« les gauchistes et les anarchistes sont les pires fascistes », coupables de vouloir imposer une idéologie à toute la population par la violence. J’ai pas l’habitude d’écrire des textes sur internet, mais ce genre de phrase, qui ressemble à du trollisme c’est vrai, me donne envie de faire une petite mise au point. Je vais pas trop parler des gauchistes, parce que je ne crois pas en être un. En revanche j’ai des tendances fascistes (enfin anar quoi). Je m’adresse donc à nos amis démocrates, et je vais essayer de partager avec eux ma conception de ce qui s’est passé dernièrement (libre à vous de me corriger ou de compléter si ce que je dis est débile, faux ou incomplet).

Les anarchistes sont des gens qui sont forcés (mais qui se soumettent plus ou moins) à vivre dans des sociétés et des systèmes politiques dont ils ne partagent ni les buts ni les modes de fonctionnement (à savoir dans le cas qui nous intéresse une social-démocratie à tendances fascistoïdes), sous peine d’emprisonnement, de famine ou de camping forcé, et ceci sans que jamais ne leur soit laissé le choix d’adhérer ou non à cette démocratie représentative centraliste et « une et indivisible » qu’au nom notamment d’une compétitivité dans l’économie mondiale ou d’une culture et d’une histoire commune on nous présente comme « le pire des systèmes à l’exception de tous les autres » (alors, il est où le fascisme là ?), puisque vu qu’ils sont nés dedans ils doivent se plier au règlement. Comme s’il était réaliste d’espérer rassembler soixante millions de personnes autour d’un projet social commun, ou même d’espérer les gouverner et que cela se passe bien.

Mais pour les anars, ce n’est pas seulement réduire au silence tous les cinq ans les 40 et quelques pourcents de gens qui ne sont pas d’accord : c’est se retrouver immergés dans un pays où l’immense majorité des gens pense qu’ils ne sont que des débiles violents utopistes prônant la loi de la jungle, que l’anarchie c’est le désordre. C’est se voir contraint par des dirigeants, élus par ceux qui votent en pensant que le meilleur moyen d’être maîtres de leur vie c’est choisir ceux qui leur diront quoi faire, de choisir un métier économiquement utile, de payer des impôts pour financer une belle armée, une belle police et si il reste des sous des hopitaux ou des écoles où vous apprendrez le métier en question, et de s’incliner devant les positions autoritaires prises par tous les acteurs de la vie capitaliste à un moment ou à un autre de leur vie.

Alors évidemment ils réagissent. A des degrés divers, bien sur, souvent directement reliés à l’intensité de la contrainte qu’ils subissent et ressentent. Il y en a qui choisissent une vie alternative, d’autres qui militent, certains qui sabotent, il y a des partisans de la propagande par le fait… Alors quoi ? Condamnons ceux qui ne veulent pas sacrifier leur vie parce que tout le monde le fait et réagissent violemment parce qu’on ne leur laisse pas le choix, et dont je le précise je ne fais pas (encore) partie ? De toute façon ce sont des fascistes près au coup d’état, avec leur idéologie, là, vous savez, pas d’autoritarisme, liberté pour tous les hommes de mener leur vie comme ils le veulent mais dans le respect des autres, sans gestion globale déresponsabilisante et paternaliste d’une masse de gens à qui la plus grosse moitié impose à la plus petite la direction à suivre, ou au moins celui qui en décidera (notons bien que les notions de moitié ne se rapporte encore une fois qu’à ceux qui votent, et qui donc reconnaissent implicitement la légitimité de celui qui sera élu) ni rapports inégaux par principe. Même si aujourd’hui je ne suis pas convaincu de l’efficacité et de l’utilité des manifestations violentes, je suis aussi respectueux et compréhensif vis à vis de ce genre de réactions, qui ne sortent pas de nulle part. Je trouve en tout cas que c’est un peu inverser les rôles que de considérer que par ces actes les anars cherchent à imposer leur idéologie alors qu’ils ne font que réagir à une situation jugée injuste (non je ne suis pas socialiste), et tentent de reconquérir une vraie liberté.