Chronique d’une banale garde à vue !

A noter que pendant l’ensemble de ce qui s’est passé, je suis toujours resté très poli et courtois.

Moi et plusieurs personnes faisions la fête dans un appartement du centre ville de X. Les policiers sont intervenus une première fois pour nous dire de faire moins de bruit. Environ 1 heure après, ils sont revenus, et ont constaté le bruit et ont donc mis une amende aux locataires. Un des policiers, Monsieur M., insistait pour nous faire sortir de l’appartement. Alors que plusieurs personnes sortaient suite à ses incitations, je lui fait remarqué qu’il n’existe aucune obligation légale de sortir de l’appartement. Il me répond d’un ton dédaigneux « vous êtes avocat vous ? » je lui dis « Non monsieur, j’ai juste fait un peu de droit, et je sais que l’on a aucune obligation de sortir. Tant que je suis dans l’appartement vous pouvez rien nous dire, juste constater le bruit et verbaliser pour ce fait ». Monsieur M « Ah ouais, vous vous croyez malin. Vous avez quel âge vous? 17 ans ». Evidemment, c’était de la provocation, puisque j’en ai 25. Ils ont fini par partir, Monsieur M. lançant « Vous inquiétez pas le futur avocat, on se reverra » ce à quoi j’ai répondu « quand on voit certains policiers, il faut en effet de bons avocats ».

Après 10 minutes, nous sommes tous sortis dehors, décidant d’aller ailleurs pour éviter de faire à nouveau trop de bruit. Nous nous dirigions donc vers un des boulevards principaux de la ville. C’est là qu’une voiture de police arrive, s’arrête, trois policiers descendent et se jettent sur une des personnes présentes dans le groupe. Visiblement, celle-ci venait de voler des drapeaux accrochés à la préfecture, préfecture présente non loin des lieux où nous étions présents. C’était évidemment les mêmes policiers venus constatés le tapage quelques minutes plus tôt. La personne qui venait de voler les drapeaux les avait, quelques instants avants, dans les mains. Les policiers lui passent les menottes. Monsieur M. dit alors d’une voix forte et énervée « Alors, est-ce qu’il y en à qui sont assez courageux pour se désigner (il parlait alors du vol qui venait d’avoir lieu) Ah on fait moins les malins là ? Il est où le futur avocat ? (il finit par tourner le regard vers moi) On fait moi le malin là ? Alors qu’est que tu as à dire là ? Je réponds « Je n’ai rien à déclarer Monsieur » Monsieur M. « Ah bon, tu n’as rien à déclarer. Tu as une pièce d’identité ? » Moi « Non » Monsieur M. « Ok les gars (parlant à ces deux collègues), on l’embarque lui aussi. » Un de ces collègues arrivent donc vers moi, me passe les menottes. Celles-ci me faisant mal, je lui demande si c’est possible de les desserrer. Il vient vers moi et me dit « Comme ça c’est mieux ? » et me les serre encore plus. Jusque là, je pensais que l’on m’embarquait pour une simple vérification d’identité.

Je suis donc avec H, le soit disant voleur de drapeaux. Nous sommes tous les deux, cote à cote dans la voiture. Les policiers démarrent et prennent la direction du commissariat. A noter qu’ils ne prennent pas la peine de nous mettre la ceinture. En fait, ils décident de retourner devant la préfecture, pour voir le garde présent, garde qui a signalé le vol vu par une caméra. Le garde déclare ne pas pouvoir reconnaître les 3 personnes qui ont volé les drapeaux. Les policiers nous emmènent au commissariat. Pendant le trajet, les 3 policiers n’ont pas cessé de nous manquer de respect et de nous considérer comme des malfrats de haut vol. Nous arrivons au commissariat. Ils décident de faire sortir H, Monsieur M. restant avec lui. Moi, je reste dans la voiture et les deux autres policiers m’emmènent au CHU. C’est là que je comprends qu’ils veulent me charger pour « Ivresse publique manifeste ». Il se décide enfin à me mettre la ceinture. On arrive au CHU. Mais on y reste que quelques minutes puisque aucun médecin ne peut s’occuper de moi. (après vérification pour être chargé pour IPM, il faut d’abord un certificat de la part d’un médecin : circulaires du 16 juillet 1973 et du 9 octobre 1975 du ministère de la Santé Publique et de la Sécurité Sociale stipulent que « tout individu en état d’ivresse manifeste sur la voie publique ou dans un lieu public doit être conduit dans les locaux de police ou des brigades de gendarmerie (code des débits de boisson et des mesures contre l’alcoolisme – Article L. 76), mais après avoir bénéficié d’un examen médical à l’hôpital. Le médecin doit remettre aux autorités un bulletin ou certificat de non-admission. »)

Les policiers me ramènent donc au commissariat, à noter que pendant le trajet, ils roulent à vive allure, grillent les feux rouges alors qu’il n’y a aucune urgence. Lorsque j’arrive au commissariat, on ne m’explique pas pourquoi je suis là. Je m’attends alors juste à ce que l’on vérifie mon identité. Mais on me demande de vider mes poches, bref, je comprends que je vais aller en cellule. Et c’est bien ce qui se passe. Une cellule, c’est 9m2, un projecteur qui vous éclaire fortement, un matelas et deux couvertures, un bruit de ventilation abrutissant le tout surveillé par une caméra. Au bout d’un quart d’heure, le garde détenu vient me demander si je veux voir le médecin et l’avocat, je réponds favorablement aux deux questions.

