Ça ira !

Mercredi et jeudi soir, les CRS sont intervenus sur le campus contre une cinquantaine d’étudiants qui occupaient la Présidence. Ces interventions requises par le Président Gontard viennent couronner son refus obstiné de négocier sur les demandes adressés par les occupants, partie prenante du processus référendaire à Rennes 2 : que celui-ci s’exprime publiquement en AG quant à la réforme proposée, et qu’il dépêche sur le lieu du vote un assesseur et une photocopieuse pour garantir la régularité du référendum. Il ne s’agissait en aucun cas de demander à l’administration de cautionner le référendum mais d’en reconnaître la légitimité : de reconnaître que les étudiants et les personnels peuvent librement élaborer une réforme des institutions, en débattre publiquement, et si leur projet rencontre un large écho, le mettre progressivement en œuvre.

Mais pour M. Gontard les institutions universitaires ne sont pas démocratiques en tant qu’elles garantissent ces droits, mais justement en tant qu’elles interdisent toute initiative de ce type. Selon ses propres termes, un référendum ne peut venir que de l’institution elle-même. M.Gontard parle d’ « institution démocratique » là où il n’y a qu’une confiscation institutionnalisée, conservatrice et autoritaire de l’institution par une poignée d’administrateurs prenant à huis clos des décisions sur lesquelles les étudiants n’ont aucune prise.

Dernier exemple en date, le conseil d’administration de vendredi : la direction a avalisé les statuts des PRES (pôles de recherche universitaire) en se claquemurant dans la Présidence fermée au public pour parer à toute protestation. Il est vrai que les PRES, qui entérinent l’autonomie croissante des universités à l’égard de l’État à mesure qu’elles se conforment aux exigences des entreprises locales, accentuent encore le caractère dérisoire des possibilités légales d’intervention des étudiants, puisque les grandes orientations seront désormais déterminées par un collège régional où siègeront en priorité représentants de l’État, des entreprises et des collectivités territoriales.

L’université aujourd’hui ne se réforme pas, elle s’ajuste aux politiques libérales en cours, et elle ne le peut qu’en combattant l’expression démocratique des étudiants. La Présidence (Ouest-France du 3 Mars) annonce d’ailleurs qu’elle va créer un service d’ordre de 150 à 200 personnes sur l’université pour éviter d’avoir recours à la police, manière d’obliger les personnels à prêter main forte à ses basses besognes policières. M.Gontard croit avoir tout dit en affirmant que les organisateurs du référendum ne sont qu’une « minorité non identifiée » que nous ne sommes pas tous étudiants. Certes, nous ne sommes pas parrainés par un parti politique ou un syndicat, même si certains d’entre nous adhérent à différentes organisations connues. Peu importe au fond. Ce qui nous réunit, c’est cette évidence que la politique appartient à tous, que le premier venu est aussi légitime à parler et à prendre part au processus démocratique que les politiciens et experts payés pour gouverner.

C’est ce qui s’affirme chaque fois que le peuple fait irruption sur la scène de ceux qui ont titre à gouverner ; que cette irruption soit le fait de cinquante personnes ou de cinq cent mille. Cette irruption qui est la principale hantise des pouvoirs actuels, met toujours en crise les divisions induites par la mise en concurrence de tous sur le marché du travail : ainsi les étudiants et ouvriers se côtoyaient-ils dans les usines et universités occupées en 68, ainsi avons-nous côtoyé les jeunes des quartiers pauvres dans la rue lors du mouvement du printemps dernier. Que tous les partisans de la réforme ne soient pas étudiants est donc une force pour le mouvement démocratique, un fait cohérent et nécessaire dans la mesure où nous voulons la transformation de l’université actuelle en université du peuple ouverte à tous.

Aujourd’hui, dans un grand nombre de facs (Rennes, Rouen, Nanterre, Lyon, La Sorbonne, Grenoble…) un certain nombre d’étudiants, par des biais différents (notamment la lutte contre les politiques sécuritaires à l’université) commencent à mettre en question la légitimité du fonctionnement universitaire. Un vaste mouvement populaire s’annonce à l’approche des élections comme en d’autres temps à l’approche des Etats généraux. Il dépendra de la prise de parti de chacun que l’élection soit l’occasion d’une irruption démocratique se traduisant par la généralisation des formes de délibération et de décision de ceux qui vivent, étudient et travaillent dans ce pays (et sont tenus à l’écart de toutes les instances de pouvoir), ou qu’elle ne constitue qu’un nouvel épisode de légitimation des politiques libérales mises en œuvre depuis vingt cinq ans.

Le comité d’organisation (ouvert à tous) du référendum appelle tous les étudiants et personnels à une

ASSEMBLEE GENERALE , MARDI 12 H 30, RDV HALL B Pour

réagir à l’intervention des CRS sur le campus la semaine dernière
obliger le conseil d’administration à revenir sur les décisions qu’il a prise quant aux PRES
débattre sur le projet de réforme soumis au référendum les 6, 7 et 8 Mars dans le Hall B entre 10 h et 17 h
mettre en place l’appropriation de l’espace universitaire par les étudiants et personnels cette semaine (projections de films, débats, conférences, concerts…), sachant que la Présidence a retiré ses autorisations (conférences de Rancière et Halimi) au motif de leur caractère « subversif ».

CETTE SEMAINE A RENNES II-

PROGRAMME DU REFERENDUM « Pour une université démocratique et populaire »

Mardi 06 mars : 10 h-17h : OUVERTURE DU BUREAU DE VOTE POUR LE REFERENDUM, HALL B

« Souhaitez-vous faire de l’université de Rennes II une université démocratique et populaire dans le sens de la réforme proposée ? » (Propositions disponibles à proximité du bureau de vote)

12h30 : ASSEMBLEE GENERALE à l’ordre du jour notamment : – Interventions et répressions policières sur le campus de Villejean la semaine dernière.

Vote en catimini du PRES (Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur) par le conseil d’administration. – Poursuite de la délibération autour des propositions de réforme de l’université. (Un repas sera disponible à prix libre en soutien au référendum)

19h : CONFERENCE- DEBAT, rdv hall B avec Serge Halimi « Les médias en campagne », Il est l’auteur de « Les nouveaux chiens de garde », proposée par l’association Acrimed

Mercredi 07 mars : 10h-17h : OUVERTURE DU BUREAU DE VOTE, HALL B

18h : CONFERENCE -DEBAT, RDV HALL B, avec Jacques Rancière « L’Egalité : entre politique et éducation », Il est l’auteur notamment de « Le maître ignorant, Les scènes du peuple, La haine de la démocratie… » Il devrait être également question des expériences singulières d’enseignement : en particulier le cas de Vincennes, dans les an.70.

Jeudi 08 Mars : 10H-17H : OUVERTURE DU BUREAU DE VOTE, HALL B

18h : PROJECTION DE « GRANDS SOIRS, PETITS MATINS » FILM DE WILLIAM KLEIN, composé d’images d’archives de Mai 68. Présentation du surgissement de 68 par Jean, historien du mouvement ouvrier.

NOTA BENE : L’administration de l’université ayant refusé de nous fournir un assesseur, la régularité des votes pourra être vérifiée à tout moment par quiconque, partisan ou adversaire de la réforme. Les résultats définitifs seront communiqués Lundi 12 Mars.