Paru sur son site informatique, l’article de la revue économique Capital dont nous publions un extrait a fait l’effet d’une petite bombe : « Christian Streiff, le nouveau PDG de PSA, met la dernière main à un plan de restructuration conduisant à la suppression en France et en Europe de 10 000 emplois dans le groupe et parmi ses sous-traitants. Il aurait souhaité le mettre en œuvre « avant la campagne présidentielle » car, dit-il en privé, « il en va de la survie de PSA », mais sous la pression de certains de ses administrateurs et de Matignon, il s’est dit résolu à attendre le lendemain de cette élection (…) A peine arrivé, début février, à la tête de PSA, Christian Streiff a lancé un audit du constructeur automobile. Tout en demandant, dans le même temps, au gouvernement « un geste » pour aider les sous-traitants qui risquaient de se retrouver rapidement « sur le carreau ». Ce qui fut fait : avec l’aval de Dominique de Villepin, il déposa très vite un dossier auprès de la Commission européenne pour que les sous-traitants de PSA puissent bénéficier des aides européennes pour « les victimes de la mondialisation ». (…)En contrepartie de « son geste », Streiff s’engagea auprès de Gérard Larcher, le ministre délégué à l’Emploi et au Travail à ne pas « annoncer ces charrettes en pleine période de campagne présidentielle », ces suppressions de postes étant « d’autant plus sensibles électoralement » qu’elles risquaient de toucher en France les sites d’Aulnay en région parisienne ou de Rennes. Voire les deux. Le hic, c’est qu’il affirme aujourd’hui en privé que « la mise en œuvre de son plan ne peut plus attendre l’été ». Et sans doute même pas le deuxième tour des législatives fixé au dimanche 17 juin. Ajoutant : « l’idéal serait d’annoncer ces suppressions d’emplois après le deuxième tour de la présidentielle ». C’est-à-dire après le 6 mai. Quel que soit le prochain président de la République. » On sait aujourd’hui que malgré les démentis officiels de la direction, la « nouvelle » s’est propagée très vite. Si bien que l’annonce de la suppression de 4800 emplois en France (qu’on promet comme uniquement sur base « de départs à la retraite ou de départs volontaires ») était faite dès le 25 avril sans attendre la réunion du conseil d’administration prévue le 9 mai. Ce plan vient s’ajouter aux 10 000 suppressions d’emploi en cours d’exécution depuis fin 2006, notamment en Grande-Bretagne. Dans la foulée, un éditorialiste de La Tribune déclarait que la situation se présentait de façon aussi critique pour les mêmes motifs chez le constructeur Renault et aurait les mêmes conséquences avec à la clé des réductions d’effectifs comparables. En fait, tout le secteur automobile est au cœur de la tourmente. Dans la même période, le 18 avril, était annoncée la suppression de 1700 emplois à Bochum chez Opel pour le compte de General Motors (3 ans après un précédent plan de restructuration où près d’un tiers des effectifs avaient été supprimés). En même temps, ces suppressions d’emplois qui concernent certaines branches d’activité et pas d’autres sur un site qui marche bien (comme on l’a vu aussi chez Airbus) tentent de relancer la concurrence entre ouvriers et d’alimenter un chantage à la délocalisation et à l’acceptation de contrats d’embauche nouveaux à plus bas salaires.

Une étude du 16 mars intitulée « Les défis de la restructuration mondiale du secteur automobile » commandité à un groupe d’experts économiques à l’assureur Euler-Hermes dressait un tableau sans appel : 117 000 emplois ont disparu de la filière automobile européenne entre 2000 et 2006 (dont 70 000 depuis 2004). En France, 28 000 emplois salariés ont été perdus dans la même période chez les constructeurs et leurs équipementiers dont 9000 dans la seule année 2006. Entre 20 000 et 30 000 emplois devraient disparaître dans les 3 ans chez les constructeurs tandis que les équipementiers devraient sacrifier 5000 emplois par an. Et les chiffres sont encore plus impressionnants dans l’industrie automobile américaine, notamment avec ses géants : General Motors, Ford ou Chrysler. Au total, 300 000 emplois supprimés entre 2000 et 2006 et pour la période 2006-2009, 285 000 le seront à leur tour.

L’automobile n’est pas le seul secteur touché. Dans l’électronique, Philips a supprimé 41 000 emplois entre 2004 et 2006 dans le monde. Le groupe pharmaceutique allemand Bayer a annoncé le mois dernier la suppression de 5000 emplois.

Récemment, BN Amro, première banque des Pays-Bas, et la britannique Barclays, ont annoncé lundi 23 avril leur fusion qui créera la deuxième banque européenne et la cinquième mondiale, avec 220 000 employés et 47 millions de clients … A quel prix ? La fusion des deux banques va entraîner la suppression de 12 800 emplois, tandis que 10 800 autres seront sous-traités.

Les services publics ne sont pas en reste : dans les télécoms, les transports (comme notamment à la SNCF) ou chez les fonctionnaires, des milliers d’emplois disparaissent chaque année. En France, il y a eu entre 6000 et 9000 suppressions d’emplois à La Poste en 2006, et 874 bureaux de poste ont été supprimés. D’ici 2010, toujours à la Poste 30 000 suppressions d’emplois seraient d’ores et déjà prévues.

Voilà l’avenir que le capitalisme réserve aux prolétaires et à leurs enfants. Seul le développement des luttes ouvrières à l’échelle internationale pourra s’y opposer.

W – Courant Communiste International