LES CANDIDATS DU PS, LEURS DÉCLARATIONS ET LEURS ACTIONS SUR LE PROCHE-ORIENT

On aura remarqué que les trois postulants n’ont guère été diserts, au cours de leurs débats tant télévisés que publics, sur ce sujet récemment, et notamment sur les massacres commis par l’armée israélienne dans les territoires palestiniens occupés.

Il ne faut pas croire pour autant qu’ils n’ont pas d’opinion sur ce problème. Bien au contraire, ils sont tous les trois très sensibles à la « sécurité… » d’Israël.
Et celle des Palestiniens ? On ne sait pas : ils n’en n’ont pas parlé.

Pas très étonnant, bien entendu, quand on sait que le PS a toujours été en France le parti le plus inconditionnel de la politique israélienne. Du temps de Guy Mollet déjà, la SFIO avait engagé la France aux côtés d’Israël dans la l’expédition de Suez. En octobre 1975, Mitterrand déclarait à Tel Aviv : « Les socialistes français ont des relations particulières avec Israël. » Lionel Jospin, s’était déclaré en mars 1986 favorable au transfert de la capitale d’Israel à Jérusalem, une démarche pourtant contraire au droit international.

Les temps n’ont pas changé. On ne connait pas un seul dirigeant « socialiste » qui ait condamné le terrorisme d’Etat israélien, la colonisation sioniste, l’annexion constante de territoires palestiniens, l’assassinat et l’emprisonnement de dizaines de milliers de Palestiniens, ni même l’usage de la torture et d’armes telles que les bombes au phosphore par Israël.
C’est à l’occupé qu’ils demandent en permanence des comptes, et osent prétendre avoir des positions « équilibrées » sur la question.
Jamais la moindre demande de sanction contre Israël, pas plus lors des massacres de Sabra et Chatila, que ceux commis au Liban cet été ou encore tout récemment dans la bande de Gaza. Pas un seul non plus qui ait pipé mot lors de l’arrivée du fasciste Avigdor Lieberman au gouvernement israélien.

Dominique Strauss-Kahn

DSK n’a jamais manqué de soutenir la politique israélienne, même s’il essaie aujourd’hui de se donner des airs « au-dessus de la mêlée ». Ses états de services en faveur des gouvernements israéliens quels qu’ils soient sont tellement nombreux qu’il est difficile de les énumérer.

Celui qui déclarait à Tribune juive « se lever chaque matin en se demandant comment il pourra être utile à Israël », a montré à bien des reprises son allégeance aux sionistes. Lui-même et son épouse, Anne Sinclair n’ont pas manqué une occasion de monter au créneau pour le lobby pro-israélien en France.

Ses déclarations de 1991 à l’hebdomadaire « La Vie », et à la revue Passages (N°35) sont désormais connues :

« Je considère que tout Juif dans la diaspora, et donc c’est vrai en France, doit partout où il le peut apporter son aide à Israël. C’est pour ça d’ailleurs qu’il est important que les Juifs prennent des responsabilités politiques. Tout le monde ne pense pas la même chose dans la Communauté juive, mais je crois que c’est nécessaire. Car, on ne peut pas à la fois se plaindre qu’un pays comme la France, par exemple, ait dans le passé et peut-être encore aujourd’hui, une politique par trop pro-arabe et ne pas essayer de l’infléchir par des individus qui pensent différemment en leur permettant de prendre le plus grand nombre de responsabilités. En somme, dans mes fonctions et dans ma vie de tous les jours, au travers de l’ensemble de mes actions, j’essaie de faire en sorte que ma modeste pierre soit apportée à la construction de la terre d’Israël. »

Mais cette professon de foi n’est pas restée lettre morte.

