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Paris, le 5 avril 2005 :
Liberté d’expression menacée :
a-t-on encore le droit de dénoncer la misère et l’exploitation capitaliste ?

Depuis deux mois, la CNT est victime de violences policières et d’actions en justice. Elle porte à la connaissance de tous les faits inquiétants suivants :

Le samedi 12 février, vers 23h, sans aucune raison, la police a chargé un concert de soutien à l’Union Régionale CNT qui se déroulait dans ses locaux parisiens, siège de la CNT. Les forces de l’ordre ont essayé d’y pénétrer avec une extrême violence. Plus de deux cents agents, dont une trentaine en tenue anti-émeute, ont dans ce but matraqué et gazé à grand renfort de bombes lacrymogènes les militants syndicalistes présents, ainsi que les simples spectateurs venus assister à cette soirée musicale. Plusieurs blessés légers et une interpellation étaient à déplorer.
Aucune plainte à l’origine de ces violences policières, aucune action illégale non plus. Un concert de soutien à la CNT peut-il justifier à lui seul un tel déploiement policier ?

Le jeudi 24 mars à 7h du matin, trois militants de la CNT Béthune, un de la CNT Lille et un du Comité de Solidarité Basque de Lille faisaient l’objet d’une perquisition à leur domicile par 4 à 7 policiers suivant les cas. Ils furent mis en garde à vue juqu’en début d’après-midi. Nos camarades eurent à subir photométrie, prise d’empreintes génétiques, prélèvements d’ADN, confiscation de disquettes, fouille des véhicules et même cachot pour l’un des militants CNT . A ce jour, l’enquête diligentée par le parquet de Lille suit son cours. Elle fait suite à une plainte de l’Ordre des Médecins dont les locaux à Lille avaient été recouverts d’inscriptions revendiquant la libération des prisonniers malades lors d’un rassemblement pacifique et autorisé à Lille.
La police n’a pas lésiné sur ses moyens d’intimidation, de fichages et de renseignements. L’intrusion violente et l’atteinte à la vie privée des personnes militantes à la CNT est sans commune mesure avec les faits reprochés.

Le mardi 29 mars, le responsable national des publications sur le site internet de la CNT était convoqué pour audition par la police judiciaire de Paris. Le Parquet a ouvert une enquête pour délits de presse suite à une plainte de l’entreprise Bouygues. Ce serait plusieurs sites internet qui seraient mis en cause, dont celui de la CNT, pour avoir mis en ligne un tract informant et appelant à une campagne d’actions. Nature de la plainte déposée : « Provocation à commettre des vols, extorsions et destructions, dégradations et détériorations volontaires dangereuses pour les personnes ». Peine maximale encourue: 10 ans d’emprisonnement assortis d’une amende de plusieurs milliers d’euros…
Serait-ce la publication d’un tract dénonçant la complicité de Bouygues, constructeur n°1 des prisons en France, avec la politique répressive de l’Etat français, qui serait en cause ?

Au vu de ces violences à l’encontre de ses militants et de ces attaques en justice, la CNT pose la question de la liberté d’expression aujourd’hui en France. Des lois liberticides ont été votées ces dernières annnées (Lois de Sécurité Quotidienne en 2001, Lois de Sécurité Intérieure en 2003, Loi Perben 1, Loi Perben 2). Elles ont toutes accru les pouvoirs de la police au détriment de la personne et de l’organisation de sa défense.

La CNT pose la question : a-t-on encore le droit de dénoncer la misère et l’exploitation capitaliste, les régressions sociales, les lois liberticides, la prison, les inégalités sociales, les abus de pouvoir de l’ Etat et du patronat, les répressions policières ?