De San Cristobal de las Casas, Chiapas-Mexico

Mercredi 25 mars, une délégation de 7 commandants, de 7 commandantes et d un sous-commandant (Marcos) accompagnée par des représentants de diverses organisations s’est réunie à San Cristobal pour lancer la deuxième étape de « l’autre campagne ». L’autre campagne est une initiative des zapatistes lancée en juillet 2005 pour élargir le champ des luttes sociales et organiser les solidarités à la base, au Mexique et partout dans le monde. Le 1er janvier 2006, une caravane dans laquelle figuraient l’EZLN (l’armée zapatiste) et plein d’autres individus et organisations de la « société civile », partait pour sillonner le Mexique et aller à le rencontre des gens « d’en bas et à gauche » (traduction moche de  » de abajo y a la izquierda »). L idée défendue par les zapatistes et les adhérents à l’autre campagne est que l’on peut faire de la politique autrement hors des institutions, des partis politiques et des élections ; qu il faut combattre le capitalisme, les hiérarchies, toutes les formes d’injustices et d’oppressions; qu’il faut défendre toutes les minorités, leur droit a l autodétermination et le respect de leurs différences. Pour plus d informations: http://cspcl.ouvaton.org/article.php3?id_article=327

L’année passée, la caravane de la « otra » a sillonné un Mexique en pleine campagne électorale présidentielle. Mais surtout elle a rencontré un Mexique traversé par une vague de mouvements sociaux et de répressions d’une ampleur quasi sans précédent ( Atenco et Oaxaca). Initiant la « campagne mondiale pour la défense des terres et des territoires des indigènes et des paysans autonomes du Chiapas, du Mexique et du monde », les adhérents de l’autre campagne n’ont pas manqué, ce mercredi 25 mars, de témoigner leur solidarité sans faille au Front pour la défense des terres d Atenco, à la APPO et à toutes les victimes de la répression qui sévit toujours aujourd’hui (il y a 2 jours (24/03/07), un jeune activiste de Oaxaca a été blessé et arrêté lors d une manifestation).

Avant de partir aux 4 coins du Mexique, Les délègues de l’EZLN n’ont pas non plus manqué l’occasion de rappeler que le Chiapas connaît aujourd’hui une recrudescence des activités paramilitaires. Fin 2006 et début 2007 plusieurs attaques sanglantes ont en effet été menées par un groupe (connu sous le nom de la OPDIC) contre des communautés zapatistes. Ce groupe paramilitaire qui a le soutien de l’armée (armes et formation) et des autorités politiques mexicaines (au niveau fédéral et local) entretient un climat de terreur permanent visant à saper les bases zapatistes.
Le Chiapas connaît en effet une guerre de basse intensité. Les deux enjeux principaux de cette guerre sont l’affaiblissement du mouvement zapatiste et la conquête des régions du Chiapas (montes Azules) qui représentent un potentiel énorme de développement touristique et économique (ressources énergétiques, eau potable…). Les deux sont bien entendus lies puisque les zapatistes sont le principal obstacle au projet de conquête du territoire chiapaneque par l’Etat et les multinationales engagés dans le pharaonique plan de « développement économique » appelé Puebla-Panama. Ainsi, aux attaques des paramilitaires (dont certains pensent qu’elles donnent un prétexte a l’armée pour intervenir), il faut ajouter les attaques psychologiques et économiques menées par le gouvernement. Ce dernier profite de la pauvreté et tente littéralement d acheter les indiens en offrant des « cadeaux » à ceux qui quittent le mouvement zapatiste.

Pour plus d’informations (en espagnol):
-http://chiapas.mediosindependientes.org/
-http://www.ciepac.org/index.php