A. FINKIELKRAUT A NOUVEAU DEVANT LES TRIBUNAUX

Citation d’avant propos :

« Il n’existe que deux choses infinies, l’univers et la bêtise humaine… mais pour l’univers, je n’ai pas de certitude absolue. »

Albert Einstein

Mercredi 14 février, à 13h30, devant la XIème chambre de la Cour d’Appel de Paris, se tiendra l’audience de l’appel interjeté par le cinéaste et enseignant Eyal Sivan, suite à la décision rendue au printemps dernier par le tribunal qui n’avait pas jugé diffamatoires les propos tenus par Alain Finkielkraut à l’antenne de Radio J.

Rappelons que, suite à la diffusion du documentaire réalisé par Eyal Sivan (israélien) et Michel Khleifi (palestinien) « Route 181, fragments d’un voyage en Palestine-Israël » par Arte en novembre 2003, et alors que le cinéaste israélien était menacé de mort,
Alain Finkielkraut avait qualifié le film d’ «appel au meurtre» et traitéEyal Sivan d’ «antisémite juif» , lui attribuant la volonté de «tuer les juifs, de les liquider, de les faire disparaître» .

Maître Antoine Comte est le conseil de Eyal Sivan.

Eyal Sivan

Retour en arrière sur les causes de ce procès

Le 30 juin 2003 , sur RCJ (Radio Communautaire Juive) , dans l’émission « Qui Vive », Alain Finkielkraut commente le film d’Eyal Sivan et co-réalisé avec le cinéaste palestinien Michel Khleifi « Route 181, fragments d’un voyage en Palestine-Israël ». Il s’agissait d’un road-movie et d’un recueil de témoignages le long de la ligne de partage entre Palestine et Israël tracée par les Nations unies en 1947.

Après avoir déclaré que

«ce film est la catastrophe, le désastre de toute intégrité, une atteinte à toutes les vérités factuelles»

et qu’il constitue

«un appel au meurtre»

, Alain Finkielkraut a accusé Eyal Sivan d’être

«l’un des acteurs de l’antisémitisme juif qui sévit aujourd’hui»

. Évoquant

«la haine de Eyal Sivan à l’égard des juifs»

, il ajoutait que, pour Sivan,

«il s’agit de les tuer, de les liquider, et de les faire disparaître»

et, toujours à propos du cinéaste israélien, que

«ceux qui nous cousent sur la poitrine une croix gammée ont envie de revendiquer pour eux-mêmes une étoile jaune»

. Il suggérait enfin aux auditeurs de créer autour de Sivan

«une espèce de barrière de sécurité»

.
_ Ces propos infamants s’ajoutent aux menaces de mort et au harcèlement téléphonique anonymes, ainsi qu’aux pressions que subit Eyal Sivan depuis deux ans (depuis 2001). Maître Antoine Comte a déposé une plainte contre X le mardi 17 février, plainte par laquelle M. Sivan s’est constitué partie civile. Pour Eyal Sivan, «cette stratégie d’intimidation utilisée par les soi-disant amis d’Israël et qui consiste à nazifier l’adversaire politique vise à empêcher toute évocation de la réalité criminelle de l’occupation israélienne dans les Territoires palestiniens. Leur conduite qui consiste en violence verbale, harcèlement juridique, chantage à l’antisémitisme, menaces et pressions est le reflet de la politique israélienne, qui se considère au-delà de toutes les lois internationales. J’espère qu’à travers cette plainte, les tribunaux français vont rappeler où sont les limites du débat et mettront fin à la surenchère verbale dont usent certaines personnalités sionistes». Eyal Sivan.

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Communiqué du 27/6/2006, d’EYAL SIVAN, suite à la relaxe prononcée par le tribunal

Finkielkraut est un islamocidaire haineux

A la suite du procès pour diffamation intenté par le cinéaste israélien Eyal Sivan contre le présentateur radiophonique islamophobe Alain Finkielkraut, la XVIIe chambre du Tribunal de Grande Instance de Paris a estimé que Alain Finkielkraut « livre une opinion – incontestablement péjorative compte tenu de la réprobation unanime qui s’attache à l’antisémitisme (…) – fondée sur la libre analyse d’une ouvre soumise au regard du public. (…) Une telle démarche intellectuelle – si elle peut sembler parfaitement injuste (…) notamment en ce qu’elle se fonde sur une assimilation discutable entre anti-sionisme et antisémitisme et qu’elle semble ne tenir aucun compte du ressort estimable qui consiste à avoir à l’égard des siens une exigence bien plus grande (…) – est donc exclusive de l’imputation d’un fait précis. »

Le tribunal n’a pas jugé que les propos tenus par A. Finkielkraut étaient diffamatoires au sens de la loi et a donc débouté Eyal Sivan dans l’action intentée contre Alain Finkielkraut pour diffamation.

Eyal Sivan et son conseil, Me Antoine Comte, font appel de cette décision.

Rappelons que le 30 novembre 2003, A.Finkielkraut avait consacré, sur la radio RCJ, une longue émission au film « Route 181, Fragments d’un voyage en Palestine-Israël » et déclaré que le réalisateur israélien Eyal Sivan était « l’un des acteurs de (…) l’antisémitisme juif qui sévit aujourd’hui ». Evoquant « la haine de Eyal Sivan à l’égard des juifs », il ajoutait que, pour Sivan, « il s’agit de les tuer, de les liquider, et de les faire disparaître » et suggérait enfin aux auditeurs de créer autour de Sivan « une espèce de barrière de sécurité ».

