La venue de Donald Trump à Paris est une offense à toutes les victimes de sa politique, tant sur le sol des États-Unis qu’à travers le monde. Nous considérons cet événement comme une provocation de la part de Macron, qui reçoit un dirigeant raciste et va-t-en-guerre pour commémorer la fin d’une boucherie impérialiste.

Car pour nous, militants autonomes et révolutionnaires, la « Grande Guerre de 14-18 » a été avant tout un moment d’industrialisation de la guerre — et de la mort — mis en œuvre pour les besoins de la concurrence économique inter-impérialiste. Elle a révélé la trahison de la gauche institutionnelle, ralliée à l’« union sacrée » exigée par le grand patronat, et alimenté le repli nationaliste et la militarisation des populations qui déboucha sur le fascisme au cours des décennies qui suivirent. Mais face à cette usine de mort qui menait à l’abattoir des millions de personnes issues des différents pays en guerre et de leurs empires coloniaux, l’année 1917 marqua un sursaut de dignité des peuples. C’est cette révolte populaire internationale que nous devons célébrer, cette « guerre à la guerre », qui alla des révoltes des Kanaks contre la conscription jusqu’aux mutineries des marins allemands ou des soldats français, et qui déboucha dans l’Empire russe sur la Révolution d’Octobre menée par les ouvriers grévistes et les soldats déserteurs contre le pouvoir tsariste.

Cent ans plus tard, des parallèles peuvent être faits. La gauche institutionnelle et les pseudo-progressistes sont toujours prêts à se ranger du coté de l’union sacrée, aujourd’hui contre le « monde musulman », et à soutenir les guerres menées par les États au service des monopoles impérialistes. L’OTAN permet un alignement constant de la politique française et européenne sur la politique étrangère de Trump. La France de son coté est présente militairement au Moyen-Orient ainsi qu’en Afrique, où elle entretient son « pré carré ». De par leurs complexes militaro-industriels, les États-Unis et la France alimentent en armes des régimes autoritaires alliés, de l’Égypte au Brésil en passant par l’Arabie Saoudite, cette dernière prenant une part active dans la guerre au Yémen.

La venue de Trump nous rappelle sa vision raciste et condescendante de la politique internationale, symbolisée notamment par ses insultes envers Haïti (« pays de merde »), ou encore ses positions sur les dossiers nucléaires iranien et nord-coréen. Le soutien ouvert de Trump au colonialisme et à l’apartheid de l’État d’Israël, au travers de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale ou de la question des réfugiés palestiniens par exemple, ne manquera pas d’être réaffirmé auprès de son homologue fasciste israélien. Le tout avec la complicité de la France, soutien traditionnel de l’État sioniste et acteur zélé de la criminalisation de la résistance palestinienne et de ses soutiens, à l’image du sort qu’elle réserve à notre camarade Georges Ibrahim Abdallah, maintenu en détention depuis trente-quatre ans dans les prisons françaises, sous la pression des États-Unis et d’Israël.

Par ailleurs, sur le plan intérieur, après deux années de présidence, Donald Trump a montré le visage qu’il avait mis en avant pendant sa campagne. Celui d’un président milliardaire de l’immobilier, star de télé-réalité, réactionnaire, xénophobe, misogyne et ultra-libéral. A des kilomètres de sa posture « anti-système », les États-Unis de Donald Trump constituent un laboratoire d’un nouveau modèle de gouvernance capitaliste, raciste et autoritaire. Ce modèle favorise les classes dominantes et séduit les classes populaires a travers le monde, et ne cesse de s’exporter au travers notamment des réseaux internationaux mis en place par son ancien lieutenant Steve Bannon. Sa politique économique a rassuré la bourse, qui se porte à merveille. La diminution du chômage, conséquence du précédent mandat, est un leurre qui masque sa politique de baisse d’impôts pour les plus riches et de casse sociale, avec entre autres l’abandon de l’assurance maladie. Le racisme structurel issu de l’histoire coloniale et esclavagiste des États-Unis est assumé sur un mode décomplexé par un président incarnant l’idée d’une « revanche de l’homme blanc » contre les luttes pour les droits des communautés. Le racisme envers les Noirs (cristallisé notamment par les violences policières systémiques), les Latinos (symbolisé par la chasse aux migrants et la militarisation de la frontière avec le Mexique) ou les musulmans (interdiction d’entrée pour les résidents de plusieurs pays majoritairement musulmans, etc.), tout comme les atteintes aux droits des femmes (droit à l’avortement par exemple) ou en faveur du lobby des armes à feu sont autant de symptômes de cette politique. Ses discours sceptiques sur le réchauffement climatique et ses mesures en faveur de l’industrie polluante et destructrice de l’environnement sont également révélatrices de sa vision du monde. 
En deux ans, ce contexte d’ivresse raciste et réactionnaire alimenté par les institutions a favorisé le développement de toute une série de groupes violents (suprémacistes blancs, « Alt-Right », nationalistes, miliciens néo-nazis et néo-fascistes en tout genre), dont les membres n’hésitent plus à passer l’action. On ne compte plus les exemples de ce terrorisme qui ne dit pas son nom, favorisé et couvert par la complaisance de Trump, depuis l’assassinat d’Heather Heyer à Charlottesville en août 2017 jusqu’à l’attaque terroriste antisémite ayant fait onze morts le 27 octobre dernier à Pittsburgh.

Mais aujourd’hui comme hier, la fascisme et l’impérialisme font face à des formes de résistance populaire, de la frontière de Gaza jusqu’aux ghettos américains, en passant par les villages kanaks et les favelas brésiliennes. En tant que militants antifascistes et anti-impérialistes de la métropole parisienne, nous considérons que nos mobilisations, ici, dans la capitale de l’impérialisme français, doivent répondre à ces résistances internationales et s’en faire l’écho. Nous appelons donc à la mobilisation contre cette mascarade de célébration de la fin d’une boucherie aux cotés des bouchers d’aujourd’hui, en mémoire des millions de morts, de blessés et de disparus.

Nous appelons toutes les personnes concernées à se mobiliser au cours de la journée du dimanche 11 novembre, par tous les moyens nécessaires, ainsi qu’à prendre la tête de la manifestation contre Donald Trump, au départ de la place de la République à 14 heures.