Pour faire reprendre le travail et faire passer cette solution soufflée par les milieux impérialistes pour une « victoire du peuple », les dirigeants syndicaux expliquaient que le futur premier ministre disposerait de la réalité du pouvoir et que le sinistre clan Conté, ses affairistes et ses tueurs, serait ainsi effectivement mis dans l’incapacité de nuire.

Cependant face au retard de la nomination de ce premier ministre ainsi qu’au non respect du paiement intégral des jours de grève et d’autres clauses de l’accord du 27/1, les syndicats ont menacé le 2 février de déclencher une nouvelle grève générale à partir du 12. Le régime a mis à profit le délai laissé par les chefs syndicaux: au lieu de les contacter comme ceux-ci l’espéraient pour négocier, vendredi 9 février Lansana Conté a nommé comme premier ministre l’un de ses proches: Eugène Camara. Celui-ci, ancien ministre de l’économie et en tant que tel responsable de la situation désastreuse des travailleurs et des masses, avait été promu pendant la grève au poste de ministre coordinateur des actions gouvernementales (en remplacement de Fodé Bangoura, haï pour sa responsabilité dans les massacres de juin 2006, lors d’une précédente grève), c’est-à-dire premier ministre de fait: autant dire que les accords du 27 ne valaient même pas le papier sur lesquels ils ont été signés…

Cette décision a immédiatement entraîné des manifestations spontanées: dès vendredi soir dans le quartier populaire Hamdallaye de la capitale Conakry des jeunes ont commencé à manifester. Samedi matin à Conakry le cortège présidentiel à été caillassé par les élèves du lycée Matam (la vitre de la voiture de Conté a été cassée, l’obligeant à changer de véhicule): la garde présidentielle a tiré sur les jeunes, faisant 2 morts. Dans la deuxième ville du pays, Kankan, où les manifestations ont commencé vendredi, un militaire qui avait tiré sur les manifestants en faisant 4 blessés, a été tué par ceux-ci. Des manifestations et des affrontements sont signalés dans diverses localités: Coyah, Maferinya, Boké, Dalaba, Labé, Pita (où les bureaux du préfet ont été brûlés), Siguiri (où l’Hôtel du ministre de l’économie a été incendié), N’zérékoré, etc. La répression aurait fait des morts et des blessés. Entre temps, alors que la capitale est paralysée selon Guineenews.org, des centaines de combattants libériens ont été concentrés dans la banlieue de Conakry pour prêter main-forte au régime.

Le sanglant régime de Conté est bien décidé à ne renoncer à aucun de ses privilèges, comme il l’a déjà démontré en réprimant la grève générale de juin 2006 et lors de la grève de janvier de cette année où il a utilisé l’armée, la police et des escadrons de la mort ethniques. Fort du soutien de l’impérialisme français (et autre) qui l’appuie depuis toujours, il a choisi de se maintenir par la force, par la violence.

Mais les masses et les prolétaires de Guinée ont démontré leur combativité en luttant contre la misère, l’exploitation et la répression; ils ont démontré qu’ils ont la capacité d’arrêter l’activité économique du pays (à commencer par l’extraction de Bauxite dont la Guinée est le 2e exportateur mondial et qui enrichit bourgeois et impérialistes), et ils ont spontanément repris le combat, sans attendre le consignes des chefs syndicaux, ni celles des politiciens de l’opposition bourgeoise. Le soutien à leur lutte contre le régime et contre le capitalisme doit être inconditionnel et il doit ici se concrétiser par la lutte contre le gendarme n°1 de l’Afrique: l’

impérialisme français

qui multiplie depuis quelques mois les interventions militaires en Afrique et qui pourrait d’un jour à l’autre y recourir en Guinée.

Impérialisme français, hors d’Afrique

!

Solidarité totale avec la lutte des prolétaires et des masses guinéennes!

Parti Communiste International, 10/2/2007

correspondance: Editions Programme, 3 rue Base Combalot 69007 Lyon