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UNE FATWA SINON RIEN !
OU LES QUESTIONS CACHÉES DERRIÈRE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION D’UN PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE.
mardi 14 novembre 2006, par Paul Draszen

Peut-on critiquer l’Islam ? C’est l’une des questions récurrentes de ces derniers mois et même de ces dernières années, question que les médias ne semblent pas se poser avec la même acuité pour les deux autres religions monothéistes.

Certes la question peut être posée, ne serait-ce qu’au nom de la liberté d’expression. Mais, plus important face à l’omniprésence de cette question, peut-on encore ne pas critiquer l’Islam ou même débattre d’autre chose que l’Islam ? L’Islam est-il une véritable menace pour la liberté d’expression ? Et si oui, est-il le seul ?

Nous avons droit presque chaque semaine à une nouvelle polémique touchant à l’Islam : untel a dit ceci sur l’Islam, tel musulman a fait cela. Untel avait-il le droit de dire ceci ? Tel musulman avait-il le droit de faire cela ? etc. Et nos donneurs de leçons médiatiques de s’engouffrer immédiatement dans le « débat » sans vérification ni même réflexion mais surtout avec stigmatisation, dénonciation et passion pour nous démontrer que l’Islam représente un danger car incompatible avec nos valeurs occidentales.

La dernière grande affaire en date concerne le professeur de philosophie Robert Redeker et son article publié dans le Figaro du 19 Septembre 2006. Cet article raciste n’a pas manqué de déchaîner les haines et les passions autant de la part de ses défenseurs que de ses détracteurs. Ceci soulève deux questions : Robert Redeker a-t-il le droit de s’exprimer ? Robert Redeker a-t-il le droit d’exprimer des idées et une pensée se révélant racistes ?

À la première question, la réponse est évidemment oui ! En revanche, la réponse à la seconde question ne peut être que négative car, dans le cas contraire, il faudrait alors que Jean-Marie Le Pen, Bruno Gollnisch et consorts puissent s’exprimer avec la même liberté.

Ainsi, le racisme est-il toujours condamnable ou est-il tolérable quand il concerne l’Islam ? Si on considère que la deuxième proposition est la bonne, alors nous ne sommes plus dans un Etat de droits égalitaire.

Mais revenons à Robert Redeker.

On nous parle de « fatwa » et de menaces de mort. Pourquoi les écrits de cet enseignant auraient-ils provoqué autant de réactions virulentes ? Qu’a-t-il exprimé qui puisse justifier tant de passions et de débordements ?

Si nous nous penchons sur ces dernières années, nous constatons que des personnalités ayant autrement plus de talent et de renommée ont fait autant si ce n’est pire que lui.

Est-il besoin de rappeler les propos d’un Michel Houellebecq, d’un Claude Imbert et de feu Oriana Fallaci sur l’Islam, son prophète et les musulmans ? Est-il besoin de rappeler les propos tenus par des politiques et des politologues tel que Philippe de Villiers, George Frèche ou Alexandre Del Valle (anciennement Marc d’Anna) sur l’Islam et les musulmans ?

Est-il besoin de rappeler le nombre d’ouvrages publiés chaque année en France qui traitent le prophète Mahomet notamment de « guerrier sanguinaire », de « voleur » et de « pédophile » ?

Quelles ont été les conséquences pour toutes ces personnes ? Rien ! Pas la moindre « fatwa » !

Ces personnalités d’horizons divers et variés ont pu exprimer leurs idées, aussi nauséabondes soient-elles, sans problème. Aucune n’a perdu son emploi ou n’a été obligée de s’exiler ou de se cacher en faisant appel à la police.

N’en déplaise à certains, Oriana Fallaci, qui nous a quitté récemment, est décédée de cause naturelle et non pas égorgée « par un immonde barbu islamiste ».

Aucun des nombreux ouvrages calomniant le prophète de l’Islam n’a été interdit ni même brûlé. Tout comme aucune des librairies les distribuant n’a été prise d’assaut par des hordes de musulmans pour interdire une dédicace et surtout empêcher la vente de tels livres.

Non, Robert Redeker n’a rien dit ou fait de plus que les personnes citées plus haut et pourtant on ne parle que de lui et des menaces qu’il endure.

Venons en justement à cette « fatwa ».

De manière fort étrange et troublante, cette « fatwa » bien qu’omniprésente dans les médias est impossible à trouver en dehors de sites internet racistes tels que france-echos.com et occidentalis.com ou fondamentalistes laïcs tels que prochoix.org.

