feddayin, dix ans avant le massacre de Sabra et Chatila.

JEAN GENET :« Sans doute j’étais seul, je veux dire seul Européen avec quelques vieilles femmes palestiniennes s’accrochant encore à un chiffon blanc déchiré, avec quelques jeunes feddayin sans armes. Mais si ces cinq ou six êtres humains n’avaient pas été là et que j’aie découvert cette ville abattue, les Palestiniens horizontaux, noirs et gonflés, je serais devenu fou. Ou l’ai-je été ? Cette ville en miettes, et par terre que j’ai vu ou cru voir, parcourue, soulevée, portée par la puissante odeur de la mort, tout cela avait-il eu lieu ? ».

POUR MEMOIRE RELIRE “QUATRE HEURES A CHATILA / JEAN GENET SUR http://www.abbc2.com/solus/GENETchatila.html