Samedi 7 janvier 2006, une manifestation bilingue de 5000 personnes a parcouru le centre-ville de Chambéry dans tous les sens… La banderole de tête, « Non au TGV Lyon-Turin, logique de profit, logique de mort », était portée par le collectif Rhônalpin contre le Lyon-Turin, et ouvrait un bal d’autres slogans et de drapeaux « No TAV » (« non au TGV » en italien) rouges et blancs.

Près de 80 cars de manifestant-e-s sont venus du Val de Suse (Piémont), une vallée déjà couverte de viaducs et menacée par les nuisances de 15 ans de chantier : l’opposition massive au TGV y bouillonne depuis une dizaine d’années, et a empêché ces derniers mois le début des travaux, à coups d’occupations, de blocages, de grèves sauvages et de cortèges interminables. Les premiers cars, partis tôt le matin, ont fait halte dans les différentes communes de la Maurienne pour y diffuser des tracts où les Valsusain-e-s avaient traduit en français les raisons de leur colère, espérant casser le consensus mou pro-TGV qui règne de ce côté-ci des Alpes et tisser des liens avec les populations françaises qui pâtiront des mêmes nuisances.

La distribution d’information (ainsi que de panettone, ou encore de mousseux) a donc abondamment continué dans les rues de Chambéry, alors que les passant-e-s découvraient l’ampleur et l’enthousiasme de la révolte de leurs voisin-e-s, aux sons des chants alpins ou partisans, des fanfares et des batookadas. Rappelons que le maire de Chambéry, Louis Besson, est co-président de la commission inter-gouvernementale sur le Lyon-Turin, et que c’est dans la capitale savoyarde que siège la société d’exploitation « Lyon-Turin Ferroviaire ».

A 18h, un long débat a démarré dans la salle Pierre Cot. Le collectif Rhônalpin contre le Lyon-Turin commençait par s’y présenter : ouvert à tout-e individu-e mais dissocié de toute organisation politique, il est né en décembre 2005 à l’initiative de celles et ceux qui, à Valence, Grenoble ou Chambéry, avaient commencé à faire de l’information sur le sujet par des débats ou des rassemblements. Il a présenté ensuite les motifs de son opposition au projet, suivi d’intervenants italiens (parmi lesquels Luca Mercalli, présentateur météo sur Rai Tre, avec son nœud papillon) qui ont transmis en français leurs arguments techniques, présentations powerpoint et mots d’humour. De nombreuses prises de parole, françaises ou italiennes, ont évoqué entre autres les principes de décroissance, les coûts écologiques gigantesques du chantier, les surestimations de l’augmentation du trafic France-Italie, les liens entre le projet de TGV et celui de Sillon Alpin, la répression en Italie contre le mouvement No Tav, la tradition du mouvement ouvrier en val de Suse, l’expérience acquise par cette lutte en termes d’auto-organisation, etc… La discussion s’est terminée à 22h avec des perspectives de lutte ensemble des deux côtés de la frontière, et l’espoir, côté français, que cette journée puisse donner de la force aux dissidences face au faux discours écologique du Lyon-Turin.

Luge
(n’hésitez pas à compléter ce récit dans les commentaires !)

Des photos de la manif :
http://italy.indymedia.org/news/2006/01/961996.php

Pour les personnes intéressées, le contact du collectif Rhônalpin contre le Lyon-Turin : nonaulyonturin@no-log.org

Plus d’informations sur la lutte contre le TGV Lyon-Turin sur :
http://rebellyon.info
http://grenoble.indymedia.org