A la lumière de la décision du tribunal, on peut déclarer publiquement, sans que cela relève de la diffamation, que M. Finkielkraut est un islamocidaire haineux qui veut tuer, liquider et faire disparaître les immigrés arabes.

EYAL SIVAN

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Témoignage de Théo Klein, ancien président du CRIF, apporté au procès, en faveur d’Eyal Sivan

« Cher confrères,

Vous m’avez confraternellement fait part du procès en diffamation dans lequel vous représentez les intérêts de M. Eyal Sivan, procès dirigé contre M. Alain Finkielkraut, à l’occasion de l’une de ses causeries sur RCJ. Vous m’avez plus précisément donné connaissance de certains passages de ses causeries et notamment de ceux qui font l’objet de vos poursuites. Je connais depuis longtemps Alain Finkielkraut et j’ai participé, avec plaisir et intérêt, aux émissions auxquelles il m’a jadis invité. Je suis aussi parfaitement informé de ce qu’il ne partage pas les mêmes opinions que moi sur la notion et l’emploi du mot antisémitisme, et sur la nature des sentiments prêtés à ceux qui critiquent, fondamentalement ou non, la politique de l’Etat d’Israël, ou même les fondements du sionisme.

Pourtant, de là à prononcer les phrases violentes que vous mettez en cause, il y a toute la méconnaissance d’une longue histoire du peuple juif et de la nature des relations entre ceux qui ne partagent pas les mêmes opinions, même lorsqu’il s’agit de points fondamentaux. Le principe « tout Israël répond l’un de l’autre » a nourri notre éthique au cours des siècles, et jamais l’idée ne serait venue aux Rabbins, même lorsqu’ils étaient les plus farouches adversaires, de se disqualifier dans des termes aussi vigoureux que ceux que j’ai lus.

Puis-je ajouter que jamais aucune autorité, aucune personne, à ma connaissance, n’a songé, en Israël, à traiter d’antisémites les trois personnes citées dans la causerie d’Alain Finkielkraut ? Ils sont citoyens israéliens, participent à la vie politique, sont heureusement très minoritaires, mais, pour autant, n’ont pas perdu leur qualité de citoyens, ni le respect attaché à cette qualité. Je lutte personnellement pour que les mots antisémitisme et antisémite ne soient pas étendus à tous les délinquants ou à tous les délits qui peuvent atteindre un Juif, comme ils peuvent atteindre toute autre personne, à raison de ses qualifications particulières.

Il me semble que la loi et les tribunaux ont des textes suffisants pour condamner, sans qu’il soit besoin de catégories particulières, qui alors renvoient à une sorte de ségrégation, contre laquelle, justement, je désire lutter. Mon père a connu l’affaire Dreyfus. J’ai personnellement vécu le statut des Juifs et nous avions, l’un et l’autre, compris qu’il s’agissait avant tout d’un combat de la réaction contre la République. Alain Finkielkraut a déjà commis une terrible erreur en parlant, en 2001, de la « Nuit de Cristal », jetant ainsi une partie de la communauté juive en France vers le sentiment, totalement infondé, d’un retour aux années terribles, c’est-à-dire d’un début, dont la fin était tragiquement connue.

Traiter un Israélien juif d’antisémite est, je le répète, totalement contraire à l’éthique juive, comme au respect de la confrontation politique. C’est également une ânerie. Le tribunal dira sa qualification. »

Théo Klein

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Conséquences de ce message de haine de Finkielkraut

La diatribe de Finkielkraut sera aussitôt suivie à la lettre par certains qui n’ont pas hésité à menacer de mort le réalisateur israélien. Eyal Sivan recevra le 5 mars 2003, parmi d’autres menaces, une balle de 22mm, avec un bristol lui précisant que …

la prochaine n’arrivera pas par la poste

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Raphaël Schoemann, a comparu devant le tribunal correctionnel de Paris, jeudi 11 mai 2006, suite à la plainte déposée par douze parties civiles, parmi lesquelles Eyal Sivan, Alain Lipeietz, José Bové, Monique Chemillier-Gendreau, Mondher Sfar, Jean-Claude Willem .
C’est un mail envoyé à Alain Lipietz qui a permis de remonter jusqu’à ce retraité de 65 ans, marié et père de deux enfants, au casier judiciaire vierge, qui voulait s’en prendre à des personnes qu’il estimait « antisémites » en raison de leurs écrits sur le conflit israélo-palestinien. Raphaël Schoemann signait ses mails « Nadine Mouk », une formule qui signifie en arabe dialectal : « Maudite soit la religion de ta mère. »
_ Le prévenu ne conteste pas les faits. « J’ai choisi mes victimes en raison de leurs liens avec l’extrême droite, déclare-t-il. Ils se sont tous livrés à des déclarations à caractère antisémite [3] . J’ai essayé de saisir la Licra. Sans résultat. Je ne voyais pas d’autre issue. Mais cela n’a pas suffi. Ils n’ont pas assagi leur propos. »
« Je n’avais aucune intention de passer aux voies de fait, surtout avec des armes », assure-t-il. Pourtant, des armes à feu, les enquêteurs en ont trouvé chez Raphaël Schoemann : un véritable arsenal, et notamment un fusil à répétition SIG et un revolver Smith et Wesson, deux armes interdites à la vente en France et acquises illégalement en Suisse, en décembre 2003, quelques mois après l’envoi des courriers. « J’utilisais ces armes pour tuer des nuisibles dans la propriété de mes parents, ou dans mon club de tir », se défend le prévenu.

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Le verdict sera finalement de 10 mois de prison avec sursis

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Retour sur queques « dérapages », qui n’en sont pas puisque répétés

, d’Alain Finkielkraut