Italie : la répression contre les anarchistes continue

Les opérations policières du jeudi 26 mai 2005 : 110 perquisitions, 10 arrestations

Les différentes unités policières (carabiniers, anti-terrorisme, RG, police) sont intervenues lors de deux opérations différentes.
La première part du procureur de Bologne, Enrico Di Nicola, et concerne l’enquête sur la Fédération Anarchiste Informelle (FAIn) (1). Elle a conduit à près de 84 perquisitions dans toute l’Italie (Bologne, Modène, Macerata, Firenze, Pistoia, Teramo, Chieti, Turin, Como) et l’arrestation de sept compagnons (Lucia Rippa, Mattia Bertoni, Elsa Caroli, Teo Tavernese de Bologne, Marco Foresto de Rome, Danilo Cremonese et Valentina Speziale de Pescara). 21 personnes en tout sont mises en examen pour « association subversive à finalité terroriste », notamment de Bologne mais aussi Urbino, Pistoia, Rome, Viterbo et Pescara. Les sept incarcérés sont donc accusés d’association subversive, en l’occurrence la « Cooperativa artigiana Fuoco e affini » qui a revendiqué plusieurs actions explosives depuis 2001 (dont pendant le G8 avant de rejoindre la FAIn. Ils sont aussi tous accusés de « propagande subversive », par la diffusion web et papier du bulletin de la Croce Nera Anarchica (Croix noire anarchiste, équivalent italien des Anarchist Black Cross). Le site internet a donc été fermé par la police. De plus, trois d’entre eux sont accusés plus précisément d’être les auteurs des actions de la « Cooperativa… » (envoi de lettres piégées, fabrication et pose d’engins explosifs contre les flics, les matons, les médias), et deux d’une tentative de baquage le 19 décembre 2001 à la Banca agricola mantovana à Bologne.

La seconde opération part du procureur de Rome, Salvatore Vitello, et concerne trois actions : une explosion contre le tribunal de Viterbo du 19 janvier 2004, une tentative manquée le 23 octobre 2003 contre un service de réinsertion du ministère de la justice à Viterbo et le saccage d’un McDonald’s suite à une manifestation, le 13 février 1999. Elle a conduit à près de 26 perquisitions dans plusieurs régions et à cinq arrestations, Stefano, et Massimo Leonardi de Viterbo, Danilo Cremonese, Claudia Cospito et Valentina Speziale de Pescara (que les flics de Rome ont donc pris quelques heures avant ceux de Bologne). Tous cinq sont accusés d’ « association subversive constituée en bande armée », équivalent en France de l’association de malfaiteurs, tous d’être « co-auteurs » de l’explosion contre le tribunal et quatre contre les services du ministère et le seul Massimo du saccage du McDonalds.

Bien entendu, le ministre de l’Intérieur Pisanu a ressorti son bla-bla contre les anarcho-insurrectionnalistes, précisant à partir de cet exemple que « personne ne devrait plus ignorer ou sous-estimer le potentiel subversif que peuvent cacher les épisodes de violences mineures ou d’illégalité diffuse ». Ca fait pas moins de 190 perquisitions, 22 arrestations (dont 13 en prison, les autres en résidence surveillée) et des dizaines d’inculpations pour « association subversive » qui frappent les anarchistes italiens dans toutes les villes, de la Sardaigne à Bologne en à peine deux semaines. Et sans compter les arrestations de l’an passé, où plusieurs compagnons croupissent toujours en taule, et les procès à venir.

Solidarité active…

Rappellons que les infos ci-dessus, synthèse effectuée de la presse italienne du jour et donc à prendre avec les précautions d’usage, se trouvent directement en italien sur http://anarcotico.net, des traductions de textes italiens sur http://toutmondehors.free.fr et des dépêches en français sur http://apa.online.free.fr

1) Voir http://apa.online.free.fr/rubrique.php3?id_rubrique=488

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Résumé des derniers épisodes :

* 12 mai, Lecce, 16 perquisitions, 5 arrêtés, 13 mis sous enquête
Sur les cinq compagnons de Lecce, l’Etat italien en a incarcéré trois (Saverio Pellegrino, Salvatore Signore et Cristian Paladini) et mis deux en résidence surveillée (Marina et Annalisa). Tous cinq, actifs dans la lutte contre le centre de rétention (Cpt) du coin géré par une institution religieuse, sont accusés de tout un ensemble de faits spécifiques qui se sont déroulés dans cette ville depuis 2003 : nombreux tags, incendie du portail de la cathédrale, cocktail contre la maison du gestionnaire du Cpt, incendies de distributeurs de billets de la BancaIntesa qui gère les comptes de cette institution, peinture contre un Benetton, sabotage de pompes Esso (fourniteur des troupes en Irak), révoltes dans le Cpt. De plus, ils sont incuplés d’association subversive avec huit autres personnes laissées en liberté provisoire. Ces arrestations s’accompagnent de 16 perquisitions d’habitations et de locaux dans toute l’Italie (Lecce, Aoste, Turin, Trente, Trieste, Chieti, Cagliari, Taranto, Catania).

* 19 mai, Sardaigne, 56 perquisitions, 7 arrêtés, 26 mis sous enquête
Les 56 perquisitions se sont déroulées principalement en Sardaigne, mais aussi à Viterbo, Rome, Gênes et Foggia. 3 personnes sont mises sous enquête pour « propagande et apologie subversive » (art. 272), 16 pour des complicités de délits et 7 (Carlo, Luca, Vinico, Roberto, Caterina, Licia et Paolo ) sont immédiatement arrêtées et mises en résidence surveillée pour « association subversive » (art. 270bis). Ces dernières sont accusées d’être « militants ou adhérents » du centre de documentation anarchiste de Cagliari, Fraria. Pour les faits spécifiques, de l’ « association subversive », l’enquête part notamment d’un colis piégé reçu par la caserne de carabiniers de Stampace le 2 octobre 2003 et de l’incendie du siège électoral de Forza Italia (parti de la coalition gouvernementale, auquel appartient Berlusconi) le 12 juin 2004 à Quartu Sant’Elena pendant les élections européennes et régionales.

* 24 mai, Turin, 10 perquisitions
Neuf domiciles de compagnons actifs dans la solidarité avec les immigrés en lutte (le centre de rétention de cette ville était encore en révolte il y a peu) sont perquisitionnés, plus le centtre de documentation « Porfido ».