Prise de Décision et Consensus : une fiche pratique
Publié dans Passerelle Eco n°9
par Bea Briggs

mardi 4 mars 2003

Origine : http://www.passerelleco.info/article.php3?id_article=87

Fiche Pratique : Comment prendre une décision qui satisfasse tout le monde et qui inclue au maximum les bonnes idées, l’expérience et la sensiblité des personnes concernées ? Selon Béa Briggs et le Global Ecovillage Network

Plan de cette page :

– Contexte et objectifs
– Principe de base
– 5 éléments indispensables
– 3 temps dans l’ordre du jour
– Procédure pour atteindre le consensus
– Historique
– Les différents rôles
– Contenu d’une proposition.
Contexte et objectifs :

Le groupe a des objectifs communs qu’il veut réaliser ensemble. Il faut organiser la discussion afin que chacun soit partie prenante et s’approprie la décision. Chacun exprime son opinion.
Principe de base :

– Chaque personne détient une partie de la vérité.

– 5 éléments indispensables :

Volonté de chacun de partager le pouvoir. Il faut que ce soit vraiment réel. Attention au faux consensus où des personnes ont du mal à abandonner le pouvoir. Il faut être conscient de son rôle dans le groupe.

Engagement de chacun sur ce procédé.

Objectifs communs (définition préalable).

Ordre du jour clair. Il doit être préparé à plusieurs et non pas par un ou deux leaders. Le facilitateur doit bien le connaître. Un même sujet doit être traité en trois séances différentes.

3 temps dans l’ordre du jour :
– Présentation d’un sujet ; on pose quelques questions
– Discussion autour d’un autre sujet présenté lors d’une séance antérieure
– Prise de décision sur un autre sujet discuté lors d’une séance antérieure

Animation effectuée par une personne extérieure ou non impliquée dans l’ordre du jour. Le groupe doit avoir confiance dans le facilitateur. Celui-ci doit aider le groupe à prendre les meilleures décisions possibles, être neutre, poser souvent des questions au groupe pour voir si tout est clair pour tous, être patient et calme, avoir une bonne mémoire et le sens de l’humour.

Procédure pour atteindre le consensus : Il n’y a pas de vote après une discussion.
Prise de Décision

Pour la prise de décision, 3 situations peuvent se présenter :

– Une personne au moins peut bloquer si elle pense que la décision n’est pas bonne pour le groupe.
– Certaines personnes peuvent s’abstenir car leurs convictions les empêchent de soutenir la décision, mais elles sont quand-même d’accord avec la décision prise par le groupe car elles pensent que celle-ci est bonne pour le groupe.
– Il y a un soutien total au groupe.

Pour que la décision soit prise, il faut que la plus grande partie du groupe soit d’accord, sinon on remet la décision à plus tard.

La présentation approfondie de la méthode du consensus détaille cet aspect du rapport entre l’individu et le groupe, et indique que la seule légitimité d’un veto, dans le cadre du consensus, est que la décision mette le groupe en danger.
Historique :

Les indiens d’Amérique, les Quakers pratiquaient un procédé équivalent (le bâton de parole).
Les différents rôles :

Ces différents rôles ne doivent pas nécessairement être remplis par une personne particulière. En fonction du contexte et du groupe, on nommera des représentants de ces rôles, ou bien ils seront répartis informellement lors de la séance. Même dans ce cas là, il est intéressant de noter comment les interventions des participants peuvent lorsque c’est le cas se ranger dans tel ou tel rôle.

– L’animateur-faciliteur : aidé quelques membres du groupe à faire l’ordre du jour (minutage). Il s’entoure d’une équipe.
– Le secrétaire (rapporteur)
– Le gardien du temps
– Le gardien de l’ambiance
– Le scribe qui met les idées en ordre au tableau
– Le gardien de la paix (pacificateur)
– Le gardien du seuil qui empêche d’autres personnes de déranger
– Les gardiens de la direction : Ceux qui prennent la responsabilité de présenter l’idée et de soutenir l’idée (initiateur de la proposition)
Contenu d’une proposition

– Titre
– Date
– Résumé de l’idée principale
– Description de ce qui amène l’idée
– But et justification<
– Actions à entreprendre (coût, quand, comment.)

Cette page fait partie d’un dossier sur les relations humaines qui comporte d’autres documents sur la communication et la prise de décision en groupe.
P.-S.
Une présentation de cette méthode a été faite par Murielle Gehlen et Jean Michel Pochat lors d’une réunion du CA du RFEV. Le texte de cet article a été rédigé par Robin Branchu dans le CR de cette réunion, finalisé par Jean luc Girard et publié dans le n°9 de la revue Passerelle Eco.

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> 5. Consensus et Prise de Décision
6 mars 2003 21:02, par Béneix Anne-Marie

le consensus a ses exigences : il faut du temps, de la souplesse et de la créativité pour trouver une solution qui convient à tous. Mais une fois qu’elle a été prise, cette décision a toutes les chances d’être appliquée avec succés puisqu’elle s’appuie sur l’accord du groupe, l’engagement et la compréhension de la question. Quand il est utilisé avec sérieux, le consensus a l’avantage de rassembler les individus dans une vision commune qui dépasse le problème du moment. C’est le processus de la résolution du conflit qui unit les gens, non un problème particulier. Alors que la règle de la majorité fonctionne en supprimant le conflit et en ignorant ou en niant la position des minorités, le consensus amène le conflit à la surface pour qu’il soit abordé ouvertement et résolu. Le consensus s’utilise dans des groupes petits ou grands. Mais pour qu’il fonctionne bien, il importe que tous les participants connaissent les ingrédients harmonieux. Les voici :

1) Respect des différences et des autres points de vue ;

2) Honnêteté et ouverture dans la discussion du problème ;

3) Capacité d’écouter et de ne pas rester sur la défensive ou rigide dans sa position ;

4) Courage d’exprimer le fond de sa pensée ;

5) Engagement à travailler en toute bonne foi en vue du but commun ;

6) Disposition à abandonner l’idée qu’on a « la » bonne réponse et à explorer de nouvelles avenues ;

7) Conscience et sensibilité à la conscience du groupe.

En résumé, le cercle et la prise de décision par consensus constituent de bons moyens de répartir également le pouvoir. Les groupes communautaires ne fonctionnent pas tous de cette façon, et plusieurs finissent par aliéner même les personnes qu’ils avaient pour objet de servir, du seul fait de leur structure hiérarchique qui est intimidante et inaccessible. Dans un monde régit par des institutions qui ont le pouvoir « sur » nous, notre plus grand défi consiste à trouver de nouvelles façons d’abolir les structures de domination elles-mêmes. Si nous n’y parvenons pas, ceux qui ont été opprimés par le « système » deviendront à leur tour des oppresseurs, perpétuant ainsi le cycle de la domination et de la violence.