Independentzia eta Sozialismorantz EUSKAL HERRIA PAS À PAS ASKAPENA Information Nº 152 PROJECTION DU PROCESSUS DE PAIX SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE

L’analyse de différents processus de paix s’étant déroulés en d’autres points du globe fait apparaître un point commun : un soutien international est nécessaire pour avancer. Et le cas basque ne fait pas exception.

En effet, de (trop) longues années durant, l’absence de tout signe de solution négociée n’était que trop criante. La scène internationale ne reflétait le conflit que dans ses aspects les plus cruels. Cependant, la gauche indépendantiste tentait par tous les moyens de diffuser l’idée qu’il s’agissait d’un conflit à caractère politique réclamant des solutions politiques. Mais son influence restait faible. Et les deux États impliqués -la France et, surtout, l’Espagne- faisaient feu de tout bois pour dénaturer le message de la gauche basque. Selon eux, la situation se résumait à un groupe de terroristes venant attenter contre la stabilité de l’État de Droit.

Le défaut d’implication internationale explique en partie l’échec de la tentative précédente de résolution (fin 1999). Mais, cette fois-ci, la situation évolue. Des regroupements inter-partis sont en cours en Euskal Herria (Pays Basque). Les nouvelles organisations de niveau national en cours de formation -Foro de Debate Nacional (Forum de Débat National), Acuerdo Democrático de Base (Accord Démocratique de Base), Udalbiltza (Assemblée d’élus municipaux), Ahotsak (Femmes basques pour la résolution démocratique du conflit)- mènent un travail remarquable de diffusion internationale. Et ce travail est en train de porter ses fruits. Par ailleurs, le gouvernement espagnol lui-même a commencé à avancer ses pions en vue de disposer d’appuis internationaux susceptibles d’étayer sa position. Voici une liste des mouvements en cours dans ce sens.

Sur l’agenda international

· À la fin du mois de juin, Ahotsak (Mouvement Pluriel de Femmes Basques pour la Résolution) est invité à assister, à Coutances (Normandie-France) aux Journées d’Été organisées par les Verts. Une représentante palestinienne, présente à la rencontre, s’engage à diffuser l’initiative d’Ahotsak en Palestine et en Israël.

· Le 30 août, le Friendship (Groupe d’appui au processus de paix formé par des groupes du Parlement Européen) tient, à Bruxelles, la réunion ouvrant l’année politique. À cette occasion, Frendship annonce que le Parlement Européen prévoit de voter une déclaration favorable à l’ouverture d’un processus de résolution du conflit. Les membres du groupe pensent que  » la Déclaration doit miser sur la reconnaissance de l’ensemble des droits individuels et collectifs de tous les basques, qu’ils résident sous administration espagnole ou française, pour la défense de la négociation. Le Parlement Européen devrait soutenir l’Accord et promouvoir l’adhésion de toutes les tendances politiques en présence.  » De même, le groupe regrette le retard pris pour la constitution de la table des partis. Un appel au Parti Populaire est lancé pour qu’il adhère à la résolution allant être votée.

· Le 2 septembre, Régions et Peuples Solidaires (Fédération regroupant divers mouvements politiques de l’État français, parmi lesquels EA et PNV) approuve une motion réclamant au gouvernement français  » qu’il contribue à la normalisation politique d’Euskal Herria « .

· Le 11 septembre, à Madrid, Alex Maskey, membre du comité exécutif du Sinn Fein, en compagnie d’un dirigeant de Batasuna, réclame au gouvernement espagnol de s’engager en faveur d’un processus de résolution.

· 24 septembre. À l’occasion du Festival International de Cinéma, Zinemaldia, de Donostia (Saint Sébastien-Gipuzkoa), de nombreuses actrices du monde entier, montrent leur soutien au mouvement de femmes Ahotsak.  » La paix représente beaucoup plus que l’absence de guerre et de violence… lorsque les femmes sont écoutées, certains aspects qui, sans cela resteraient hors des processus de paix, y sont intégrés. « 

· 26 septembre. Un groupe de députés européens de sensibilités politiques différentes diffusent un texte conjoint auprès des autres députés, demandant à ce que le Parlement Européen s’implique dans un éventuel processus de paix en Euskal Herria. Deux organisations espagnoles d’extrême-droite, téléguidées par le Parti Populaire, s’opposent à ce que le Parlement Européen ne débatte à ce sujet. Et pour mieux influencer les parlementaires, une exposition de photos est organisée à Bruxelles sur les victimes du terrorisme (les seules victimes de l’E.T.A. bien évidemment).

· 28 septembre. Le Parlement Européen analyse la proposition, et fixe au 25 octobre le débat portant sur son implication dans le processus basque espagnol. Cette proposition a été proposée et adoptée par la Conférence des Présidents (groupe formé de représentants des partis), sur proposition du Groupe Socialiste Européen. À cette occasion, le Groupe Populaire Européen a adhéré au texte malgré l’opposition de ses membres espagnols.  » Il s’agit d’un non-sens et d’une erreur historique visant à donner satisfaction à l’E.T.A. dans la mesure où l’organisation souhaite l’internationalisation du conflit. Plus le débat prendra d’ampleur, et plus l’E.T.A. sera satisfaite.  » (Porte-parole du Parti Populaire espagnol dans le Groupe)  » Il n’y a pas lieu à débat, seule la condamnation est légitime.  » (Président du P.P espagnol) Batasuna salue la décision du Parlement Européen :  » Décision capitale, car c’est la première fois qu’un débat de cette ampleur a lieu. Nous nous trouvons face à un processus s’inscrivant dans un cadre européen, et nous considérons que la présence internationale est fondamentale.  » Selon Ibarretxe, Président Basque,  » la décision d’entamer le débat inscrit le processus de paix sur l’agenda mondial « . L’Accord Démocratique de Base, groupe pluriel basque, menant un travail de longue haleine de réceptivité internationale, considère que l’accord constitue une opportunité historique.

· Le 3 octobre. Tony Blair effectue une brève visite à Madrid, visite interprétée comme soutien explicite au processus de négociation : « cela vaut toujours la peine d’essayer « . Il proclame sa bonne volonté pour soutenir le processus et conseille à Zapatero :  » Pour affronter ce type de processus, il faut s’armer de détermination et de patience. Si l’on croit en ce que l’on fait, les choses vont de l’avant.  » Et,au passage, il censure implicitement la stratégie d’obstruction du Parti Populaire.

· Le 9 octobre. Six personnalités très connues au niveau international annoncent leur engagement en faveur d’une solution démocratique : les ex-présidents italien et portugais, Francesco Cossiga et Mario Soares ; l’ex-candidat à la présidence du Mexique, Cuauhtemoc Cárdenas ; le Prix Nobel de la Paix, Adolfo Esquivel ; le dirigeant du Sinn Fein, Gery Adams et celui du Congrès National Africain, Kgalema Motlanthe. Nous publierons, dans le prochain bulletin, le texte de cette déclaration et nous évoquerons les réactions qu’elles a suscitées.

Euskal Herria, le 27 octobre 2006.

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