Le lundi 13 mars 2017, au petit matin, les forces de répression grecques ont envahi les squats « Scholeio » (École) et Villa Zografou, deux lieux emblématiques de la solidarité avec les migrant·e·s et du mouvement libertaire à Athènes. Le premier hébergeait, en effet, 127 personnes réfugiées et migrantes, dont une cinquantaine d’enfants. Tou·te·s ces gens ont ensuite été envoyé·e·s dans des taules pour migrant·e·s dont l’installation a été décidée pour la plupart par les autorités européennes. Le deuxième lieu était occupé par un collectif anarchiste depuis fin 2011, qui y proposait de nombreuses activités politiques et culturelles en dehors des rapports marchands et autoritaires. 7 camarades ont été arrêté·e·s à cette occasion.

Ces attaques s’inscrivent dans la désormais traditionnelle lignée de répression contre les lieux de vie et d’organisation ouverts par le mouvement anarchiste grec. Fin décembre 2012, début janvier 2013, l’État grec, déjà fort de l’expulsion du squat Delta à Thessalonique en septembre 2012, avait établi un plan d’expulsions qui concernait une quarantaine de lieux autogérés, organisant en parallèle une grande campagne de diffamation contre ces foyers de résistance. Les squats historiques de Villa Amalias (ouvert en 1990) et Lelas Karagianni 37 (plus vieux squat de Grèce, ouvert à la fin des années 80, réoccupé depuis), ainsi que le squat Patision 61 & Skaramaga, qui avait été ouvert suite au mois insurrectionnel de décembre 2008, et la radio anarchiste 98FM, en avaient alors fait les frais et c’était la mobilisation historique du mouvement anarchiste qui avait fait reculer l’État par rapport à ces plans initiaux. À l’été 2016, à l’issue du camp NoBorder qui s’était tenu à Thessalonique et avait permis l’ouverture de lieux d’accueil auto-organisés pour les migrant·e·s, le gouvernement de l’autoproclamée « gauche radicale » SYRIZA avait aussi fait expulser trois squats (Orfanotrofeio – « orphelinat » – , grand bâtiment de l’Église orthodoxe laissé à l’abandon, squatté et re-squatté à plusieurs reprises par le mouvement anarchiste ; celui de l’avenue Leoforou Nikis ; et le squat Hurriya – « liberté » en arabe). Enfin, le squat « Anoixto Trito » (Troisième Ouvert), sur l’île de Syros, était mis à sac sauvagement le mois dernier par la police et des agents de la municipalité.

L’ancienne coqueluche de la gauche de la gauche participe activement à la politique européenne d’enfermement massif et de déportation des migrant·e·s. Il y a deux ans, ce même gouvernement de gauche avait failli laisser crever une dizaine de prisonnier·e·s révolutionnaires qui ont fait 48 jours de grève de la faim pour l’abolition des lois sécuritaires et la libération des prisonnier·e·s lourdement handicapé·e·s. Encore récemment, au début de l’année, l’État grec enfermait un enfant de 5 ans sous prétexte qu’il était avec sa mère, militante de Lutte Révolutionnaire, au moment de son arrestation et provoquait la légitime grève de la faim et de la soif de ses deux parents emprisonné·e·s, Pola Roupa et Nikos Maziotis.

Alors qu’un autre squat anarchiste, Strouga, a subi ces derniers jours plusieurs attaques de la part de la mafia pour son implication dans les luttes de quartier, le mouvement anarchiste continue de mener la résistance, sans compromission avec le pouvoir politique national ou européen ou avec les pouvoirs économiques, entreprises ou mafias. Il offre un appui politique et matériel indispensable aux milliers de migrant·e·s coincé·e·s dans le pays. Il anime et accueille de nombreuses activités culturelles, artistiques, sportives, sanitaires et, bien sûr, politiques en dehors des rapports marchands et autoritaires, permettant à de larges franges de la population grecque de mener tant bien que mal une vie digne et épanouissante. Il organise la résistance et l’autodéfense populaire dans la rue et dans les quartiers. La semaine dernière, des manifestations à pied et des manifestations motorisées ainsi que des occupations de bâtiments du pouvoir et des partis politiques ont répondu à ces attaques dans tous le pays.

La Coordination des Groupes Anarchistes exprime toute sa solidarité avec les personnes expulsées et arrêtées, appelle à renforcer les initiatives prises par nos camarades en Grèce et à exprimer, par tous les moyens qui paraîtront pertinents, une solidarité déterminée avec les centres sociaux libres et auto-organisés de Grèce et d’ailleurs.

Les Relations Internationales de la Coordination des Groupes Anarchistes,

le 20/03/2017.