Les joyeuses écolonies de vacances

***

Du 23 juillet au 4 août dernier se sont déroulées les 3èmes « rencontres des amiEs de S!lence », du nom du mensuel écolo/alternatif basé à Lyon*. Deux semaines d’échange de pratiques et de savoirs autour de l’écologie et de l’autogestion. Bref récit d’une joyeuse écolonie de vacances…

***

Il y a trois ans, une poignée de motivéEs lançait les « rencontres des amiEs de S!lence ». L’idée ? Permettre aux sympathisantEs de la revue S!lence de se rencontrer et d’échanger pratiques et savoirs. Le principe ? Créer un camp basé sur les principes d’écologie et d’autogestion. Ecologie : douches solaires, toilettes sèches, nourriture bio (au maximum locale) et végétarienne, économies d’énergie, etc. Autogestion : décisions collectives, partage et rotation des tâches (cuisine, nettoyage, gestion des déchets, etc.).

Cette année, les rencontres étaient accueillies par l’écocentre du Périgord, une magnifique ferme perchée sur une colline, lieu d’expérimentation et de présentation d’éco-constructions (murs en paille, toitures végétales, énergie solaire, etc.).

Comme chaque année, ce sont les participantEs qui proposaient des ateliers : chacunE inscrivait sur un grand tableau des propositions de débats, d’échanges de savoirs et savoir-faire… et chacunE s’inscrivait. Résultat : un cocktail d’ateliers très varié. Quelques extraits :

– découverte de plantes sauvages comestibles et médicinales
– autofabrication : de cuiseurs solaires, de poêles à bois économes, de carrioles pour vélo, de toilettes sèches, de dentifrice, de tofu, de pain…
– construction de maisons en paille, en terre, de toitures végétales…
– initiation à la co-écoute (outil relationnel), au yoga, à la méditation, découverte de la « calino-révolution » …
– pratiques de démocratie directe (techniques de débats, de prises de décision, etc.)
– initiation au « Théâtre de l’opprimé » (théâtre participatif)
– initiation aux logiciels libres

Les débats politiques étaient également nombreux : décroissance et politique, critiques du commerce équitable, nanotechnologies, Françafrique, démocratie directe, écovillages, nucléaire, OGM, désobéissance civile, vélosophie, déscolarisation… De plus, deux « infokiosks » proposaient des brochures de tout type, à prix libre.

Enfin, beaucoup de moments de fête, de rire et de convivialité : musiques, chants, danses, théâtres, contes, jeux coopératifs, massages…

Les participantEs ? Entre 150 et 200 personnes suivant les jours. Et de tout âge ! De 8 semaines à plus de 70 ans, des familles, des célibataires, des groupes d’amiEs, plein d’enfants dont de nombreux déscolarisés, quelques handicapéEs… Un point commun : plutôt des gens issus de classes moyennes, quasiment tous blancs… Mais de nombreuses personnes hautes en couleur : jeune couple qui lâche le boulot pour construire une maison en paille, bricoleurEUSEs de génie, militantEs associatifs ou politiques, conteur engagé, féministes, instinctos**, écovillageoisEs, libertaires, beaucoup de personnes remettant en cause leur rapport au Travail… mais aussi quelques mystiques diffusant de la pensée New Age. Un mélange propice aux discussions, parfois aux disputes, aux rires et aux pleurs, aux embrassades enthousiastes, aux questionnements inquiets…

Dans les moments tristes, je me suis dit que ces rencontres ne servaient à rien, que tout cela était trop « alter-mondain », trop « vacancier », que nous n’étions pas à la hauteur des idéaux que nous proclamions. Je déplorais le manque d’élan politique chez trop de participantEs, les raisonnements politiques souvent simplistes, les genTEs bornéEs, les comportements parfois égoïstes, une autogestion souvent très laborieuse, le grand nombre de voitures…

Dans les moments joyeux, je me suis réjoui de toutes ces rencontres, des réseaux tissés, des pratiques découvertes, de la richesse des personnalités présentes, de l’inventivité et de la créativité qui s’exprimaient. Il y a quelque chose de grisant dans ce mélange de genres, ce choc entre des personnes manifestement au tout début de leur réflexion sur l’écologie ou la politique avec des personnes très impliquées dans le militantisme. Un cocktail parfois détonnant, souvent fatigant (c’est plus confortable d’être avec des gens qui pensent comme soi), mais globalement très convivial et bienveillant.

Pour terminer sur une note plus personnelle, voici ce que je retire de ces rencontres : l’envie de construire un cuiseur solaire et un poêle économe, l’envie de pratiquer et de faire connaître la co-écoute (alternative à la psychiatrie, psychanalyse, etc.), l’envie de trouver des techniques pour que les prises de décision à 150 personnes soient réellement démocratiques, l’envie de construire des projets politiques et affectifs avec plein de personnes rencontrées…

Sam

Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez m’écrire à : avecsam@no-log.org

* Revue Silence, mensuel, diffusé à plus de 10 000 exemplaires. On peut le trouver dans les BIOCOOP ou par abonnement.
** genTEs expérimentant une alimentation basée sur le cru et l’instinct.