« Qu’est-ce que c’est que cette histoire de Fantine ?
C’est la société achetant une esclave.
A qui? A la misère.
A la faim, au froid, à l’isolement, à l’abandon, au denûment. Marché douloureux.
La misère offre, la société accepte. »
(Victor Hugo, «Les Misérables», 1862).

Désormais nous parlons de loi de l’offre et de la demande. Nous faisons remarquer que la loi sociale est élaborée au masculin, que la prostitution est le produit socialement et historiquement construit de la domination masculine elle-même fruit de représentations archaïques des genres inlassablement reproduites depuis la nuit des temps.

Rien n’a pourtant fondamentalement changé en pratique. De plus en plus de Fantine continuent d’arpenter les trottoirs de la prostitution. Prostitution de masse, prostitution de la misère, de la violence. S’il n’est de vérité que statistique, alors les statistiques disent que 80% des prostituées (sur 20 000) exercent sur les trottoirs et que près de 70% d’entre elles sont des migrantes.

Dupées ou non. Vendues ou non. Forcées ou non par des proxénètes barbares ou non, maffieux ou non. La majorité d’entre elles sont cependant aux mains de réseaux extrêmement violents. Cela ne rend pas pour autant la prostitution  » traditionnelle  » sympathique, normale ou acceptable.

Lire l’article intégral : « Fantine ou le droit de se prostituer », par Catherine Albertini.

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