A en juger par le taux de participation annoncé à midi, beaucoup de français(e)s semblent à ce jour croire, ou plutôt vouloir croire, qu’on peut changer quelque chose avec un bulletin de vote et que leurs élus peuvent exercer une réelle influence sur le système économique et social en place. Mais l’examen du fonctionnement de l’actuelle campagne des présidentielles françaises pourrait les inciter à mettre en cause ce point de vue. Notamment, par l’évidence des énormes possibilités d’interférence des groupes de pression liés à des intérêts privés et par la capacité de ces groupes d’étouffer tout débat réel grâce à leur contrôle des médias. Même en ce moment, alors que le Conseil Constitutionnel rappelle sur son site que sont interdits tant la veille que le jour du scrutin : a) toute propagande officielle ; b) toute distribution de tracts ; c) toute réunion électorale ; d) tout envoi au public, par voie électronique, d’un message ayant le caractère de propagande électorale ; e) toute modification des sites Internet des candidat… les moyens d’intervention des médias privés restent considérables. On peut lire qu’un membre de l’équipe de Ségolène Royal aurait, d’après des dépêches récentes, été surpris au cours d’une diffusion illégale de tracts. Ce que l’intéressé a démenti. Mais les médias disposent, pendant un week-end électoral, de moyens d’expression légaux et autrement plus puissants qu’une distribution de tracts, à condition de savoir garder quelques formes.

Quant aux sondages, le Conseil Constitutionnel précise que « s’agissant des sondages ayant un rapport direct ou indirect avec l’élection présidentielle, leur publication, leur diffusion et leur commentaire sont également interdits la veille du scrutin et le jour du scrutin, jusqu’à la clôture du dernier bureau de vote ». Mais on trouve de tels sondages sur des sites d’autres pays, repérables à travers les moteurs de recherche.

Bref, le système entretient une apparence superficielle d’indépendance des élections bourgeoises. Mais la pression des grands intérêts privés sur l’opinion citoyenne et sur les électeurs est permanente.

Hier soir, un article d’Indymedia Estrecho intitulé :
« François Bayrou, la « campagne heureuse » et le rôle des médias dans les élections présidentielles françaises » évoquait la publication, samedi matin, d’une dépêche Reuters intitulée :
« François Bayrou, la « campagne heureuse » » qui pontifie d’emblée : « François Bayrou a réussi son premier pari : apparaître comme un candidat crédible. Un candidat capable de troubler le paysage politique français traditionnellement marqué par le clivage droite-gauche ». Un article de ce matin soumis à Indymedia Grenoble souligne la large diffusion de cette dépêche : l’Express, le Monde, la Tribune, Capital, Boursier.com… Les deux notes soumises à Indymédia relèvent également un article d’Echo-Nature daté de samedi, intitulé : « Présidentielle : net avantage Bayrou pour l’écologie » avec, à la fin cette remarque : « Si F. Bayrou était élu, il est probable que le n° 2 de son Gouvernement serait Corinne Lepage ». Ou encore, une dépêche de l’Agence Bretagne Presse datée du samedi 21 avril, à 16h11 : « La meilleure vision économique, c’est Bayrou ». Le cas de Bayrou n’est qu’un exemple, mais rappelons encore qu’il s’agit d’un candidat qui, tout récemment, mettait lui-même en cause le rôle des médias. Ce qui peut surprendre, s’agissant d’un ancien membre de la Commission Trilatérale et avec des « entrées » dans nombre de réseaux.

En même temps, au cours de cette campagne présidentielle, les médias ont su étouffer toute perspective de débat sur les questions « délicates » : stratégie des multinationales et des lobbies financiers, généralisation du dumping social aux échelles européenne et planétaire, délocalisations, projets de mise en place d’un Etat européen et de militarisation de l’Europe…

Car, tout compte fait, ce que met en évidence cette situation n’est autre que le pouvoir dont disposent ceux qui contrôlent des médias, des moteurs de recherche, des sites à haute fréquentation… Cette petite minorité, dont les intérêts sont dans l’ensemble proches de ceux des multinationales et des milieux financiers, dispose d’énormes moyens de faire passer des messages en plein week-end électoral, là où un militant déclaré doit se taire. Telle est, si on va au fond des choses, la véritable nature d’un système dit « démocratique » mais, en réalité, capitaliste.

 

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