Tout ouvrier qui se rend à la CRAM (Caisse de retraite et d’assurance maladie) pour faire valoir ses droits à un départ « anticipé » risque d’avoir une très mauvaise surprise. En effet, il y a loin du discours bourgeois à la réalité ! Avoir « le droit » parait-il de bénéficier d’un des dispositifs de la loi du 21 août 2003 qui permet de partir à la retraite de manière anticipée est une chose, savoir qui et combien d’ouvriers peuvent y prétendre en est une autre ! Et ce dispositif n’est vraiment pas un cadeau de la part de la classe exploiteuse. La règle générale est la suivante : il faut avoir travaillé très jeune avant ses 16 ans et pendant 168 trimestres pour pouvoir prétendre à un repos légèrement anticipé et bien mérité. Ce dispositif de la loi Fillon de 2003, correspond à l’article L 351-11-1, du Code de la Sécurité sociale n’est en plus accessible qu’à la condition que les ouvriers eux mêmes fassent les démarches, sans qu’aucun organisme officiel ne les préviennent de son existence ! Bon nombre d’entre eux continuent ainsi à travailler, alors qu’ils pourraient être à la retraite. Pourtant, les ouvriers qui ont commencé à travailler à l’époque à 14 ans sont très majoritairement ceux qui ont effectués toute leur vie les travaux les plus pénibles et les plus usants. Il n’y a aucune illusion à se faire pour nos exploiteurs, il s’agissait à l’époque avec le saupoudrage de ce dispositif particulier et très limité par le nombre d’ouvriers concernés de faire passer au mieux l’ensemble de l’attaque sur les retraites et notamment l’allongement du temps de travail, pour la très grande majorité d’entre nous. En plus et mensongèrement cet article de loi ne comportait apparemment aucune limite dans le temps. Il était prévu d’en faire le bilan et de réexaminer le dispositif en 2008. Mais tout cela est du langage de technocrate bourgeois. En effet c’est depuis la mise en place du dispositif Fillon, que la « suspension » de la possibilité de départs anticipés pour carrières longues avait été programmée. En premier lieu la possibilité d’intégrer, comme temps travaillé, la période du service militaire, ou au titre d’une indemnisation pour maladie, maternité, accident du travail n’est valable que jusqu’au 31 décembre 2008. En second lieu les conseillers de la branche retraite sur la demande de la CRAM, ne peuvent en aucun cas s’engager au delà de décembre 2008. En réalité, il est dit clairement aux travailleurs qui viennent faire valoir leur droit à la retraite que ce dispositif ne va pas au delà de l’année 2008. Bien sur rien n’est dit officiellement pour le moment sur ce sujet. Ce qui est plutôt mis en avant, cyniquement c’est la suppression des régimes spéciaux, au nom de l’égalité entre tous les ouvriers ! Franchement, cette classe d’exploiteurs se moque totalement de nous. Si nous laissons faire cette classe de charognards c’est l’égalité dans la misère qui attend toute la classe ouvrière.

Tino – Courant Communiste International