Quand le conseil d’administration de Paris 6 a voté au début 2003 la suspension des relations privilégiées avec les universités israéliennes tant que celles-ci ne protesteraient pas contre la situation de blocus imposée aux universités palestiniennes, DSK et son épouse télévisuelle ont été aux premiers rangs des personnalités qui ont accouru sur le campus de Jussieu pour villipender les sientifiques aussitôt taxés d’antisémitisme.

C’est encore DSK qui a personnellement mené la bataille pour éliminer Pascal Boniface du parti Socialiste parce qu’il avait osé s’interroger sur le bien fondé d’un soutien inconditionnel du PS à la politique israélienne, faisant huer son nom lors des « Douze heures pour l’amitié France-Israël » organisées par les institutions juives.

A propos de l’invention de la jeune Marie soi-disant agressée dans le RER D parce qu’elle aurait été prise pour juive, DSK ne s’est pas seulement jeté à corps perdu dans la surenchère irresponsable de toute la classe politique et des médias, il a carrément déclaré, une fois la supercherie connue : « Si c’est un coup monté, évidemment, ce serait critiquable en tant que coup monté » mais si cette affaire « se révélait après coup ne pas s’être passée comme on nous le raconte, ce qui est sûr, c’est qu’il y en a eu vingt avant » . Au lieu de s’écraser et de s’excuser, il en a remis une couche dans la série : « bats ta femme, si tu ne sais pas pourquoi, elle le sait ».

Plus récemment, pendant l’agression israélienne au Liban, le même DSK n’a jamais condamné Israël, a rejeté la faute sur le Hezbollah, et exigé son désarmement, ne demandant que de la « retenue à Israël » . On peut lire sur son blog : « L’intervention du Hezbollah est une agression à partir d’un Etat vers un autre », et : « Je suis surpris et inquiet de ce que le Conseil de sécurité se soit pour le moment contenté de blâmer le Hezbollah. »

Quand il parle des otages, il ne connait pas ceux retenus par milliers par les Israéliens. il réclame exclusivement la « Libération des otages détenus par le Hezbollah » et demande au Hamas « d’assurer la libération du soldat prisonnier » et bien sûr de « reconnaître » Israël (dans on ne sait quelles frontières) sans la moindre réciprocité.

A Sarcelles où il est premier adjoint au Maire, son ami François Pupponi à qui il a cédé sa place, même musique. Ne parlons pas du jumelage entre Sarcelles et la ville de Natanya, ni des voyages organisés en Israël par la Mairie de Sarcelles et le Collectif des Associations Juives de Sarcelles, mais seulement des propos tenus par le maire de Sarcelles au cours de ce genre de déplacement.
Ainsi en juin 2004, celui-ci déclarait dans son discours : « On ne peut se dire être ami d’ISRAEL si on n’y vient pas lorsque le pays est en difficulté. » Ce à quoi le président de la Knesset M. Rieveline, pas ingrat, répondait : « Soyez bénis pour tout ce que vous faites pour ISRAEL. »

Toujours à Sarcelles, la piscine municipale a réservé pendant trois ans des créneaux horaires aux femmes juives orthodoxes (loubavitchs) qui voulaient se baigner en dehors de toute présence masculine, cela avec la bénédiction du même Strauss-Kahn qui était monté au créneau contre le port du foulard par des jeunes musulmanes, au nom du principe de laïcité et de l’anti-communautarisme ! .

Il y aurait beaucoup à dire sur Sarcelles, la manière de la municipalité d’inciter au communautarisme ou encore la peu ragoûtante action de dénonciation d’un sans-papiers par le bras droit de DSK. En juillet 2002, François Pupponi refusait en effet de marier Madeleine et Mohamed, dénonçait ce dernier à la préfecture, en expliquant qu’il soupçonnait un mariage blanc.

Il y aurait beaucoup à dire également sur le reste de l’écurie DSK, qu’il s’agisse de Zimeray se vantant de militer au sein du parlement européen pour faire accepter Israël comme membre de l’Union Européenne, de Janine Haddad qui grenouille au sein du Conseil régional d’Ile de France pour faire voter un jumelage entre l’Ile de France et « le grand Jérusalem », ou même de Robert Badinter, membre du Comité directeur de trois organisations inconditionnelles d’Israël : le CRIF, le FSJU et Ahavat-Israël.

