Suite à des discussions avec des camarades d’un peu partout en France, nous avons commencé depuis quelques semaines à discuter de manière informelle de la période actuelle , des discours et des pratiques de luttes et de comment il pourrait être pertinent d’agir ici et maintenant, nous avons par la suite formalisé cet appel.

En 2007 a débuté une nouvelle crise pour le capitalisme aujourd’hui totalement globalisé. Sans rentrer dans les détails, cela signifie un ralentissement de la production, de l’échange et de la consommation, donc des possibilités d’investissement rentable. Le but du capitalisme est de réaliser toujours plus de profit. Tout ce qui est entreprit par les capitalistes est donc de faire le maximum de bénéfices. C’est pourquoi pour continuer à faire du profit ils ne peuvent jouer que sur l’augmentation de l’exploitation des travailleurs. C’est à dire baisser les salaires, concrètement cela se traduit par un ensemble d’attaques sur les salaires direct (paie nette) et indirects (allocations, sécurité sociale, retraites, prestations sociales en tout genre). Et augmenter la productivité à travers l’augmentation de la charge de travail, des licenciements, des délocalisations … De par sa puissance économique et son système social la France a pour le moment été moins touchée que d’autres pays, comme la Grèce ou les Etats-Unis, mais on peut affirmer que notre situation sous le capitalisme ne peut aller qu’en empirant.

Cette crise exacerbe encore plus les conflits de classes ; face à cela il-y a plusieurs attitudes :

– L’individualisme total, la guerre de tous contre tous ou il faut écraser l’autre dans une concurrence sans merci pour garder ou obtenir une place un temps soit peu correcte dans la société. C’est l’idéologie du capitalisme.

– Le replis identitaire, une guerre entre les différentes « communautés » pour une place au soleil. Cela prend une multitude de formes du nationalisme en passant par les mouvements religieux. Des « communautés » où se livre également une lutte entre ses membres pour les meilleures positions économiques et sociales. Partout dans le monde une immense majorité des populations est contrainte pour vivre de vendre sa force de travail aux capitalistes. L’ensemble des chômeurs forme une armée de réserve qui permet aux capitalistes d’exploiter toujours plus les travailleurs. Tous forment la classe des exploités, elle est le moteur du développement capitaliste et donc elle peut être une force de rupture.

La classe des exploités est à la base de la production, sans leur travail, aucune richesse, aucune marchandise n’est produite, il y a donc là la possibilité de bloquer la production capitaliste et d’inverser le rapport de force. Dans ce rapport d’exploitation les femmes tiennent une place spécifique, ou en plus de l’exploitation salariale classique, elles sont assignées à la reproduction, au travail domestique et au plaisir des hommes. Cette question est l’affaire de tous, elle fait partie intégrante de l’abolition des classes sociales. La libération des femmes et l’abolition des genres ne pourront se faire sans l’auto-organisation des femmes entre elles.

C’est cette analyse qui nous intéresse, car c’est en posant les choses ainsi que l’on peut espérer vivre un jour autre chose que la misère de l’exploitation et la guerre de tous contre tous. C’est en agissant en tant que classe que l’on peut, au travers des luttes et de la solidarité, améliorer le sort de chacun et tendre vers une transformation radicale des rapports sociaux, l’abolition des classes et des genres. On peut aujourd’hui affirmer que l’histoire a démontré l’échec du réformisme (voir où en sont les Partis Socialistes à travers le monde), du parti de classe autoritaire (voir l’histoire de l’URSS, la Chine et leurs satellites) et des syndicats de masse (voir ou en sont les centrales syndicales en France et dans le monde).

Il faut donc en permanence analyser, critiquer les pratiques et théories pour identifier leurs réussites, leurs échecs et leurs limites. C’est en partant de ces constats que nous proposons à celles et ceux qui se retrouvent sur ces bases de nous organiser pour lutter. La volonté est de créer des outils pour lutter et s’organiser au maximum de manière publique et réappropriable. De mettre en place des principes de fonctionnement formel et clair pour permettre à chacun de comprendre ce qui s’y passe et comment cela ce passe afin de casser les logiques de l’informel qui laissent la place au jeu de pouvoir et aux messes basses. De bien réfléchir à ce que l’on fait et comment on le fait pour ne pas tomber dans les travers et les écueils qui trop souvent enferment les tentatives dans des entre- soi sclérosant. Des discussions que nous avons eu avant cet appel ressortent quelques propositions concrètes (réalisables dans la mesure des possibles) et quelques pistes qu’il pourrait être pertinent de creuser.

– En premier lieu de créer une assemblée ouverte pour permettre le débat, la réflexion, l’auto-formation et la prise d’initiative. L’assemblée est ouverte à toutes celles et à tous ceux qui se retrouvent dans son appel. C’est là que se font les propositions, les critiques, les débats et que se prennent les décisions.

– Le travail étant central dans le capitalisme, la question de la lutte au travail et contre le travail doit donc aussi être centrale. Il nous faudra donc réfléchir sur les moyens de lutte et d’intervention au travail, où nous sommes souvent dans l’incapacité de lutter (changement de job fréquent, division toujours plus grande du travail, syndicats tout puissants, peur du licenciement, précarité matérielle et financière)

– Créer une assemblée publique de femmes en lutte pour leur émancipation.

– Mettre en place un collectif d’entraide sur les questions juridiques (travail /pénal/logement…) ayant pour but de diffuser et de rendre appropriable les connaissances juridiques.

– Créer une caisse de solidarité aux objectifs assez larges, financer des tracts/affiches, soutenir une grève, soutenir les prisonniers et/ou les prolétaires subissant la répression aussi bien pour des conflits sociaux (manif, action…) que pour des problèmes de la vie quotidienne (vol, altercation avec les flics, …)

– Avoir une présence dans l’espace public pour porter le discours révolutionnaire, et de diffuser l’auto-organisation et l’autodéfense, à travers un infokiosque mobile et/ou d’autres formes.

– Chercher une forme de solidarité autour de la bouffe (récup organisées avec redistribution, cantine populaire…)

– Réfléchir sur les luttes face à pôle emploi, à la CAF, au logement, …

La liste n’est pas close et tout n’est pas forcément réalisable dans ces termes, cela dépendra de nos forces et des moyens que nous pourrons mettre en place. Il faudra dans tous les cas trouver rapidement des solutions d’impression à gros tirage vue le nombre de brochures, de tracts et affiches nécessaire. Et être capable dans toutes les initiatives d’identifier les objectifs, les limites, et pouvoir les remettre en question.

L’idée est tout de même de joindre l’action et la réflexion en gardant un lien entre toutes ces structures pour leur donner une cohésion et plus d’efficacité, pour agir en tant que prolétaires face à la société qui nous exploite et pour l’abolition des classes et des genres.

Nous invitons donc toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans cet appel à venir participer à une première assemblée qui se tiendra le :

Mardi 7 octobre à 18h30 Au Patronage Laïque Guérin (1 rue Alexandre Ribot Brest)

L’Amicale Communiste Antigestionnaire Brestoise

Si vous voulez être tenus informés, contactez nous à : classecontreclasse[@]gmx.com