Rap artcore et politique [PARTIE 3]

On aurait pu espérer que, dans les têtes de ceux qui composent la frange de la population sur laquelle une poignée de bourgeois s’essuie depuis des siècles, l’intelligence rebelle l’emporterait sur la connerie qui donne la papatte.

On aurait pu penser que cette masse anonyme qu’on appelle la jeunesse aît compris.

Compris que dans ce monde les dominants ont besoin que certains qu’ils martyrisent sortent du lot afin de jouer les riches devant leurs frères et ainsi les faire baigner dans une espérance malsaine pour qu’au final ils crèvent dans la passivité.

Compris que derrière l’horreur quotidienne de l’exploitation, de la répression, de la drogue, de l’inculture, de l’insalubrité de ces tours au futurisme tuant le présent, derrière la télé et ses couleurs triste, derrière toute cette survie de merde, se cachent une pensée, une raison, des responsables, une classe sociale, des ordres, une politique clairement définie et appliquée depuis des lustres.

Compris qu’il ne s’agit pas, en ce bas monde, de singer les chiens pour devenir des hommes.

Compris que le combat le plus créatif et de loin le plus gratifiant n’est pas cette lutte misérable pour chier dans des chiottes en or avec l’odeur de cadavres de ceux qui, pas très loin, sont morts de faim.

Compris que respecter des écrits soi-disant sacrés, mépriser, maltraiter les femmes libres et égales des hommes, flinguer par pauvreté d’esprit, ne pas savoir parler, ne plus pouvoir penser, ne jamais vraiment aimer, c’est l’apanage des faibles, des vaincus, des soumis.

Compris que quand on ne mène pas la guerre au véritable ennemi on le renforce.

Compris que plus on consomme, moins on vit.

Compris, enfin, qu’être la médiocrité qui ne doute de rien, c’est avant tout souffrir d’infirmité.

Mais l’Histoire en a décidé autrement : l’époque est à l’abrutissement des masses !

On en sait qui doivent bien se marrer, dans leurs châteaux de milliardaires, en écoutant les enfants de ces ouvriers qu’ils condamnent à l’usine vanter, à la radio, sur l’écran de télévision, les mérites de cette société. Les petits pantins de cité médiatisés ont au moins cette singularité qu’ils amusent les gosses de riches et flattent l’ego des grandes fortunes.

Et quant à ces rappeurs pathétiques qui hurlent « Vive Bernard Tapie » parce qu’à travers lui ils reconnaissent l’ordure se frayant le chemin du succès, ils auraient été vendeurs de chaussettes ou de came, quand bien même ça aurait fait de la tune, qu’ça serait revenu au même !

On veut faire la leçon à personne ; on sait juste qu’il existe deux types de connards entraînant le monde vers l’apocalypse :
– Les bourgeois, qui nous exploitent et nous répriment.
– Les prolos abêtis par la classe dominante et conditionnés pour aboyer des glorioles à la marchandise, au foot, à la religion, au sexisme, à la fierté.

On sait que la populace s’oppose souvent au peuple déterminé à s’émanciper. Hitler nous l’a bien démontré en embrigadant des millions de chômeurs et de délinquants dans ses sections d’assaut, en vue d’exterminer ceux qui se battaient pour la liberté.

Alors toutes ces petites raclures qui font du blé en s’appropriant une musique, une culture gratuites basées initialement sur la tolérance et la non-violence… Tous ces idiots qui jouent les gangsters, les machos, les religieux.

Tous ces faux mecs qui, comme au carnaval, font dégueuler leur richesse récente, média interposés, pour vendre le rap comme on vend du papier-cul. Tous ces gens là ne sont que des collabos, des lèche-bottes du système.

Que nous abattrons !

Que nous abattrons !

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