Naïma, militante du syndicalisme de combat, a été condamnée à une exclusion de « deux ans fermes de l’Université de Nanterre » par un jugement scélérat du conseil de discipline daté du 11/01/2007.

Dans cette affaire les autorités avancent masquées. Le dossier est totalement vide (cf. interview de Naïma sur www.agen-nanterre.net) Quel est son crime ? Qui a organisé les poursuites ? Naïma mène avec acharnement des combats contre l’injustice sous toutes ses formes, voilà ce qui gêne l’institution. En fait, il s’agit d’un règlement de comptes politique orchestré par la direction de l’Université et le CROUS contre Naïma et son syndicat l’AGEN. Tout a été fait pour dépouiller Naïma de ses engagements militants, pour la présenter en délinquante, pour la juger en gangster. Les réactionnaires bourgeois ont toujours utilisé ce procédé. Pour eux, les résistants sont des terroristes ; les militants sont des voyous. Depuis des années, des responsables de l’université, du ministère ou des organisations réactionnaires se demandent comment faire interdire l ‘AGEN. Etrange coïncidence : au moment où l’on expulse Naïma, deux militantes de l’AGEN, Faïza et Emeline ont été informé par le CROUS du refus de les réadmettre en cité-U…

Que fait-on payer à Naïma ? Son engagement contre l’apartheid universitaire, les discriminations, les expulsions de logements de la cité-U. Toujours en première ligne lors des combats pour l’égalité des droits, contre la politique sécuritaire qui a balayé les franchises universitaires et fait rentrer la police sur les facs, Naïma avec ses camarades de l’AGEN, est aussi solidaire des révoltés des quartiers populaires et en tant que déléguée à la Coordination Nationale en 2006 elle a revendiqué le retrait du CPE, du CNE et de toute la loi LEC, acceptée par les réformistes. Son combat, celui de l’AGEN, est aussi celui des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes, contre l’impérialisme et toutes les formes de colonialisme, d’agression comme en Palestine, en Irak, au Liban, en Afrique et dans tous les pays opprimés.

Une réalité crève les yeux. Un tribunal interne composé de nantis et de pseudo-syndicalistes aux ordres a exclu une étudiante consciente issue des milieux populaires. C’est le cas pour 80% des sanctions prononcées par ces conseils de l’injustice que sont les conseils de discipline. Le sort des étudiants enfants du monde ouvrier est édifiant : on sélectionne, on sectorise et pour les plus conscients, on poursuit ou l’on chasse. Les quelques uns qui s’en sortent serviront de supports de propagande pour le système de classe. Ainsi, l’avenir de Naïma est brisé par la même institution qui se gargarise de « l’égalité des chances » et de « l’ascenseur social ». Force est de constater qu’on ne veut pas de la réussite scolaire des jeunes vivant dans les quartiers qui ont fait peur à la douce France un certain novembre 2005.

Nous n’oublierons pas le rôle joué par la police syndicale. L’Unef qui défend un syndicalisme de cogestion s’est mise au service de la répression par hostilité envers l’AGEN. L’Unef, du bureau national à sa section locale, a préparé, activé puis défendu comme une victoire l’exclusion de Naïma. L’Unef-PS remplit à merveille son rôle de mouchard et de gendarme du monde étudiant, rôle qu’elle endosse après celui de fossoyeur des luttes. Il faut noter que le conseil de discipline qui a condamné Naïma était composé de huit membres du Conseil d’Administration, quatre enseignants et quatre étudiants : Jeanine Revel (professeur de droit), Eric Phelipeau (enseignant de sciences politiques), Guiseppe Garguilo (professeur de langues) Jacky Barreau (professeur à l’IUT). Jean Gireaud (Unef), Laurent Bala (Unef), Katia Vasquez (Unef) et Stéphane Blémus (UEJF).

A Nanterre, c’est la seconde fois qu’un militant est renvoyé à la suite d’un acharnement répressif qui vise à vider les facs d’une expression de lutte radicale. En 2004, un étudiant, Sébastien Schiffres, avait été jeté en prison à la demande expresse du sinistre Audéoud (actuel président de l’Université de Nanterre) suite à une action anti-sécuritaire. A Strasbourg, Nittisch, étudiant mauricien délégué de la Cooordination Nationale durant le mouvement anti-CPE, vient d’être exclu de sa fac pour s’être révolté contre les autorités. Devant Toulouse Le-Mirail, et un peu partout en France, les contrôles policiers systématiques préparent les rafles d’étudiants sans-papiers.

Un bruit de bottes se répand sur les campus au même rythme que la fascisation qui frappe la France. Tous les lieux de regroupement collectif (quartiers populaires, grosses entreprises, lycées, facs,) sont quadrillés et les luttes qui s’y déroulent sont criminalisées. Qui parle encore des centaines de poursuivis et condamnés des révoltes des quartiers populaires et du mouvement contre la Loi sur l’Egalité des Chances ? La lutte pour la réintégration de Naïma n’est pas isolée, c’est une lutte pour la sauvegarde de libertés et de droits fondamentaux, c’est une lutte contre la fascisation.

Que les traîtres du syndicalisme étudiant et leurs commanditaires du pouvoir bourgeois sachent bien que l’AGEN est l’expression d’une revendication sociale trop juste et trop conforme aux aspirations des étudiants les plus défavorisés pour fléchir avant d’avoir réalisé son objectif : la naissance d’un mouvement révolutionnaire de la jeunesse avec comme aiguillon l’affranchissement des opprimés par eux-mêmes