Le 28 juin 2004, une vingtaine de militants, syndiqués ou non, des facs de Paris I, Nanterre, et Nantes, se sont réunis et ont décidé de lancer un appel national contre la répression pour préparer la riposte et pour faire cesser les poursuites contre tous les militants poursuivis (au pénal et devant les sections disciplinaires des universités).

Voici ci-dessous le texte de l’appel et les premiers signataires.

Répression dans les facs : préparons la riposte !

Appel national. Premiers signataires : AGEN (Nanterre), Enragés-Nanterre, Oxygène-FSE (Paris I)

Les présidents d’université, relais serviles du gouvernement, traitent de plus en plus les étudiants en lutte comme des terroristes en puissance.

La répression est la réponse de l’Etat à la montée en puissance des luttes. L’objectif est clair : traumatisé par la grève de novembre-décembre 2003 qui a bloqué une dizaine d’universités, le but est d’empêcher toute nouvelle grève étudiante ; pour cela, il leur faut frapper fort quelques contestataires pour tenter de dissuader tous les autres. Il n’y a aucun doute : la répression s’accentue et concerne plusieurs facs simultanément : à Tolbiac-Paris I, Nanterre-Paris X, Nantes, des militants (syndiqués ou non) sont poursuivis par les présidents d’université devant les sections disciplinaires, qui fonctionnent comme des tribunaux d’exception où l’arbitraire règne en maître. Il s’agit de couvrir la répression contre les militants de l’autorité du « droit ».

Toute activité syndicale combattant la politique gouvernementale de casse de l’université publique (destruction des diplômes nationaux, mise en concurrence des universités, refus d’inscription) est aujourd’hui menacée de criminalisation. A Tolbiac-Paris I, des syndicalistes sont poursuivis au pénal pour « atteinte à l’autorité de l’Etat » parce qu’ils ont participé à des piquets de grève votées par des Assemblées générales regroupant des centaines d’étudiants. A Nanterre, des militants sont poursuivis pour avoir occupé des locaux afin d’obtenir l’inscription de « sans-fac » ou pour obtenir l’arrêt de la politique sécuritaire (mise en place de caméras de surveillance, construction de murs pour empêcher le regroupement rapide des étudiants, armement des vigiles) du président de Nanterre. A Nantes, des militants sont poursuivis pour avoir pris à partie (sans violence physique) un membre de la direction de leur fac. Tous ces militants risquent l’exclusion définitive de tout établissement d’enseignement supérieur pour avoir osé revendiquer.

Localement, la résistance s’organise sans pour l’instant de réelle coordination. Face à cette logique répressive qui s’abat sur les étudiants – mais qui touche également les salariés en lutte, par exemple lorsqu’ils occupent leurs entreprises – et qui remet en cause les libertés démocratiques de base arrachées conquises par le mouvement ouvrier (droit d’expression, droit de grève, liberté syndicale), cela ne suffit pas. Il faut mener un combat national, unitaire, pour obtenir l’arrêt immédiat, inconditionnel et définitif de toutes les poursuites disciplinaires et pénales engagées contre des étudiants pour leurs activités militantes.

Si nous n’obtenons pas satisfaction sur ce point, il n’y aura plus de contestation possible. Le gouvernement pourra finir tranquillement d’adapter l’université aux exigences du patronat : après la destruction du cadre national des diplômes (réforme ECTS-LMD), la prochaine étape sera la remise en cause de l’accès à l’enseignement supérieur pour les enfants des classes populaires et pour les étudiants étrangers « non solvables ». Le mépris social et xénophobe s’affiche de plus en plus souvent sans complexe : « ces étudiants ne viennent que pour gratter des bourses », « ces étudiants ne sont pas fait pour des études intellectuelles », etc. Il prépare les prochaines offensives contre les droits étudiants.

C’est pour cela qu’il faut réagir dès la rentrée de façon coordonnée sur toutes les universités. A Tolbiac-Paris I, une première réunion a réuni lundi 28 juin une vingtaine de militants (Paris I, Paris X, Nantes) qui ont décidé de lancer cette initiative. Nous appelons toutes les organisations étudiantes et des personnels, sur toutes les universités de France, à signer et à diffuser cet appel, et à organiser dès la rentrée des Assemblées générales contre la répression.

C’est uniquement par la mobilisation, unitaire et nationale, que nous parviendrons à obtenir le retrait de toutes les poursuites contre tous les militants poursuivis, première victoire qui nous permettra d’en obtenir d’autres.

Sylvain Billot (OXYGENE-FSE, Paris I