Laurent Fabius

Si Laurent Fabius fait savoir qu’il est favorable au « droit des Palestiniens à un Etat, un Etat viable qui ne soit pas d’emblée condamné par sa géographie » , il n’en déclare pas moins parallèlement : « nous devons être conscients que le terme de « colonies » recouvre des réalités différentes et que cet arrachement constituera un traumatisme individuel et collectif d’une grande ampleur pour une population déjà éprouvée ».

Le maire de Grand-Quevilly, qui a pris soin de jumeler sa ville avec la ville israélienne de Nes-Ziona (et pas avec une ville ou un camp palestinien) pratique également le deux poids, deux mesures, dès qu’il s’agit du Proche et du Moyen Orient.

Lors de son voyage en Israêl en janvier 2006, il s’exprime à la Conférence Herzliya (Institut d’études politiques et stratégiques) dans ces termes :

« Le moment est venu de reconnaître que nous Européens, légitimement soucieux d’une paix juste et durable entre vous et les Palestiniens, n’avons sans doute pas suffisamment mesuré le traumatisme créé dans la société israélienne par l’horreur des attentats suicides et l’aspiration à la sécurité. (…) Beaucoup de voix se sont élevées en Europe contre la réponse parfois apportée par Israël à ces crimes odieux, l’occupation, la répression et les souffrances des Palestiniens. Déjà très éprouvée par une trop longue occupation, la société palestinienne a beaucoup souffert, des vies ont été brisées et des barrières ont été dressées. Mais ces voix ont-elles été aussi fortes et aussi nombreuses pour dire notre compassion à l’égard des victimes du terrorisme ? »

Le terrorisme, pour Fabius, c’est donc exclusivement le fait des Palestiniens.

N’hésitant pas à vanter les les mérites de Sharon, il affirme : « A l’échelle du Proche-Orient, Ariel Sharon, tout comme Itzhak Rabin avant lui, a compris qu’une réponse militaire ne peut suffire à construire une paix durable » , et il veut renforcer l’accord de partenariat entre Israel et l’Union Européenne : « La paix n’a rien à gagner de l’isolement d’Israël. Elle passe, certes, par le démantèlement de certaines implantations juives et la restitution progressive des territoires, mais nous devons être conscients que cette société, en état de guerre mais qui aspire à la normalité, est confrontée à des défis qui à bien des égards sont aussi les nôtres : la lutte contre le terrorisme certes, mais aussi l’emploi, l’éducation, la citoyenneté, l’intégration, les nouvelles technologies… Dans bien des domaines Israël a su développer des politiques innovantes qui justifient pleinement la défense et même le renforcement de l’accord de partenariat privilégié avec l’Union européenne.  »

Et pour faire bonne mesure, il propose d’accueillir Israël dans les institutions de la francophonie :  » La France devrait plaider pour que la francophonie s’ouvre à Israël, où 1 million de personnes parlent, chaque jour, notre langue. »

Comme son concurrent DSK, il ne se préocccupe que de la « sécurité israélienne » et de la « reconnaissance d’israel » :

« Je pense que tous les voisins d’Israël et les autres pays arabes devraient, comme l’ont déjà fait avec courage la Jordanie et l’Egypte, accepter cette forme de dialogue que serait la reconnaissance d’Israël et l’établissement de relations diplomatiques normales avec lui. Je suis convaincu que cette reconnaissance, parce qu’elle apporterait un surcroît de sécurité à la population israélienne, serait aussi bénéfique à la cause palestinienne et ouvrirait la voie à de nouvelles concessions après le retrait de Gaza. »

« Au Hamas de faire la démonstration que ses objectifs et ses actions changent en profondeur, que ses dirigeants et ses militants s’engagent sur trois points : l’abandon du terrorisme, la reconnaissance de l’Etat d’Israël, le respect des accords signés » , explique-t-il.

