Il y a des gens que j’ai quitté sans meme les avoirs connus. Ou plutot on s’est appréhendés, juste assez pour pressentir la Limite. Ce point de convergence de deux esprits qui se rencontrent. Au dela il y a la promesse d’une compréhension totale et implicite, d’un bonheur forcement partagé, d’une sorte de fusion de la pensée d’ou seul un truc fantastique peut surgir. En deça il y a la pauvreté du dialogue quotidien, qui n’en est pas un puisqu’on le connait deja par coeur (« ca va ? …. oui. Ah, et quoi de neuf?.. rien »), le réchauffé, la communication frustré. C’est cet en-deca qui souvent fait peser sur moi un voile de mélancolie contagieuse. Je ne fait pas l’éloge de la superiorité ou meme du philosophage, je dis juste que la communication débridée (c’est à dire sans retenue, en cofiance, dans le respect de l’esprit d’autrui) est indispensable au développement de l’Homme. Et bien trop souvent nous, je devrais dire je mais une interaction implique forcement deux personnes, désirons dans l’idéal dépasser cette limite sans avoir le courage ou la volonté de la violer. C’est une question de risques, de mise en danger de soi-meme (cf.Goffman) que nous ne sommes pas prets à mettre en oeuvre. Mais pourquoi donc ?! On peut évoquer le poids de la société ( « je positive », je ne me remet pas en cause car c’est improductif, et philosopher ne sert à rien, Importance de la pub comme modificateur des interactions) mais c’est un peu facile et ne rend compte de pas grand chose si ce n’est que les gens sont de plus en plus frustrés de communication honnete et interessante et de plus en plus détruits par la futilité du quotidien (quotidianité des besoins qui agit comme un cercle, un flux infini dans lequel la personne est enfermée, qui l’acompagne dans sa non-vie) et de la pauvreté d’esprit érigée en valeur. Invoquer la société ne repond pas au pourquoi met permet au contraire de mettre en évidence la question, la difficulté qu’on éprouve à franchir la limite. Alors, pourquoi ? Faut-il chercher dans la psychologie des gens (en prenant un sujet universel et non pas des tas de sujets « psychologisés » )? Mouais mais je suis pas psy et je pense que c’est moins compliqué que ca….

Peut-etre peut on recourir à l’amour pour expliquer cela. Dans mon cas je suis pret à faire l’hypothese qu’il est possible d’aimer plusieurs personnes à la fois ( essayez une fois dans votre vie de considérer des sentiments amoureux comme complementaires et pas comme substituable : j’ai 3-4 êtres aimés et pas n°1, puis 2, puis 3, puis 4). Bon ben vous vous rendez compte que ces gens la sont ceux avec qui vous avez le plus envie de faire sauter la barrière, je pense que c’est quasi-instinctif ou en tout cas cela découle directement du sentiment amoureux. L’homme est un etre d’amour et il faut arreter de croire qu’on aime qu’une personne en meme temps ( ou pire : pour toute sa vie ). L’amour c’est la ou cette limite est la plus évidente, ou la douleur est la plus grande quand le courage nous manque de parler vrai et de se livrer, ou le bonheur et le plus fort lorsque les esprits se fondent l’un dans l’autre, sans jugements. Mais je crois qu’il faut etre bien bete pour refuser de s’y risquer. d’une par parce que l’autre est plus ou moins dans le meme état d’esprit que toi quand t’essaye d’engager un dialogue qui sort de l’ordinaire, qu’il a la meme attente et les memes frustrations. d’autre part car tu n’a vraiment rien à y perdre vu que tu es perdant si justement tu ne fais rien et déploie tes efforts à rester dans le banal par peur du risque, par peur de ta personne, par peur de faire des vagues dans l’océan d’autrui.

Alors la tempete qu’il y a sous nos cerveaux, ne la gardons pas pour nous (car elle nous détruira) communiquons nos idées, nos utopies les plus folles, sans honte ni retenue. L’espoir est la seule règle qui présidera à cette revolution communicatrice, car pas question de se refiler le bourdon, mais plutot de réactiver la petite lueur dans les yeux des gens que t’aime, d’imaginer à plusieurs un monde idéal qui peut etre atteint si tout le monde y participe, y met sa touche de folie. De la grand-mère, au jeune prolo l’important et de prendre conscience du conditionnement (publicitaire, economique , mediatique, social) dont nous sommes tous l’objet ( à des degrés differents) pour en sortir dans l’élaboration festive (on peut faire la fete à deux !) d’un monde nouveau. Mais je m’arrete la car je suis deja en train de vous communiquer ma vision intime des choses, alors que je ne vous aime pas et que je ne vous connais meme pas , et que la société et la téle ma dit depuis tout petit qu’il ne faut jamais parler avec des étrangers …… ( au cas ou on se rendrait compte que c’est la base pour changer le monde). J’espere seulement vous avoir donné envie de parler, et surtout pas pas pour ne rien dire.

Alors reflechissez, puis agissez ! Tous à vos imaginations, tous à vos marqueurs !