Différentes preuves documentaires (vidéos, photos et témoignages)
attestent que les affrontements du 16 juillet ont été soigneusement
planifiés par les services gouvernementaux de renseignement et de
répression pour réprimer la manifestation partie du Zócalo (la grand-place centrale) vers la colline du Fortin. En outre, les différentes forces de police municipales, locales et nationales sont passées à l’attaque sans aucun motif. Elles ont lancé des gaz lacrymogènes sur le cortège des Chinas de Oaxaca, qui dansaient, ignorant volontairement le cordon de soldats et de policiers, rendu nécessaire, selon la version officielle, afin de « protéger le podium de la Guelaguetza contre d’éventuelles menaces contre la sécurité nationale ». Un cordon que formaient des membres de la police municipale et différents corps répressifs du pseudo-gouvernement de
l’Oaxaca, renforcés par des troupes fédérales dépêchées par FeCal* pour seconder l’assassin Ulises Ruiz Ortiz, notamment des effectifs de l’Agence fédérale de recherche (AFI), de la Police fédérale préventive (PFP), de l’armée fédérale mexicaine, ainsi que des militaires en civil. Il faut pourtant savoir que les menaces censées justifier un tel déploiement de forces de l’ordre sont totalement fictives, pour ne pas en dire plus, et n’existent que dans le cerveau malade des chantres de la répression au pouvoir. Ou faut-il croire que pour les haut-fonctionnaires du gouvernement une manifestation culturelle constituerait un danger pour la sécurité nationale ?

Les jets de gaz lacrymogène ont sonné l’attaque des corps de police contre le peuple, qui n’a pas eu d’autre choix que de se défendre avec des pierres, le combat étant rendu inégal par les conditions géographiques et la rigoureuse planification de cette attaque. Au milieu des gaz, les compañeros qui tentèrent de repousser les agresseurs n’ont donc pas pu résister très longtemps et ils ont été pourchassés alors qu’ils s’enfuyaient à travers les rues du centre-ville, ce qui a donné lieu à quelques affrontements et à l’arrestation musclée et sans discernement de plus de quarante personnes, dont beaucoup ne se trouvaient pas sur les lieux des premiers affrontements. Elles ont été sauvagement frappées, les preuves ne manquent pas, les personnes les plus grièvement blessées étant
des compañeros arrêtés sans opposer de résistance qui ont été frappés si sauvagement qu’ils ont dû être hospitalisés dans un état grave et se débattent entre la vie et la mort.

On assiste donc depuis plusieurs jours à une opération d’intimidation, de persécution et de déploiement d’une violence irrationnelle dirigée contre le peuple de l’Oaxaca, qui s’illustre par d’incessants vols de
reconnaissance d’hélicoptères d’attaque, une constante mobilisation de troupes de l’armée fédérale, le harcèlement de la population par des patrouilles de police et des convois de différents corps policiers et
militaires sillonnant les rues et procédant à des arrestations arbitraires, en toute illégalité. Cela ne s’arrête malheureusement pas là, tout indique qu’il ne s’agit en effet que des préparatifs au déclenchement d’une répression encore plus brutale et à plus grande échelle lancée par le pseudo-gouvernement de l’Oaxaca avec le soutien du gouvernement fédéral de FeCal. Un FeCal qui, face au peu de crédibilité que lui ont valu les élections truquées qui l’ont imposé président et à ses manifestations actuelles d’agissements corrompus et de népotisme, essaie de dévier l’attention de l’opinion publique par une des actions les plus aberrantes utilisées par un réactionnaire, en recourant à la répression tous azimuts et à la violation des droits humains fondamentaux pour tenter d’anéantir l’indomptable mouvement de contestation sociale.

Un tel signe supplémentaire du discrédit dans lequel est tombé aussi bien le gouvernement fédéral de FeCal que celui du tyran URO** dans l’Oaxaca ne fait que révéler qu’au Mexique, et en particulier dans l’Oaxaca, il est de plus en plus indispensable de transformer les structures politico-sociales qui président à l’organisation de la vie en société. Il est toujours plus évident que les personnes conscientes qui veulent vivre autrement, dans la solidarité, en toute autonomie et dans la liberté en ont assez de la politique classique qui repose sur le clientélisme, le pillage et l’accumulation de butins. Il est essentiel que les peuples de l’Oaxaca poursuivent leur réorganisation en partant des communes, des quartiers et communautés pour réussir cette transformation radicale dont l’Oaxaca a besoin, un renversement que les partis politiques ne seront jamais capables d’effectuer avec leurs absurdes propositions de « réformes de l’État ».

À cette répression criminelle en cours participent d’autres acteurs, les
cyniques médias, et tout spécialement les médias électroniques (notamment Televisa et TV Azteca), qui, fidèle à leur habitude, occultent et manipulent l’information, rejoignant ainsi la campagne de répression de l’État contre les mouvements sociaux, un État qui se sert de l’armée et des gaz lacrymogènes pour attaquer la population et utilise les médias pour cacher les plus viles violations des droits humains. Un tel blocus médiatique vise à isoler le peuple de l’Oaxaca dans le but d’anéantir complètement notre mouvement social, qui résiste depuis plus d’un an aux assauts de ce pseudo-gouvernement assassin auxquels viennent s’ajouter la récente déclaration signée par tous les partis politiques (PRI, PAN, PRD, PVEM, PT, PC, UP, PANAL). Ralliés à la campagne répressive, ils tentent de
criminaliser la mobilisation sociale en la qualifiant de vandalisme.

À l’expression pacifique des traditions et de la culture, les oppresseurs répondent par la barbarie. À la manifestation pacifique des idées en faveur d’une transformation afin d’améliorer la vie du peuple, les oppresseurs répondent par la mort. C’est pourquoi il est urgent de dénoncer les actes criminels perpétrés actuellement par les assassins du peuple et de dénoncer la préparation du terrain à laquelle ils se livrent dans le but de déclencher une répression encore plus sauvage, sans discernement et à grande échelle.

Il est donc tout aussi nécessaire d’augmenter nos efforts pour obtenir la libération de nos compañeras et compañeros prisonniers politiques, injustement traités comme des criminels simplement pour avoir exposer leurs idées et agir d’une manière pacifique pour instaurer la justice, l’égalité, la démocratie, la solidarité, l’autonomie et la liberté que réclame le peuple d’Oaxaca. Autrement dit, ils sont jetés en prison uniquement parce qu’ils ont fait preuve de la dignité propre aux êtres humains.

Devant un tel climat de répression, nous lançons un appel à tous les
groupes solidaires du Mexique et du monde pour que, le 23 juillet, ils
fassent servir la parole, la culture, l’art et les mobilisations dans la
rue.

Liberté pour tous les prisonniers et toutes les prisonnières politiques !
Dehors URO, le tyran d’Oaxaca !
Que soient châtiés les coupables de la répression !
Soutien au boycott de la Guelaguetza officielle !

VOCAL (Voces Oaxaqueñas Construyendo Autonomía y Libertad)
Le 21 juillet 2007.

* FeCal : surnom évocateur donné à Felipe Calderon Hinojosa, l’actuel
président de la République mexicaine.
** URO : Ulises Ruiz Ortiz, le gouverneur de l’Oaxaca, dont la destitution
est exigée depuis le début du mouvement.

Traduit par Ángel Caído.

http://www.vocal.lunasexta.org/