Pas question pour lui de rétablir l’aide aux Palestiniens si le Hamas ne se couche pas devant l’occupant. Le chantage est clair : « Le peuple palestinien a besoin de l’aide internationale, mais la paix a besoin de dirigeants palestiniens qui rejettent la violence. Le Hamas est face à ses responsabilités. Ou bien il fait le choix d’un règlement pacifique et négocié avec Israël – alors il sera un partenaire pour l’Union européenne et la communauté internationale. Ou bien il ne le fait pas et chacun, hélas, en souffrira. »

S’il n’a pas bronché à l’arrivée du fasciste Lieberamn au gouvernement israélien, il exige en revanche le rappel de l’ambassadeur de france en Iran :

« S ‘agissant de stabilité du Proche-Orient, je voudrais redire la répulsion et l’inquiétude suscitées par les déclarations du nouveau Président iranien, diatribes que l’on croyait appartenir à un âge révolu. J’aurais aimé que les divers pays d’Europe et la France rappellent pour consultation provisoire leur ambassadeur à Téhéran. Partisan d’une politique de fermeté, je pense que l’heure est venue, pour le Conseil de sécurité des Nations-Unies, d’examiner le dossier du nucléaire iranien. »

Ségolène Royal

Madame Royal qui s’était emparée du micro pour faire la leçon aux mauvais Français au moment de « l’affaire du RER D » en juillet 2004, qualifiant de honteux le comportement des passagers qui n’étaient pas intervenus pour assister la mythomane (elle les avait comparé aux lâches qui avaient laisser déporter les juifs), se fait plus discrète sur la question du Proche-Orient.

Favorable à la reprise de l’aide européenne, elle précise : « Les populations, des deux côtés, sont vraiment au bout de ce qu’elles peuvent supporter. Les tensions, les exacerbations, les humiliations ne font qu’empirer. Il est temps de remettre en mouvement un processus de paix. Il faut parler avec tout le monde. Je suis favorable à la reprise de l’aide au peuple palestinien à condition que cette aide soit contrôlée car la pauvreté, le non-versement des salaires sont source de tensions et de violences.

Mais, interrogée ces jours-ci sur « l’opération lancée par l’armée israélienne à Gaza » (traduisez par massacres de Beit Hanoun), Ségolène Royal a estimé que « Israël a droit à la sécurité ». « Force est de constater que cette sécurité est toujours fragilisée », a-t-elle ajouté, tout en affirmant qu’ « il faut veiller à ne pas entrer dans une logique d’escalade de la violence » .

Très remontée sur le « dossier iranien », celle qui se voit déjà en nouvelle dame de fer, pose comme condition à l’Iran  » pour qu’il joue un rôle dans cette partie du monde »…. « qu’il renonce à la contestation de l’Etat d’Israël ».

« Il faut tout faire, a-t-elle dit sur Radio J, pour empêcher l’Iran d’accéder au nucléaire militaire » . Opposée à l’enrichissement de l’uranium, même civil, par l’Iran, elle demande a l’Iran de reconnaitre Israël : « l’Iran a signé le traité de non-prolifération nucléaire : il s’est engagé dans cette voie. Tous les États du monde qui tiennent à la paix dans le monde doivent absolument agir pour que l’Iran ne puisse pas accéder au nucléaire. Il faut que l’action diplomatique réussisse pour éviter d’entrer dans une escalade des sanctions, certes, prévues par les textes. Cela signifie peut être aussi qu’il faut reconnaitre à ce pays un rôle à jouer dans cette partie du monde, à condition aussi qu’il renonce à certaines déclarations, qu’il renonce à la contestation de l’État d’Israël, par exemple.  »

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