A PROPOS DU FILM :
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« i » est une réflexion sur les liens entre les médias et le pouvoir tel que le démontre le plus grand réseau de média-activiste – Indymedia. Ce documentaire suit la première année d’un petit collectif de Buenos-Aires à travers ses luttes au milieu d’assassinats, d’une économie en ruine et des bouleversements politiques argentins.

La structure non linéaire de « i » reflète l’idéologie du réseau qu’il documente. Le spectateur est confronté à une série d’évènements déclencheurs, d’histoires parallèles, et du langage figuré autours duquel évoluent les acteurs d’Indymedia Argentine. Le film progresse par une série de liens faits entre différents types de média, offrant une exploration des événements en eux-mêmes, mais aussi des possibilités de raconter l’histoire avec les systèmes d’information sur internet.

Cette structure est là pour mettre en lumière les concepts de communication collective, d’organisation horizontale et de réseau d’action sociale. Le résultat est un portrait qui, tel une fractale, révèle une répétition de forme et de phénomènes indépendamment de l’échelle à laquelle on les examines. « i » met en parallèle la micro échelle du collectif d’individus avec la macro échelle du mouvement social qui l’entoure, en théories, en philosophies, en organisations et en évènements.
En réalisant ce film, Lyon et Ingolia ont passé quatre ans à chercher les moments qui mettaient le mieux en relation les connections, et les liens spécifique qui se font entre ces échelles. Un travail qui leur a demandé beaucoup de réflexion et de méditation, étant donné qu’ils cherchaient à dépeindre ce qui à première vue pourrait être un phénomène en grande partie invisible. Le résultat n’est pas seulement un documentaire sur un moment particulier de l’histoire, c’est aussi un témoignage profond de l’expérience de la conscience du déploiement d’un réseau.

AU DELA DE « I » : LES REALISATEURS ET LEURS SUJETS :
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Raphael Lyon, et Adres Ingolia étaient à Buenos Aires en 2001 – avec les acteurs de leur film – lorsqu’ils se sont trouvés au milieu du tourbillon des bouleversements politiques qui ont suivi la crise économique que l’Argentine à connu en décembre de cette même année.

Durant l’année qui suivit, ils furent les témoins d’assassinats, de protestations, de président démis, ainsi que de l’explosion grandissante d’une grande variété de mouvements sociaux non-hiérarchiques essayant de changer les choses hors d’un gouvernement.

Avec une simple caméra grand public, Lyon enregistra des heures de vidéo, tant dans la rue que dans les collectifs, pour ensuite rentrer à New York éditer le film. C’est dans les locaux d’Indymedia qu’il trouvera un lit, un ordinateur et les programmes de montage nécessaire à son travail. Il en profitera pour participer à la vie du média center new-yorkais, travaillant notamment à la couverture de la montée de violence dans le Moyen-Orient et à l’organisation des mouvements locaux de protestations.

La traduction de l’espagnol argentin était un challenge, et Lyon était très conscient de son statut d' »externe » quand il tentait de comprendre les subtilités et nuances de l’histoire. Il se rendis très vite compte qu’il aurais besoin de quelqu’un pour l’aider, quelqu’un qui partageait les idées politiques qui étaient derrière ce projet, qui vienne de Buenos-Aires et qui soit à New York à ce moment là.

Par une somme de coïncidence, le jour après Ingolia se présente au bureau d’Indymedia. « Je ne sais quoi penser quand le gars dont j’avais besoin arrive moins de 10 heures après que je saches que j’en ai besoin », avoue Lyon, « Je ne sais toujours pas quoi en penser! »

Ingolia, citoyen Argentin, était également à Buenos-Aires pendant les bouleversements, mais il n’avait pas alors croisé le chemin de Lyon. Prenant la contestation massive comme un signe, il avait décidé de voyager – d’abord dans le New Jersey où il avait des contacts. « J’avais fait une recherche sur le net et j’avais une liste de dix endroits où je voulais travailler ou aider. Indymedia était le premier et je suis allé à New York City. J’ai sonné au bureau d’Indymédia et Raphaël m’a ouvert. J’ai dis ‘Je ne sais pas ce que vous faites ici mais je veux vous aider. Je viens d’Argentine et je viens d’arriver aux states.’ Raph m’a répondu ‘Argentine ? Je fais un film sur l’Argentine, tu veux m’aider ?’ Et j’ai dis oui. »

Ca fait quatre ans qu’Ingolia surprends Lyon avec sa détermination. Ils ont fini depuis « Eye of the Storm », un film basé sur les images prisent par Lyon durant son voyage à Buenos-Aires. Il fut projeté lors de festival en Europe et aux Etats Unis, notamment à Rotterdam ainsi qu’au Festivals du film underground de New York et de Chicago, et fut traduit dans une demi douzaine de langues.

Après une courte recherche de fonds, Lyon et Ingolia retournèrent à Buenos-Aires avec un meilleur équipement et s’insérèrent eux-mêmes dans le collectif Indymedia local durant quelques mois. Allant aux réunions et couvrant les actions collectives, ils ont fait leur possible pour se faire des amis malgré les crises qui éclataient quotidiennement. « Travailler avec le collectif de Buenos-Aires était hallucinant, » dit Ingolia. « Dans un chaos organisé ils sont parvenu à écouter patiemment, à la recherche d’un objectif très clair : apporter les outils de médias au marginalisés et créer un espace pour qu’ils communiquent leurs luttes et histoires. »

Lyon et Ingolia on créé « I » sans grand moyens financier. Ils voulaient dés le départ montrer qu’un film de ce genre, qui traite de la théorie des réseaux, pourrait être réalisé par un effort collectif de partage des ressources, du temps, et des intérêts. « C’est un vrai challenge de faire un film sur un sujet invisible, » avoue Lyon. « Et c’est de ça que ce film parle – de choses en grande partie invisible. Je ne pense pas que nous aurions pu le faire si nous n’avions pas eu les ressource et le courage qui nous viennent quand on réalise des projets non commerciaux. » En ce moment ils sont en tournée de présentation de leur film et expérimentent une distribution basée sur une stratégie communautaire, qui reflète les bases de la création médiatique dont le film parle.