Une demi heure se passe environ (à noter qu’il est difficile d’avoir une notion du temps en cellule). Je vois le médecin. Je lui signale pour les menottes, j’ai d’ailleurs des rougeurs au poignet et une douleur. Il me répond que ces choses habituelles mais qu’il le signalera quand même dans son rapport. Une demi heure après, je vois l’avocat. C’est lui qui me dit que je suis en garde à vue mais est incapable de me dire le motif. Mais l’avocat se moquait royalement de ce qui se passait. Limite, je connaissais mieux le droit que lui. Je lui demande quelques recommandations. Je ferais, et heureusement pour moi, tout l’inverse de ce qui m’est dit. Je retourne en cellule.

Environ une heure plus tard, on prend ma déposition. Je suis donc face à un policier à qui je n’ai pas eu encore à faire. Au début, il est très poli, me demande de m’asseoir. Il me demande de signer le Procès verbal. Je prends le soin de lire. C’est là que je vois le motif « Vol en réunion » alors que je n’avais pas du tout participé au vol. Je lui dis donc que je refuse de signer. Il me répond « Ah tu veux jouer au con, et bien on va jouer au con ! ». Il prend ensuite ma déposition. Un moment, je signale que je marchais dans la rue lorsque la police est arrivée. Il m’explique que le policier présent à déclarer que je courrais. Je répète que je marchais. Il me dit « Serais tu en train de dire que le policier est un menteur ? » je réponds « Non, je vous dit que je marchais ». Il me rétorque « oui, donc tu traites le policier de menteur », je réponds « Je marchais, déduisez ce que vous en voulez ». Un policer présent dans la pièce d’à coté ayant entendu l’échange arrive et me dit « Fais attention toi, arrête de jouer au malin » puis il s’en va. Et là, le policier qui prenait ma déposition me dit d’un ton menaçant « fais attention toi parce que tout à l’heure tu vas prendre deux claques ». Evidemment, je ne réponds pas et continue à rester polis et à garder mon calme (même si c’est difficile). Il sort ma déposition, me demande de la signer. Pas mal de propos sont déformés, je refuse donc de signer la déposition. Il me dit « Pas étonnant, quand on est con, on est con jusqu’au bout ! ». On me ramène ensuite dans ma cellule.

Environ une heure plus tard, deux policiers viennent me chercher pour les photos, empreintes, prise d’ADN… bref pour me ficher. Avec eux, ça été correct, même si ils avaient un humour provocateur pas très malin, du genre « ça vous fera des souvenirs à raconter à vos petits enfants », ou « c’est une expérience intéressante n’est-ce pas ? » Je leur réponds que je serais sûrement mieux chez moi. On me ramène dans ma cellule.

Environ une heure après, on vient (enfin) me chercher pour me faire sortir. H (le soit disant voleur de drapeau) sort en même temps que moi. Un policer arrive, et m’apprend qu’aucune charge n’est retenue contre moi. Bref, je suis soulagé, mais aussi évidemment révolté. Je signe ma fin de garde à vue et rentre chez moi, dégoûté.

J’ai donc passé 7h en garde à vue pour aucun motif, si ce n’est d’avoir expliqué une règle de droit à un policer qui n’a visiblement pas apprécié. Ils ont d’ailleurs cherché un motif : d’abord l’IPM, puis, la charge pour IPM étant impossible, ils ont changé pour « vol en réunion ». On m’a privé de liberté pendant 7 heures, on m’a humilié, insulté pour aucun motif. Et même s’il y avait eu un motif, rien ne justifie un tel comportement ! Les policiers n’ont pas cessé de me manquer de respect et de me traiter comme de la merde. Ils n’ont jamais respecté le devoir de neutralité qui est le leur. Seul le garde détenu a été correct. L’uniforme donne des pouvoirs dont certains abusent allègrement. Et encore, je vais pas ma plaindre, j’ai la peau claire et je connais un peu le droit. Mais pour certains, ça doit être bien plus difficile. Par exemple, lorsqu’on nous dit de signer le procès verbal, on ne nous dit pas qu’on a la possibilité de ne pas le signer. Mais dans notre République « Nul n’est censé ignoré la loi », je pensais que la Police aussi…