Nombreux sont celles et ceux qui l’attribuent à Youssef Al Qardawi qui l’aurait prononcé dans son émission sur Al-Jazeera. Or, nulle trace de cette « fatwa » même sur le site de la célèbre chaîne du Qatar ni sur celui d’Al Qardawi. Comment ceux qui sont si prompts à critiquer l’islam et à donner des leçons peuvent-ils l’expliquer ?

Il paraît pourtant que les barbus sont des fanatiques prêts à tout et ne craignant que Dieu. Alors pourquoi n’assumeraient-ils pas leur « fatwa » ? Ils devraient au contraire s’en vanter et la diffuser pour toucher un maximum de musulmans. Le texte de la prétendue « fatwa » devrait donc être aisément consultable. Pourtant rien !

D’où vient alors cette « fatwa » d’on tout le monde parle ? Au fait, existe-t-elle vraiment ?

Admettons.
Admettons que la menace qui pèse sur Robert Redeker soit réelle.

Pourquoi s’indigne-t-on et défend-on de manière aussi virulente Robert Redeker alors que d’autres sont laissés dans l’oubli ? Nous ne pouvons ici qu’être profondément choqué et indigné par la différence de traitement en matière de liberté d’expression selon le sujet traité et la personne en cause.

Où sont les bien-pensants et les donneurs de leçon lorsque Noël Mamère , Dieudonné, Alain Soral ou Mouloud Aounit se font agresser ? Qui parmi les « inter mi-temps » de la philosophie et de la réflexion s’est indigné des agressions qu’ont subi Olivia Zemour et Ginette Hess Skandrani ?

Ici, il ne s’agit pas de menaces par mail mais de violences physiques bien réelles. Non seulement il n’y a personne pour s’indigner et pour condamner ces agressions mais les médias ne relayent que timidement l’information quand il ne la passe pas purement et simplement sous silence.

On nous parle de fatwa et de menace pour l’Occident et ses valeurs. Mais où étaient nos pourfendeurs de fatwas quand Pascal Boniface, Edgar Morin, Eric Hazan et Daniel Mermet, pour ne citer qu’eux, ont été traînés dans la boue et/ou attaqués en justice pour s’être librement exprimé sur le conflit israélo-palestinien ?

Qui parmi nos donneurs de leçons médiatiques s’est dressé contre la tentative de censurer l’ouvrage d’Israël Shamir « L’autre visage Israël » et celui de Norman G. Finkelstein « l’industrie de l’Holocauste » ?

Qui parmi les défenseurs inconditionnels de Robert Redeker a dénoncé haut et fort les menaces de mort reçues notamment par Gisèle Halimi et Eyal Sivan sous forme d’une lettre contenant une balle et un petit mot : « la prochaine ne viendra pas par la poste » ?

Quel Alain Finkielkraut ou Philippe Val a manifesté son soutien à Alain Ménargues quand il a été démis de ses fonctions de vice directeur de RFI pour avoir publié « Le Mur de Sharon » ?

Quel journaliste ou intellectuel si prompt à voir des fatwas et des terroristes islamistes à tous les coins de rue a tenté de soutenir la journaliste Catherine Nay après qu’elle ait déclaré en Janvier 2003 « qu’elle ne voulait plus s’exprimer sur ce sujet (le conflit israélo-palestinien) » suite à la campagne de dénigrement qu’elle a subit de la part d’activistes sionistes ?

Où sont les défenseurs de la liberté d’expression quand le journaliste Charles Enderlin reçoit des menaces de mort et subit une campagne de diffamation orchestrée par les défenseurs inconditionnels de l’état israélien ?

Comment expliquer que nos pourfendeurs d’islamistes restent silencieux quand la liberté d’expression est menacée par des extrémistes non musulmans, ceux-là ?

Que défendent réellement ceux qui soutiennent de façon si inconditionnelle Robert Redeker et qui dans le même temps ignorent superbement des faits au moins aussi graves ?

Est-ce véritablement la liberté d’expression et le droit de critiquer toutes les religions qui sont en cause ou est-ce simplement la liberté d’exprimer sa haine et son racisme à l’égard de l’Islam et des musulmans ?

Que de questions dont nous aimerions connaître les réponses afin de savoir s’il existe une seule et même liberté d’expression ou plusieurs avec des niveaux très variables selon le sujet abordé.

Paul Draszen

P.S.

P.S : Rappelons à toutes fins utiles que Nicolas Sarkozy a exprimé son soutien à Robert Redeker et a réaffirmé son attachement à la défense de la liberté d’expression en France alors qu’il a fait interdire un livre sur son épouse Cécilia et obtenu le limogeage du rédacteur en chef de Paris Match suite à la publication de photos de son épouse avec son amant…